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Jérusalem: les États-Unis menacent le reste du monde


L'ambassadrice des États-Unis, Nikki Haley, a multiplié les menaces et pressions à l'encontre de tous ceux qui voteraient contre la décision de Donald Trump (photo: AFP)

Après le Conseil de sécurité, l’Assemblée générale de l’ONU a voté jeudi sur une résolution condamnant la reconnaissance par Washington de Jérusalem comme capitale d’Israël, sur fond de vives menaces du président Donald Trump contre ceux qui adopteront ce texte.

« Ils prennent des centaines de millions de dollars et même des milliards de dollars et, ensuite, ils votent contre nous », a tempêté le président américain à la veille du vote. « Laissez-les voter contre nous, nous économiserons beaucoup, cela nous est égal ».

La manière dont son ambassadrice à l’ONU, Nikki Haley, avait réagi lundi à ce cinglant désaveu lors d’un vote au Conseil de sécurité sur une résolution condamnant la reconnaissance était, pourtant, tout sauf indifférente.

Ce vote « est une insulte que nous n’oublierons pas », avait lancé, l’œil noir, la diplomate à ses quatorze partenaires du Conseil, dont ses alliés européens, qui avaient unanimement approuvé la condamnation de la décision de Donald Trump du 6 décembre.

In fine, le texte n’a pas été adopté, les États-Unis ayant utilisé leur veto de membre permanent.

A l’Assemblée générale des Nations unies, qui compte 193 membres et où la réunion a débuté à 15h00, aucun pays n’a de droit de veto sur les résolutions, qui ne sont pas contraignantes.

L’enjeu du scrutin résidera dans le nombre d’États qui approuveront la résolution.

« Maison de mensonges »

Par avance, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a rejeté l’issue du vote, qualifiant les Nations unies de « maison des mensonges ».

« Jérusalem est la capitale d’Israël, que l’ONU le reconnaisse ou non », a-t-il déclaré avant le scrutin.

Le texte, proposé par le Yémen et la Turquie, affirme que toute décision sur le statut de Jérusalem « n’a pas de force légale, est nulle et non avenue et doit être révoquée ». Il souligne que la question de Jérusalem doit faire partie d’un accord de paix final entre Israéliens et Palestiniens.

Le double vote organisé cette semaine à l’ONU à l’initiative des Palestiniens, qui ont un statut d’observateur dans l’organisation, vise à maximiser leur poids dans un éventuel futur plan de paix, explique un diplomate.

Plusieurs ambassadeurs tablent sur un score à l’Assemblée générale oscillant entre 165 et 190 votes pour. « Si c’est 130, ce serait mauvais », précise l’un d’eux.

Si Nikki Haley n’a guère fait de lobbying au Conseil de sécurité, les États-Unis ont changé radicalement d’approche pour le scrutin à l’Assemblée générale, en multipliant menaces et pressions.

Tweet, email, lettre… Tout a été utilisé pour tenter d’empêcher un nouveau revers diplomatique. Jeudi, « les États-Unis noteront les noms », a menacé Nikki Haley dans un tweet.

« Le président observera attentivement ce vote et il a demandé que je lui signale les pays qui auront voté contre nous », a renchéri la diplomate dans une lettre.

« Ne vous vendez pas » à Trump

Ces avertissements américains, du président et de son ambassadrice, ont sidéré nombre de diplomates onusiens.

« Ce n’est pas comme ça que ça marche, on vote sur des principes », confie un ambassadeur asiatique sous couvert d’anonymat. « On ne peut pas voter A pendant des années et voter soudainement B », renchérit un homologue d’Amérique latine.

Avec ces pressions, « les États-Unis peuvent avoir une dizaine d’abstentions de pays qui pourraient aussi choisir de ne pas aller voter », estime un troisième ambassadeur, européen celui-là.

Selon un responsable diplomatique, le Canada, la République tchèque et la Hongrie pourraient ne pas adopter la résolution, illustrant l’incapacité de l’Union européenne à avoir une position unie.

Le ministre palestinien des Affaires étrangères Riyad al-Malki, qui assistera au vote, a dénoncé les « menaces » et « intimidations » de Washington.

Alliée des États-Unis à l’Otan, la Turquie s’est aussi insurgée. Son président, Recep Tayyip Erdogan, a ainsi exhorté jeudi depuis Ankara la communauté internationale à ne pas se « vendre » pour « une poignée de dollars » face aux menaces de Donald Trump de couper des aides financières.

« Aucune nation qui a de l’honneur, aucun État qui se respecte ne courbe l’échine face à ce genre de pressions », avait auparavant clamé le chef de la diplomatie turque, Mevlüt Cavusoglu.

Israël a annexé la partie orientale de Jérusalem, dont elle a pris le contrôle pendant la guerre de 1967, puis voté une loi faisant de la Ville sainte sa capitale « indivisible ». Cette annexion n’a jamais été reconnue par la communauté internationale et les Palestiniens considèrent Jérusalem-Est comme la capitale de leur futur État.

Le Quotidien/ AFP

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