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La loi agraire jugée pas assez écolo


Un exemple à suivre pour la plateforme signataire : un centre agroécologique au cœur du Luxembourg pour une agriculture résiliente et régénérative.  (photo archives LQ/Didier Sylvestre)

Plus de la moitié des dépenses sont prévues pour réaliser des objectifs environnementaux, selon la nouvelle loi agraire votée jeudi. Pas suffisant selon six associations écolos.

À peine votée, la nouvelle loi agraire fait l’objet de critiques de la part de six organisations œuvrant pour la sauvegarde du climat et de l’environnement. La loi concernant le soutien au développement durable des zones rurales vise pourtant à «contribuer à l’atténuation du changement climatique et à l’adaptation à celui-ci» et à «favoriser le développement durable et la gestion efficace des ressources naturelles telles que l’eau, les sols et l’air, notamment en diminuant la dépendance à l’égard des produits chimiques». L’agriculteur actif, en premier lieu, est appelé à réaliser ces objectifs grâce aux aides financières qu’il perçoit à cet effet.

Les problèmes étaient connus, listés dans le plan stratégique national pour la mise en œuvre de la PAC 2023-2027 : recul de la biodiversité, mauvaise qualité des eaux de surface et pollution des réserves d’eau souterraine, émissions d’ammoniac plus élevées que dans les autres pays de l’UE, élevage laitier intensif, etc. «Même si beaucoup de choses sont envisagées dans les nouveaux programmes, ils ne mentionnent pas certaines évolutions cruciales comme la valorisation des élevages au sol, une meilleure diversification des assolements ou la diminution drastique de l’utilisation des pesticides et engrais toxiques», indique la plateforme écolo.

Elle pointe du doigt la réaction tardive des autorités dans l’organisation de consultations publiques sur ce plan stratégique qui auraient permis un réel débat citoyen «pour une agriculture réellement tournée vers l’avenir et la nature».

Les organisations agricoles avaient protesté contre la limitation du cheptel bovin lors du développement futur des exploitations, notamment lors de la reprise d’exploitations par de jeunes entrepreneurs, avant qu’un compromis ne soit finalement trouvé. La plateforme signataire du communiqué, de son côté, espère que les programmes conduisant à une réduction du cheptel «seront particulièrement bien accueillis et que les exploitations pourront parallèlement développer des branches de production alternatives».

En règle générale, les agriculteurs ne boudent pas les programmes environnementaux car ils sont source de revenus supplémentaires. Il faut, cependant, que les primes soient assez «conséquentes», soulignent les associations environnementales. Les ONG espèrent également que le développement de l’agriculture biologique sera poursuivi et les charges administratives réduites «afin que le plus grand nombre possible d’agriculteurs et agricultrices y participent».

Priorité pour le gouvernement

Pour le gouvernement, la deuxième grande priorité de la loi agraire, après celle d’assurer un revenu aux producteurs et une meilleure distribution des aides, est de rendre l’agriculture «plus respectueuse de l’environnement et des ressources naturelles», comme indiqué par la rapporteuse Tess Burton jeudi à la Chambre. La députée socialiste précise que 25 % des paiements directs sont réservés aux éco-régimes. Les mesures agroenvironnementales et d’investissement sont adaptées pour inciter les producteurs à réduire les émissions et à améliorer la biodiversité.

L’engagement financier du Luxembourg dans le cadre du plan stratégique national 2023-2027 s’élève à 164 millions d’euros pour les paiements directs, dont 41 millions d’euros pour les éco-régimes, et à 301 millions d’euros pour le développement rural. Plus de la moitié des dépenses sont prévues pour réaliser des objectifs environnementaux. Le budget des mesures nationales complémentaires s’élève à 336 millions d’euros.

Les six organisations trouvent «absolument justifié» que l’agriculture soit soutenue par des fonds publics. «Nous voyons un potentiel futur important pour le secteur agroalimentaire si celui-ci s’oriente et s’adapte aux défis de notre temps», indiquent-elles.

La mise en œuvre du Green Deal de l’UE offre des opportunités «qui doivent être bien mieux traduites dans la réalité par de nouvelles mesures concrètes réellement durables», concluent les signataires.

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