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Hôtel Alfa à Luxembourg : des millions de dettes


La gestion de l'établissement est clairement mise en cause par les propriétaires des murs. Malgré son taux de remplissage de 75%, l'hôtel n'affiche que 4000 euros de bénéfice en trois ans. (photo Jean-Claude Ernst)

L’avocat des propriétaires des murs du Grand Hôtel Alfa, l’établissement emblématique du quartier Gare à Luxembourg, a précisé la nature du litige avec l’exploitant. Il affirme que ce dernier n’a pas réglé ses dettes depuis 2013.

Dans un communiqué, Me Pierre Metzler, l’avocat des sociétés Alfa Gestion et Alfa Place de la Gare, les deux sociétés propriétaires de l’immeuble où se trouve l’hôtel, a expliqué la nature du litige financier qui a amené à la fermeture sur ordre de justice du Mercure Grand Hôtel Alfa.

«Alors que les affaires de l’hôtel Mercure Grand Hôtel Alfa Luxembourg et de sa brasserie marchaient très bien, la société Alfa-Hôtel (NDLR : la société locataire de l’immeuble et qui exploite l’hôtel dont le propriétaire est Rolphe Reding) n’a pas payé, même pas de près l’intégralité des loyers et ce depuis 2013. La dette envers les propriétaires des murs s’élève aujourd’hui à plusieurs millions d’euros.» Le litige financier entre les propriétaires des murs et l’exploitant de l’hôtel, Rolphe Reding, a débuté il y a trois ans. L’avocat des propriétaires précise que ces derniers ont saisi la justice en décembre 2013, «devant le refus obstiné de la société Alfa Hôtel de trouver une solution à l’amiable». Depuis, les sociétés Alfa Gestion et Alfa Place de la Gare avaient jusqu’à maintenant «adopté une attitude conciliante» à l’égard de leur débiteur, Alfa Hôtel, a encore précisé Me Pierre Metzler dans son communiqué.

En regardant de plus près les finances de l’hôtel par le biais des documents comptables disponibles au registre du commerce, on peut constater que l’établissement ne marchait pas si bien que cela. En effet, entre 2012 et 2015, le bénéfice cumulé de la société Alfa Hôtel ne dépasse pas les 4 000 euros. Joint par nos soins, Pierre Metzler nous explique être tout aussi surpris : «Effectivement, on ne comprend pas très bien non plus. Pour notre part, nous nous sommes basés, entre autres, sur le taux de remplissage des chambres, en moyenne 75%, pour faire une estimation de la rentabilité de l’établissement et conclure que l’hôtel marchait bien, ce qui nous laisse perplexe à la lecture des bilans de l’hôtel.» La mauvaise gestion de la société Alfa Hôtel, sous la houlette de Rolphe Reding, est donc clairement mise en cause dans cette affaire.

«Déconnecté de la réalité»

Du côté des 78 employés, l’inquiétude est montée d’un cran cette semaine après une réunion en début de semaine. Selon Romain Daubenfeld, secrétaire central OGBL au syndicat Alimentation et Hôtellerie, «on ne sait pas si les salaires du mois de mars seront payés. On est encore dans le flou et j’aimerais savoir comment cela va se terminer, et ce que Rolphe Reding va décider : déclarer la faillite ou non. Pour le moment, les salariés ont eu une dispense pour rester chez eux, mais il n’y a pas de solution qui se dégage. Je crains d’ailleurs le pire, car Rolphe Reding semble complètement déconnecté de la réalité.» Le syndicaliste espère en savoir plus demain, date de la réunion avec les parties prenantes.

L’avenir de l’établissement reste donc en suspens, même si les propriétaires des murs veulent trouver au plus vite un nouvel exploitant pour relancer l’hôtel. Selon l’avocat Pierre Metzler, les propriétaires des murs ont investi dans une optique à long terme et sont même prêts à assumer leurs responsabilités financières dans le cadre d’une rénovation et remise à niveau inévitable de l’hôtel.

Pendant ce temps-là, l’hôtel, qui occupe sans doute une des meilleures places du pays, reste un établissement fantomatique.

Jeremy Zabatta

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