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Homicide à Tétange : «Den N ass d…», le message troublant d’une mère à son fils


Des messages équivoques ont été échangés entre la mère et le fils l’après-midi des faits. (Photo : archives editpress)

Des messages échangés le soir du crime jettent le trouble sur l’implication du fils et sur les intentions de sa mère. Liette est accusée d’avoir tué son mari le 12 septembre 2019 à Tétange.

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La présidente de la 13e chambre criminelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg avait évoqué «un carnage» mardi. Un expert en criminalistique a reconstitué le déroulement des faits en analysant les traces de sang laissées par la victime sur le lieu du crime, la cuisine de son domicile de Tétange. Liette, 63 ans, est accusée d’avoir poignardé à mort son époux le 12 septembre 2019 avec un couteau de cuisine. La lame de 19 centimètres a perforé le cœur et un poumon. Elle a été extraite au niveau du réfrigérateur. Nicolas a longé le plan de travail avant de s’y affaisser et de s’écrouler sur le ventre au sol, où de nouvelles violences lui ont été infligées.

L’homicide aurait eu lieu sur fond de disputes, de violences conjugales, de menaces et de peur, selon la prévenue qui a affirmé avoir blessé son mari en tentant de le désarmer alors qu’il brandissait un couteau dans sa direction lors d’une dispute. Une version mise à mal par certaines contradictions apparues au fil de l’enquête et les déclarations de certains protagonistes. Nicolas aurait terrorisé Liette au point qu’elle craigne pour sa vie. «Une tragédie se noue sous les yeux de tous, sans que personne ne se doute de rien», avait-elle notamment écrit dans une lettre laissée sur la table du salon après les faits. Liette ne s’était jusqu’alors jamais confiée à personne à ce sujet. Nicolas aurait notamment régulièrement caché des documents et des objets lui appartenant, au point d’obliger cette dernière à utiliser des coffres-forts.

Ce deuxième jour de procès n’a pas permis de lever les doutes et les contradictions qui entourent cette affaire et les intentions de l’auteure présumée des faits. À force de brimades, la sexagénaire a-t-elle perdu le contrôle aux termes d’une énième dispute ou son geste était-il prémédité? Quel rôle a joué son fils, Sascha, co-accusé? Sa mère a-t-elle cherché à le protéger? Les hypothèses et les suppositions se télescopent au fil du rapport d’enquête résumé par l’enquêteur de la police judiciaire.

«Prête à porter les conséquences»

Sascha, autiste Asperger et politoxicomane de 38 ans, a notamment fait des révélations troublantes et contradictoires à la police. Il aurait eu «l’intuition que son père allait tuer sa mère», «son port d’ancrage». Il a décrit un père introverti qui aurait eu une maîtresse durant de nombreuses années et se réfugiait dans la cave de la maison, où il s’était aménagé un lit dans un débarras. «Normalement, c’est le conjoint qui terrorise l’autre qui reste dans la belle chambre», note la présidente de la chambre criminelle qui s’est risquée à quelques hypothèses. «Normalement», lui a répondu l’enquêteur.

Dans sa lettre, Liette a écrit «être prête à porter les conséquences» de quelque chose dont son fils avait connaissance. Mais de quoi? Et puis, il y a cet échange «très étrange» de messages sur WhatsApp dans l’après-midi et le soir des faits entre la mère et le fils, selon l’enquêteur. Liette lui a envoyé «Den N. ass d…». N est quoi? Doud, mort en luxembourgeois, ou doheem, à la maison? Une drôle de manière d’annoncer le décès de son père à un fils ou de communiquer avec lui tout court. L’enquêteur a également relevé des messages «cryptés» que Liette a refusé d’interpréter. Seul son fils serait en mesure de comprendre leur signification.

«La puce à l’oreille»

«Je suis prêt à tout», a également écrit Sascha dans un message sur l’achat d’un coffre-fort. Liette dit plus tard «ne pas avoir eu d’autre choix» et encourage son fils, qu’elle «aime, à faire sa vie». Des messages équivoques. «On peut se demander si Sascha ne connaissait pas les projets de sa mère», avance la présidente de la chambre criminelle. Les déclarations du jeune homme sont confuses, notamment en ce qui concerne son emploi du temps l’après-midi des faits. «Il mélange tout, sauf qu’il est parti à 15 h. Cela revient dans toutes ses dépositions. Cela met la puce à l’oreille», a avancé la magistrate. Reste à savoir quelle puce? La suite du procès livrera une réponse dans les prochains jours.

Le procès est prévu jusqu’à ce jeudi. De nombreux proches de la famille et experts seront entendus lors des prochaines audiences. Sascha n’y interviendra pas. Il sera représenté par son avocat, Me Frank Rollinger.

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