Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
La communication des données recueillies sur les cours d’eau du pays doit permettre d’anticiper et de diminuer les conséquences des crues.
En juillet 2021, des pluies d’une intensité rarissime s’abattaient sur le Luxembourg provoquant des inondations sans précédent et paralysant le pays. À l’époque, la ministre de l’Environnement en poste, Carole Dieschbourg, décrivait «un phénomène à part» tout en prévenant sur l’accélération de «la fréquence de ce genre de catastrophe naturelle».
Un an plus tard, alors que les conséquences du dérèglement climatique se font de plus en plus présentes, les experts techniques de l’administration de la Gestion des eaux sont clairs : «face aux inondations, la protection complète n’existe pas. On ne peut pas éviter les crues. En revanche, nous pouvons prendre des mesures pour prévenir ce type de phénomène et diminuer les conséquences».
Des données en continu
Cette stratégie basée sur le recueil de données était déjà en place depuis plusieurs années lors des crues record de l’été dernier. D’après les experts, elles ont permis de contenir la montée des eaux de 45 à 70 cm à certains endroits. Lundi à Hesperange, lors d’une conférence de presse, Joëlle Welfring, l’actuelle ministre de l’Environnement et du Développement durable, a tenu à rappeler les méthodes mises en place par le Luxembourg pour prévenir la population face aux risques d’inondation.
Au total, 41 stations de mesures sont disséminées à travers le Grand-Duché. Celles-ci relèvent les variations de l’eau et actualisent chaque quart d’heure les résultats enregistrés. «Nous sommes constamment en train de vérifier les variations de l’eau», annonce Noémie Patz. Lundi, cette experte technique de l’administration de la Gestion de l’eau, a présenté un bateau orange. Suspendue sur l’Alzette par deux câbles tendus, la petite embarcation est chargée de relever le débit et la hauteur de l’eau sur le cours d’eau. «Une fois ces données relevées, il s’agit de les traiter et de les transmettre», explique la ministre de l’Environnement.
En cas de risques de crues, les communes et les différentes instances étatiques sont prévenues et le CGDIS ainsi que le Haut-Commissariat à la protection nationale (HCPN) se tiennent prêts à intervenir pour assurer la sécurité de la population. Chacun, lors de la conférence de lundi, a rappelé que cela a été exécuté l’an passé. Mais cette crue exceptionnelle a repoussé les limites de tout ce qui avait pu être imaginé. «Nos instruments étaient dépassés, nos calculs n’étaient pas dimensionnés par rapport à l’importance du phénomène», explique Noémie Patz. «À la suite de ces inondations, nous avons actualisé nos cartes des zones inondables et nous avons établi de nouveaux modèles.»
Un SMS pour prévenir la population
Afin de recueillir un maximum de données et de se prémunir au maximum face aux risques de montées rapides des eaux, le ministère de l’Environnement travaille en collaboration avec la France et l’Allemagne. Les pays échangent entre eux les chiffres récupérés sur les différents cours d’eau qui les traversent. «Nous avons un modèle commun qui nous permet de communiquer rapidement. C’est important de s’organiser ensemble», se félicite Joëlle Welfring. Cette communication a d’ailleurs donné des idées à Joëlle Welfring et son ministère qui préparent, pour l’automne, un système d’alerte par SMS inspirée d’une application mobile allemande nommée «Meine Pegel». Le projet luxembourgeois consiste à prévenir la population par message si les mesures laissent présager une montée des eaux.
Les communes, l’administration de la gestion des eaux et les instances étatiques ne sont pas les seuls à avoir accès aux données concernant les relevés des cours d’eau. Grâce au site inondation.lu, les citoyens, notamment ceux vivant sur une zone inondable, peuvent garder un œil sur une possible crue. D’autant plus que des améliorations ont été apportées au site. «Après les évènements de 2021, nous nous sommes aperçus que la plateforme n’était pas vraiment consultée», avoue Noémie Patz. «Depuis, nous avons retravaillé nos bulletins pour qu’ils soient plus lisibles et nous les publions dans différentes langues. Nous avons aussi créé un flux RSS et enfin, nous proposons un nouvel envoi de mail.»
