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La santé digitalisée semble prendre forme


La ministre a présenté hier le Health Information System Luxembourg et la Centrale nationale d’achat et de logistique, après le clash avec l’AMMD.  (photo Fabrizio Pizzolante)

Une stratégie pour une gouvernance nationale de la digitalisation du système de santé et d’un système informatique national unique aux secteurs hospitalier et extrahospitalier est sur les rails.

La digitalisation dans le secteur de la santé, c’est l’histoire sans fin. En octobre dernier, l’Association des médecins et médecins-dentistes (AMMD) avait claqué la porte de l’Agence e-Santé à la suite d’un désaccord sur le système digital développé par la société Digital Health Network, qui comprend notamment l’application «GesondheetsApp».

En plus de voir sa solution boudée par les médecins libéraux, qui étaient peu nombreux à y adhérer, l’AMMD a connu un revers de taille. La ministre de la Santé, Paulette Lenert, qui avait soutenu le projet de l’AMMD, s’est ravisée sur les conseils de l’Agence e-Santé, qui jugeait le système peu fiable. Le désaccord portait sur la sécurité et la propriété des données des patients.

Après quelques mois de fâcherie, l’AMMD est revenue à la table des discussions avec la ministre Paulette Lenert, le ministre de la Sécurité sociale, Claude Haagen, la CNS et l’Agence e-Santé. Mais les désaccord persistent. L’AMMD reproche aux décideurs de se noyer dans une «confusion entre concept de digitalisation et numérisation intéressée d’un flux administratif», comme l’estimait l’association en avril dernier. L’AMMD accusait le gouvernement d’avoir «ignoré», puis «saboté» la solution alternative qu’elle proposait, après l’avoir soutenue.

Aujourd’hui, Paulette Lenert présente sa stratégie de digitalisation du système de santé après des années de tergiversations. Le Health Information System Luxembourg (HISL) promet une gouvernance nationale de la digitalisation du système de santé et d’un système informatique national unique aux secteurs hospitalier et extrahospitalier. Une autre solution maison proposée cette fois par un groupe de travail interministériel composé de membres du ministère de la Santé, du ministère de la Sécurité sociale, du ministère de la Digitalisation, de la direction de la Santé et de la CNS, avec la participation du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche et du ministère de l’Économie.

Parcours de patient intégrés

La plateforme à mettre en place, qui vise aussi les cabinets de ville et les soins longue durée, permettra aux professionnels de santé de disposer des données nécessaires pour fournir des soins de haute qualité, comme l’explique le ministère de la Santé. Les tâches administratives et répétitives des professionnels seront réduites grâce à des outils technologiques de pointe. «De vrais parcours de patient intégrés seront ainsi réalisables, un système de prise en charge holistique par une équipe pluridisciplinaire nécessaire surtout pour les patients atteints d’une maladie grave ou chronique», précise aussi le ministère.

Pour les autorités sanitaires, une digitalisation transversale du système amènera de grands avantages au niveau de la qualité des données qui sont nécessaires pour superviser, piloter et planifier le système de santé. La plateforme future du Luxembourg National Data Service (LNDS) sera un élément clé pour assurer «un traitement sécurisé et respectueux de la protection des données pour ces domaines», assure le ministère de la Santé.

Concernant la gouvernance nécessaire à une mise en place réussie de cette stratégie, le gouvernement a approuvé la création d’une cellule spécialisée auprès du ministère de la Santé, tandis que la gouvernance de l’Agence eSanté sera aussi revue en vue de ces nouvelles missions.

Une centrale nationale d’achat

La ministre de la Santé en a profité pour présenter un deuxième projet, relatif à la conceptualisation d’une centrale nationale d’achat et de logistique (CNAL), réalisé avec le soutien des établissements hospitaliers, des prestataires offrant des services d’aide et de soins aux personnes âgées, malades ainsi que des représentants du CGDIS et du Haut-Commissariat à la protection nationale (HCPN).

En effet, l’OCDE, dans son analyse de la réponse des pouvoirs publics luxembourgeois face au Covid-19, met en avant la nécessité d’une centrale en préconisant la mise en place d’une centrale d’achat et de logistique pour des produits critiques, un concept qui inclut une approche de robotisation du volet logistique et un modèle de distribution jusqu’au lieu de stockage requis.

Le périmètre initial comportera notamment les volets des médicaments, dispositifs médicaux stériles et non stériles, les consommables de laboratoire et les consommables non pharmaceutiques. Ce périmètre sera progressivement élargi en fonction des besoins et opportunités.

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