Une tripartite attendra les partenaires, à la rentrée, avec des chiffres actualisés sur l’inflation qui doit déclencher une tranche indiciaire supplémentaire avant la fin de l’année. Sauf nouveau report.
La rentrée de septembre va être intense pour le gouvernement et les partenaires sociaux, appelés à prendre des décisions importantes concernant le pouvoir d’achat des ménages, affaibli par une inflation devenue imprévisible. En mai, le Statec prévoyait une inflation de 2,8 % l’année prochaine, mais les nouveaux calculs tablent désormais sur un taux de 5,3 %.
Le déclenchement d’une nouvelle tranche indiciaire avant la fin de l’année sera un sujet âprement discuté, alors que syndicats et patronat partent dans des directions opposées.
Les discussions reprennent
Depuis que le Statec a estimé que l’indexation des salaires était inévitable, les discussions ont repris, au cœur de l’été, sur les solutions qui seront proposées par le Premier ministre lors d’une probable tripartite. Le Statec a été mandaté pour mettre à jour ses prévisions pour la première semaine de septembre 2022 et, selon ces calculs, Xavier Bettel envisagera ou non de convoquer une tripartite.
La campagne électorale, déclenchée avant les vacances lors du débat parlementaire sur la modernisation de la fiscalité, va se poursuivre naturellement à la rentrée avec des positionnements sur les solutions à trouver pour réellement augmenter le pouvoir d’achat des ménages, dont 25 % «vivent en dessous ou à la limite du seuil de pauvreté», comme le rappelle l’Union des consommateurs qui s’est emparée du sujet.
Selon l’ULC, le système d’indexation doit revenir à la normale dans l’intérêt des consommateurs. Et parmi eux, la classe moyenne qui commence à éprouver des difficultés «à joindre les deux bouts». L’ULC, pour sa part, demande qu’en cas de tranche indiciaire supplémentaire, celle-ci soit versée par déclenchement automatique et plaide pour un retour à la normale du système d’indexation «dans l’intérêt des consommateurs».
Difficile de faire accepter un deuxième report de l’indexation.
Les partis de la majorité marchent sur des œufs. Interrogés depuis deux jours par les médias, ils ont du mal à dire la suite à donner aux nouvelles prévisions du Statec. Invité sur le plateau de RTL télé, le ministre socialiste de l’Économie, Franz Fayot, a indiqué qu’il fallait faire preuve d’imagination, même si des compensations via de nouveaux crédits d’impôts pourraient être la solution retenue. Il sera difficile de faire accepter un deuxième report de l’indexation.
Du côté de l’OGBL et de la CGFP, c’est exclu, et le LCGB veille essentiellement à maintenir le pouvoir d’achat des ménages, mais aussi les emplois, et toutes les bonnes idées sont les bienvenues. C’est aussi ce que pensent les chrétiens-sociaux qui veulent des allégements fiscaux immédiatement pour donner un peu plus d’air aux ménages qui étouffent sous l’inflation. Il n’y a pas que les prix des énergies qui plombent les budgets, mais ceux des denrées alimentaires également car les prix s’envolent.
Boîte de Pandore
Les partis de l’opposition, à part le CSV qui plaide pour une solution soutenant les plus vulnérables et les entreprises, se prononcent en faveur d’un retour de l’indexation automatique.
Déi Lénk ne tergiverse pas sur le sujet. «Des représentants de la majorité commencent déjà à préparer le terrain pour les prochaines manipulations du système de l’indexation automatique des salaires», prévient le parti en craignant que cela entraîne une aggravation de la situation. «La seule solution raisonnable est de rétablir entièrement le système de l’index», déclare le parti de gauche.
Il estime encore que «le gouvernement a commis une erreur d’appréciation sérieuse avec sa manipulation de l’index», en pariant «sur une baisse significative de l’inflation au cours de l’année sans considérer des scénarios alternatifs».
Résultat? Le Statec prévoit encore deux autres tranches indiciaires avant même que la tranche de juillet 2022 ne soit versée, au printemps 2023. «La boîte de Pandore ouverte par la coalition en début d’année risque de coûter cher au pays et à la population», anticipe Déi Lénk. Elle prédit aussi que les partis de la majorité vont probablement essayer «de sauver la face jusqu’aux élections législatives en octobre 2023 avant de refiler la patate chaude au prochain gouvernement».
Le gouvernement est pressé d’agir
L’Union des consommateurs, qui se demande «dans quel monde parallèle» vivent certains politiques, suggère au gouvernement de porter la subvention étatique sur le litre d’essence de 7 à 15 centimes et d’adapter les barèmes d’imposition sur l’inflation.
Tous s’accordent sur un point : le gouvernement est pressé d’agir, sinon les ménages seront toujours plus nombreux à risquer de sombrer dans la pauvreté.
Privileger les revenus patronal depuis 40 ans cela apauvri le peuple JUSQUA la revolution
Vouloir à tout prix protéger les salariés contre les effets de l’inflation (baisse du pouvoir d ‘achat) est une mauvaise idée sur le moyen et le long terme.
On privilégie l’immédiat (un peu plus de sous pour les électeurs) au détriment de l’avenir.
En effet, ce surcroit de pouvoir d’achat ne peut venir que de deux sources:
1. l’emprunt, qui appauvrira les générations futures qui devront le rembourser et aussi les présentes si les taux d’intérêt se mettent à atteindre les 2 ou 3% (ou plus)
2. l’augmentation des salaires qui pèseront sur le entreprises et baisseront leur compétitivité vis à vis des concurrents étrangers qui ne pratiquent pas tous (comme la France), la fuite en avant.