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[Justice] Femme poignardée à Kockelscheuer : « Il avait l’intention de tuer »


L'affaire remonte à 2017. Le parquet général demande à la Cour d'appel de retenir la double tentative d'assassinat (Illustration : Julien Garroy)

Le parquet général a requis 20 ans lundi, contre l’homme qui à l’été 2017 avait poignardé une femme et pourchassé une autre lors d’une fête à Kockelscheuer. Il demande à la Cour d’appel de retenir la double tentative d’assassinat. En première instance, l’agresseur au couteau avait écopé de 18 ans de prison ferme.

«J’ai perdu la tête et je l’ai poignardée. Je regrette.» Il l’avait clamé en première instance. Il l’a répété, lundi après-midi, à la barre de la Cour d’appel. Dario C. (43 ans) conteste fermement avoir prémédité son acte le 8 juillet 2017. Son refrain : «Avec un couteau à la main, si j’avais eu l’intention de la tuer, le résultat serait tout autre. Avec mes 80 kg, j’étais beaucoup plus fort et plus costaud…»

Poignardée au moins sept fois

Ce samedi soir, lors d’une fête à Kockelscheuer partagée par une partie de la communauté de la Guinée-Bissau, le quadragénaire avait poignardé au moins sept fois sa victime avant de pourchasser ensuite sa propre demi-sœur, toujours avec son couteau à éplucher à la main. Un couteau dont la lame était souple, a tenu à préciser le prévenu lundi. «Si la lame était souple, vous avez dû y mettre une certaine force…», lui a glissé la présidente.

Touchée au moins quatre fois dans la région du cou et de la nuque et plusieurs fois à la main, la jeune femme de 28 ans avait été transportée à l’hôpital où elle avait subi d’urgence une intervention chirurgicale. D’après le médecin légiste, l’un des coups n’avait manqué la carotide que de quelques centimètres…

«Un acte passionnel», selon la défense

Il aurait voulu demander des explications à la jeune femme, a encore expliqué le quadragénaire lundi. La raison? Un SMS envoyé deux semaines plus tôt dans lequel elle l’aurait insulté. C’est quand elle lui aurait dit qu’elle allait appeler la police qu’il serait passé à l’acte.

Pour la défense, difficile d’imaginer que le quadragénaire ait agi avec préméditation devant 200 personnes. Me Mathieu Richard a ainsi parlé d’un «acte passionnel commis impulsivement» : «En raison de leurs relations conflictuelles antérieures, la vue de la victime a pu susciter des émotions chez Dario C. sans qu’il y ait eu une quelconque intention de tuer.»

Dario C. avait été arrêté par la police sur la route principale non loin du rond-point de la Cloche d’or. En quelques minutes, il avait parcouru 1,5 km, poursuivi par une meute de 20-25 personnes. Le fait qu’il ait pris la fuite à pied est un autre élément, selon la défense, pour dire que son acte n’était pas prémédité. L’avocat a demandé la clémence de la Cour pour «ce geste regrettable – ces coups et blessures – qui n’a duré que quelques secondes». Quant à la seconde tentative d’assassinat sur la demi-sœur, il demande la confirmation du premier jugement qui avait déclaré irrecevables les poursuites par «défaut d’inculpation» du prévenu.

Le parquet général avait toutefois une autre lecture du dossier. Sa représentante a parlé d’«actes exécutés de manière brutale, ciblée et gratuite». «Il avait bien l’intention de tuer. Et il aurait très probablement tué sa victime si une autre femme ne lui avait pas donné des coups de chaise», a-t-elle appuyé. Pour le parquet général, il y a également lieu de retenir la seconde tentative d’assassinat. En déclarant les poursuites irrecevables en ce qui concerne ce fait, les premiers juges auraient commis un «excès de pouvoir» : «Les juges du fond sont saisis d’une ordonnance de renvoi. Sa légalité peut seulement être remise en question par un recours en cassation.»

Il a fini par requérir 20 ans de réclusion ferme, soit la peine que le parquet avait demandée en première instance, contre le quadragénaire, actuellement en détention préventive. Et d’insister : «S’il n’y avait pas eu l’intervention de tiers, on serait en présence d’un véritable bain de sang.»
En première instance, la victime s’était vu allouer une provision de 5 000 euros en attendant l’expertise médicale qui doit évaluer son préjudice corporel. Son avocate a réitéré lundi sa partie civile ainsi que celle de la seconde partie civile qui s’était vu allouer 2 500 euros. Prononcé le 13 février.

Fabienne Armborst

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