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La face pas si cachée des étiquettes


Candy Jacoby a démontré que le design de l’étiquette d’une bouteille de crémant conditionnait l’acte d’achat. (Photo : archives editpress/didier sylvestre)

Candy Jacoby est une graphiste qui s’est spécialisée dans le marketing du vin, et plus particulièrement dans le rôle que tient l’étiquette des crémants dans le choix des consommateurs.

Qu’est-ce qui se trouve derrière l’étiquette d’une bouteille de crémant et qu’est-ce que ce bout de papier peut bien vouloir raconter sur ce qui se trouve à l’intérieur ? Absolument tout le monde s’est posé cette question devant les étagères des grandes surfaces, lorsque le choix semble d’autant plus vaste que la connaissance des bulles est légère.

Ces interrogations ont taraudé l’esprit de Candy Jacoby qui, en tant que graphiste, amatrice de vin et étudiante en marketing international du vin à Vienne (Autriche), portait déjà un regard acéré sur les étiquettes. « La grande majorité des vins et des crémants sont achetés dans les grandes surfaces, des endroits où l’on a rarement l’occasion de les goûter avant de les choisir, explique la jeune femme. Lorsque l’on n’y connaît pas grand-chose, le choix est souvent guidé par l’étiquette, le nom du domaine et le prix. C’est donc uniquement avec ces informations que l’on doit deviner le style et la qualité du vin, ainsi que la justesse de son rapport qualité/prix. »

Application pratique au domaine L&R Kox

Candy Jacoby et la vigneronne Corinne Kox (domaine L&R Kox, à Remich) ont collaboré pour la création d’une bouteille très spéciale : la cuvée de crémant Next Generation, qui n’hésite pas à casser les codes puisque le visuel de l’étiquette est sérigraphié directement sur une bouteille bleue. La graphiste a proposé deux versions dans le cadre de son enquête, une qui reprend des codes naturalistes avec le dessin d’une vigne dans un style art nouveau et une autre, où des bulles forment la silhouette d’un personnage en mouvement. Puisque ce crémant symbolise l’audace de la jeunesse, c’est la deuxième version qui a été choisie.

Candy Jacoby a également créé plusieurs autres étiquettes. «J’ai réalisé pendant mes études un design pour un vin mousseux autrichien (méthode traditionnelle) produit par les étudiants de l’université BOKU (Vienne). Ce visuel est désormais utilisé chaque année.»

«Il y a deux ans, j’ai aussi créé un design pour un viticulteur du sud de la Styrie, en Autriche, qui produit aussi son propre apéritif, le Knapperol (dans le style de l’Aperol). J’ai également conçu les étiquettes des jus de fruits produits à partir de ses vergers. Je les ai peintes à l’aquarelle, puis je les ai travaillées graphiquement.»

Deux styles d’étiquettes

Pour mieux comprendre ce qui va déterminer l’acte d’achat, Candy Jacoby a réalisé une enquête qualitative en ligne qui a réuni 253 formulaires exploitables. «J’ai récolté les données sociodémographiques des participants (âge, sexe, niveau de salaire, lieu de résidence), la fréquence d’achat de vins mousseux, le type de vins mousseux achetés, le degré d’intérêt pour ces produits et j’ai proposé deux types de design d’étiquette : un abstrait et un décoratif. Pour chaque étiquette, j’ai demandé la perception de la qualité, le prix estimé et s’il existait une volonté d’achat.»

Ces deux styles d’étiquettes sont le cœur de cette étude. «Souvent, les étiquettes abstraites, parfois d’influence Bauhaus, sont choisies par de jeunes vignerons qui souhaitent mettre en avant leur modernité. Au contraire, les étiquettes décoratives plus classiques reprenant des codes baroques avec un cadre aux lignes fines et des motifs floraux tendance art nouveau sont souvent préférées par des vignerons plus âgés qui veulent mettre en avant leur tradition et leur histoire, explique la chercheuse. Ce n’est bien sûr pas toujours le cas, mais cette tendance existe bel et bien.»

Le panel des consommateurs qui a participé à l’enquête a montré que l’étiquette qui suggérait un vin de meilleure qualité était la décorative, la plus classique. C’est celle qui inciterait le plus à l’achat. Les sondés estimaient le prix de la bouteille à 16 euros. Pour l’étiquette plus abstraite, l’enquête donnait un prix de bouteille moindre, 14 euros. Autre élément intéressant, les sondés les plus jeunes préféraient l’étiquette plus moderne quand les anciens mettaient en avant la plus classique.

Lundi, Vinsmoselle invite à Remerschen

Si la cave coopérative de Remerschen célèbre cette année son 75e anniversaire, le 1er mai n’échappera pas à la tradition. Le traditionnel Proufdag (journée de dégustation) permettra de déguster l’ensemble des crus élaborés par les Domaines Vinsmoselle. Les vignerons et les chefs cavistes présenteront eux-mêmes les vins, derrière des stands thématiques (cépages, crémants, spécialités) installés dans la grande halle de la cave.
Des foodtrucks seront présents devant l’entrée pour rassasier les estomacs. On pourra également goûter et acheter le miel Miseler Bei, dont les ruches sont installées dans le vignoble, les produits du Klouschter Brout de la Yolande Coop, les petits plats de la Cave à Manger et les huitres de Don Ostra. L’association des barmen luxembourgeois préparera des cocktails à base de vins et de crémants. Il est également possible de déjeuner à l’Escale de la cave, mais il faut réserver (Tél. : 23 66 48 26).

Le 1er mai, de 10 h à 19 h aux Caves du Sud de Vinsmoselle (32, route du Vin à Remerschen). Entrée : 15 euros avec le verre de dégustation.

L’étude menée par Candy Jacoby apporte des résultats éclairants, mais pose également de nouvelles questions. Le questionnaire étant rédigé en allemand, est-ce que les francophones ou les anglophones auraient apporté les mêmes réponses? «C’est également une question que je me suis posée et y répondre serait certainement très intéressant dans le contexte luxembourgeois.»

L’éventail des réponses apportées démontre, en tout cas, que l’étiquette joue un rôle important dans
l’orientation du choix des consommateurs. L’étude a d’ailleurs démontré que ce rôle était d’autant plus décisif que le client connaissait peu le produit et n’achetait que rarement des vins mousseux.

Ces dernières années, les ventes de bulles n’ont cessé de grimper dans le monde entier. La concurrence est de plus en plus forte et, qui plus est, elle s’internationalise. Choisir la bonne étiquette, c’est-à-dire celle qui parviendra à attraper l’œil du client averti, qui donnera les codes du vin qu’elle représente et qui parviendra à convaincre les consommateurs, est donc un choix important que les vignerons doivent prendre au sérieux.

Voilà, c’était la dernière…

Cette page est la dernière de la série Vignes et Vignerons. Ce rendez-vin hebdomadaire ayant débuté le 27 octobre 2012, la Moselle luxembourgeoise aura donc occupé les pages du Quotidien pendant plus de 10 ans et demi, soit un corpus de près de 550 articles au total.

Les vignerons méritent assurément cette exposition. Durant cette période, nous avons été les témoins de leur implication totale, des questionnements, des joies et des peines qui rythment inlassablement leur vie. Tous n’ont qu’une obsession, produire les meilleurs vins possibles et la progression de la qualité est une évidence. La Moselle n’est jamais loin, n’hésitez pas à aller leur rendre visite, à goûter et à leur poser vos propres questions. Ils sauront vous donner ce supplément d’âme qui rend les bouteilles encore meilleures !

Dès la semaine prochaine, une nouvelle série prendra la place de celle-ci. Le thème sera différent, quoiqu’il ne sera pas interdit d’y rencontrer des vignerons de temps à autre. Nous n’en dirons pas plus pour l’instant, mais nous espérons qu’elle vous procurera d’autres belles lectures !

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