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Heels dance à Luxembourg : «En talons, je me sens puissant»


Roland Adiceom danse en talons depuis sept ans. Une pratique qui lui apporte confiance mentale et physique.   (Photo : alain rischard)

Il est professeur de danse en talons. Roland Adiceom nous fait découvrir cette pratique qui s’adresse aux femmes comme aux hommes.

Il n’est pas nécessaire de porter une cape ou un masque pour se sentir super-héros. Roland Adiceom, 30 ans et professeur de heels dance à Luxembourg, n’a qu’à enfiler sa paire de talons pour acquérir ses super-pouvoirs.

Torse en avant, tête haute et dos cambré, la chaussure force à une posture de confiance. «Lorsque je suis en talons, je me sens puissant, je me sens féroce», appuie le Lorrain qui exerce son activité des deux côtés de la frontière.

Cette forme de performance, qui tire son nom des escarpins portés par les pratiquants et les pratiquantes, est dispensée tous les mercredis soir dans la capitale. Durant les séances, le professeur transmet cet aplomb à ses élèves via une technique, une bienveillance et une énergie que la petite salle du 66, rue de Hollerich a bien du mal à contenir.

Ce 29 novembre, elles sont douze à se présenter devant Roland pour une séance d’une heure durant laquelle elles vont apprendre les nouveaux pas d’une chorégraphie imaginée par l’expert perché sur ses dix centimètres.

«Les différences avec de la danse en baskets concernent surtout la stabilité», indique le Lorrain. «Pendant le cours, je vais demander aux danseuses et danseurs de se concentrer sur certaines parties du corps pour ne pas perdre l’équilibre. C’est technique et nous devons, en même temps, renvoyer quelque chose de sexy.»

Porter des talons, une révélation

La passion pour ce type de performance est arrivée sur la piste de l’existence du Français en 2016. Celui qui depuis son plus jeune âge aime à danser partout tout le temps et rêve de bouger «comme dans les clips qui passent à la télé», ouvre les portes d’une école de danse messine, cette année-là. Il y apprend la street dance ou encore le moderne jazz avant que le hasard place devant ses yeux une vidéo de Yanis Marshall, chorégraphe français, spécialiste de la dance en talons.

Devant l’expression du corps, cette posture fière et sensuelle, l’envie d’essayer est instantanée, irrépressible. «La première fois que j’ai enfilé des talons, ça a été la révélation! J’avais l’habitude de danser en pointe, je me suis tout de suite senti à l’aise. Je suis me dit que c’était exactement ce que je voulais faire!» 

Cinq ans après avoir chaussé ses premiers escarpins, le jeune homme, qui travaillait jusqu’alors dans une banque, ouvre sa première école à Guénange, entre Thionville et Metz. Immédiatement, les élèves se pressent pour apprendre à bouger du haut de quelques centimètres.

Une trentaine de participants, au départ, viennent pour s’essayer à la pratique aux côtés de ce chorégraphe atypique. Parmi ceux-ci, des curieuses et curieux, mais aussi une bonne moitié d’apprentis danseuses et danseurs assidus. Une réussite qui permet à Roland de faire prospérer son entreprise R Heels Dance en ouvrant une nouvelle école à Metz, la même année.

«Ma vie a pris une tournure incroyable, je ne m’attendais pas à pouvoir vivre de ma passion»Depuis 2023, c’est à Nancy et à Luxembourg-ville que le Français s’exporte et dispense ses savoirs. Au Grand-Duché, le chorégraphe découvre un public international qui, par ses origines diverses, insuffle une énergie irrésistible aux cours de Roland.

Un regard positif

S’il n’est pas anodin de voir un homme monté sur des talons de dix centimètres, le principal concerné affirme n’avoir «jamais eu de messages haineux quant à ma pratique. À l’inverse, à chaque fois que les gens me voient danser, ils trouvent ça fou. Il y a un effet waouh».

Le discours est similaire du côté de ses élèves. «Je trouve ça cool, c’est différent», lance Chloé. «Ça ne m’étonne pas, je suis assez indifférente sur ce point», ajoute Mégane. «Ça enlève même la pression, quand on est une femme, de danser avec un professeur qui porte des talons», conclut Gaïa. 

Ce mercredi soir, sur le coup de 19 h, seules des danseuses sont présentes au cours de Roland. Mais la séance est ouverte à tous les genres. «La heels dance est ouvert à tous. C’est une manière de s’exprimer, de prendre confiance en soi mentalement et physiquement. Il est arrivé que des hommes viennent à mes cours. L’an passé, je donnais d’ailleurs des séances de cours privés à un Français qui faisait du burlesque», décrit Roland.

Se sentir féminine et sexy

La confiance en soi, le professeur la diffuse tout au long de l’heure durant laquelle il enseigne. Du haut de ses escarpins, il manœuvre ses élèves en commençant par un long échauffement en chaussettes.

Tout le monde enfile ensuite ses chaussures et passe dans une nouvelle dimension. Si certains pas sont hésitants, les démarches ne laissent aucun doute sur les ambitions de chacune.

L’exercice qui suit consiste à traverser la pièce et à s’arrêter pour poser au signal de Roland. «Personne ne suit personne, pas de mouton ici, vous êtes des louves», lance le coach. Main dans les cheveux, déhanché, tête en arrière, sûres d’elles, les participantes se présentent plus fières que jamais. «Je me sens très féminine, j’ai l’impression d’être une miss et je sais que je suis plus sexy quand je danse en talons», affirme Chloé. 

Toutes travaillent les chorégraphies du Français pendant deux mois, avant d’enchaîner sur une nouvelle performance. En juin, la troupe présente un spectacle reprenant l’ensemble des danses apprises durant l’année. D’autres représentations sont distillées au fil des mois en fonction des opportunités du calendrier.

Je sais que je suis plus sexy quand je danse en talons

Pendant le cours auquel nous assistons, le chorégraphe montre un nouvel enchaînement dans lequel s’immisce un 360°. L’expert effectue le mouvement, sans aucune pointe d’hésitation, avec grâce et sensualité du haut de ses talons. «Brandissez-vous! Vous êtes plus puissantes avec la main à cet endroit.»

«C’est plus sexy en squat.» «Ne vous mettez pas trop sur l’avant des pieds, allez, on reprend lentement.» À coups de conseils, de regards experts, de retouches et de quelques onomatopées, le professionnel parvient en trente minutes à un résultat très convaincant de la part de l’ensemble des élèves.

Celles-ci se filment et se corrigent entre elles pour terminer la séance en petits groupes face au miroir. Chaque prestation se clôt par une salve d’applaudissements et par les félicitations de Roland. Il lance un dernier «The show must go on», avant de placer quelques pas depuis ses talons, dans lesquels il se sent invulnérable. 

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