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La météo n’a pas coupé le sifflet à l’Emaischen


Des gouttes de pluie ont parsemé les robes des Péckvillercher ce lundi.

Les giboulées ont terni l’Emaischen. Les ramages et les plumages colorés des Péckvillercher ont apporté de la gaité entre deux courtes éclaircies dans les ruelles de Luxembourg-Ville.

Les oiseaux gazouillaient hier matin. Ceux en plumes et ceux en terre cuite. Les uns dans les arbres et les haies. Les autres sur les étals installés dans les rues de Luxembourg-Ville et de Nospelt en ce Lundi de Pâques, synonyme d’Emaischen.

Lors de cette fête traditionnelle, des petits oiseaux siffleurs en argile font la joie des collectionneurs comme Nadine. «J’ai acheté mon premier en 1995. Comme ça, pour en avoir un parce que je n’en avais jamais eu. Deux ans plus tard, j’en ai acheté un autre et je n’ai plus arrêté depuis», raconte celle qui n’a «pas l’âme d’une collectionneuse».

«Je fonctionne au coup de cœur. Je fais le tour des marchands et je choisis ensuite.» Ils arrivent tôt pour dégotter des exemplaires inédits imaginés par les potiers luxembourgeois. Rien ne les arrête. Pas même le mauvais temps.

Des stands et des espaces vides, des allées moins fréquentées… la pluie a joué les trouble-fêtes pour cette 195e édition. «C’est sûr que si on compare aux années précédentes où il avait fait très bon, il y a beaucoup moins de visiteurs», reconnait une vendeuse, une Aulebäckerin en luxembourgeois.

Pas défaitiste pour autant, elle attend impatiemment les éclaircies annoncées dans l’après-midi. «Les collectionneurs sont déjà passés. Maintenant, nous attendons les acheteurs occasionnels et les touristes.» Les Péckvillercher invendus seront remisés jusqu’à l’année prochaine.

Les Péckvillercher ont toutes les formes et toutes les couleurs possibles pour charmer les collectionneurs.

 

Marco a bravé la météo capricieuse pour acheter un Péckvillchen pour sa maman nonagénaire. «Ça lui fait plaisir! Chaque année, je viens en voisin pour lui faire ce cadeau. Elle le met dans une vitrine dans son salon et en change régulièrement. Aujourd’hui, elle n’a pas voulu m’accompagner à cause du temps», explique-t-il, à l’abri sous son parapluie.

Une grosse averse s’abat sur la vielle ville tandis qu’un orchestre chante Azzuro. Un curieux hasard qui fait sourire Marceline, réfugiée sous un haut-vent. «L’Emaischen est une fête importante pour les Luxembourgeois nés dans la vieille ville. J’y ai plein de souvenirs en famille. Maintenant, ce n’est plus pareil. Les gens défilent, ne se connaissent pas et échangent à peine entre eux», regrette-t-elle.

Et que ça siffle!

Plus bas, dans la file menant à un vendeur de grillades, Jeanne et son époux Philippe tentent avec humour de décrypter les noms des différentes sortes de saucisses proposées. Mettwurst, Grillwurst, Bradwurst…

«Nous sommes originaires de Vendée et nous visitons le Luxembourg, la Belgique et les Pays-Bas. Nous sommes tombés par hasard sur ce marché en découvrant la ville. C’est assez amusant. Nous avons acheté un oiseau en souvenir, mais ne nous demandez pas de prononcer son nom. C’est comme vos saucisses!», confie la touriste.

Elle a choisi un modèle typique recouvert d’une faïence blanche mouchetée de bleu. Seul le bec est jaune.

Les Péckvillercher existent dans toutes les tailles, toutes les formes et toutes les couleurs. Certains sont même en verre. Ils représentent des oiseaux existants ou sortis de l’imaginaire de leurs concepteurs, des coqs ou des passereaux, des toucans ou des martins-pêcheurs. La tradition veut qu’ils soient issus des restes d’argile utilisés jadis par les potiers économes.

Dans cette famille, on joue de concert.

 

Le Lundi de Pâques, la confrérie des potiers organisait une messe en l’église Saint-Michel et un marché sur son parvis. Il a été déplacé vers le Marché-aux-Poissons en 1827. C’est cette année-là que serait apparu le nom Emaischen pour la première fois.

Le marché s’est agrandi et accueille également de l’artisanat autre que celui des potiers. Autour du Marché-aux-Herbes, on trouve des bijoux, des accessoires en cuir, en bois, en vannerie ou en laine crochetée ou tricotée, des sculptures et autres objets de décoration, entre autres.

Et au milieu de tout cela, des représentants de partis politiques distribuant des gadgets ou des œufs durs peints à leurs couleurs. Celui de Nospelt, localité connue pour ses potiers, date de 1957.

Les ruelles qui entourent le palais grand-ducal raisonnent de chants d’oiseaux au gré de brèves éclaircies. Les enfants adorent particulièrement ces petits appeaux.

Léo, 3 ans, s’en donne à cœur joie. Il souffle, souffle et souffle encore dans son petit piaf rouge. Puis, il sourit, heureux. La société luxembourgeoise change, mais les Péckvillercher n’ont pas perdu de leur charme désuet. La tradition n’est pas encore à bout de souffle.

Malgré la pluie, de nombreux visiteurs ont arpenté les ruelles de la vieille ville à l’occasion de l’Emaischen.

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