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Homicide de Tétange : le crime n’était pas prémédité, selon l’avocate de la prévenue


Le parquet a conclu à l’assassinat. L’avocate de Liette n’est pas du même avis et a tenté de démontrer que sa cliente n’avait pas prémédité son geste.

La prévenue n’avait pas l’intention de tuer son mari, a plaidé son avocate jeudi, évoquant le contexte psychologique qui a pu entraîner son passage à l’acte. Le parquet évoque une mise en scène.

Liette et Jacqueline Sauvage ont en commun d’avoir tué leur mari. Pour le représentant du ministère public, la comparaison s’arrête là. La Française, condamnée à dix ans d’emprisonnement, a obtenu la grâce présidentielle en 2016. Elle avait abattu son mari de trois coups de fusil dans le dos et avait expliqué avoir voulu mettre un terme à des années de violences conjugales.

Le magistrat est d’avis que Liette s’est inspirée de son histoire pour mettre en scène une situation justifiant l’assassinat de Nicolas le 12 septembre 2019 à Tétange. Mercredi après-midi, il avait requis la prison à perpétuité contre la sexagénaire et l’acquittement pour son fils.

«Elle a essayé de nous vendre une histoire de légitime défense», a réaffirmé le procureur hier, inflexible après le plaidoyer de Me Ewerling, qui a essayé de convaincre la 13e chambre criminelle du tribunal d’arrondissement que le crime n’avait pas été prémédité par sa cliente.

Le procureur n’en démord pas : la prévenue s’est acharnée sur sa victime alors que cette dernière était au sol. Elle ne s’est pas défendue après avoir été attaquée par-derrière. Liette s’est infligée des blessures elle-même et a préparé la fameuse lettre «pour mieux vendre son histoire», n’hésitant pas à aller jusqu’à boire de l’alcool de pomme «dans un foyer où elle en voulait à son mari parce qu’il buvait trois bières par jour». Tout aurait été soigneusement orchestré par la prévenue.

Une hypothèse balayée par son avocate, qui a choisi de ne pas plaider la légitime défense ou l’excuse de provocation. Liette, en aveux, aurait notamment agi par «désespoir» et par «peur» en réaction aux violences infligées par son époux dont on trouverait «des indices» dans le dossier répressif.

Sa fragilité, sa dimension dépressive, ses craintes ainsi que son imaginaire de jalousie soulignés par l’expert neuropsychiatre pourraient expliquer son passage à l’acte alors que le couple subissait une crise depuis que Nicolas l’avait trompée avec une femme condamnée plus tard pour les avoir harcelés. Mais jamais elle n’aurait eu l’intention de le tuer.

«Une femme brisée»

Cet élément intentionnel est cependant nécessaire pour conclure à la préméditation et à l’assassinat. «L’arme du crime est un couteau de cuisine. (…) Liette ne s’est pas procuré d’arme pour commettre les faits», argumente Me Ewerling. «Lors de son interrogatoire par la police immédiatement après son passage à l’acte, elle refusait de croire qu’elle avait tué son mari.» La prévenue a également écrit à son fils de «ne pas s’en réjouir». De plus, outre les conclusions de l’expert psychiatre, «ses amies ne l’ont pas crue capable d’un tel acte».

Celle qui, insiste son avocate sans pouvoir l’expliquer, «n’a jamais été capable de faire le dernier pas» pour se sortir d’un mariage qui battait de l’aile ou accumuler les preuves des violences subies, risque d’être condamnée au moins pour meurtre.

«Le parquet a requis la peine la plus haute. C’est disproportionné», estime l’avocate avant d’implorer la clémence du tribunal, en raison notamment des ennuis de santé de sa cliente, pour que «cette femme brisée (…) ne vive pas ses derniers jours en prison». Me Ewerling demande aux juges d’assortir la peine prononcée du sursis le plus large possible.

Me Rollinger, l’avocat du fils de la prévenue, incite le tribunal à suivre les conclusions du parquet. «Son réquisitoire est la suite logique des conclusions de l’enquêteur de la police judiciaire qui n’a pas pu le relier aux faits», faute de preuves suffisantes contre le fils.

Ses allées et venues dans la journée, les bus qu’il avait pris et les endroits où son smartphone avait borné avaient notamment été passés au crible pour déterminer s’il avait pu se trouver sur les lieux du crime en même temps que son père ou s’il avait pu aider sa mère à modifier la scène une fois le crime commis.

De nombreuses hypothèses ont été émises sans que l’enquêteur et le parquet ne puissent l’incriminer avec certitude. Liette a toujours indiqué avoir agi seule.

Le prononcé est fixé au 22 novembre.