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[Gardiens de nature] Préparez-vous à compter les oiseaux !


Les moineaux restent parmi les oiseaux les plus observés, mais il y en a de moins en moins. Ici, un pic épeiche qui reprend des forces.  (Photos : raymond gloden)

Pour la 18e année, natur&ëmwelt proposera le dernier week-end de janvier à tout un chacun de dénombrer pendant une heure les oiseaux qui passent sur les balcons et dans les jardins. Une opération loin d’être futile.

Carte d’identité

Nom : Lieke Mevis

Age : 42 ans

Poste : conseillère nature, chez natur&ëmwelt

Profil : elle a étudié la primatologie à l’université d’Utrecht (Pays-Bas), mais rebutée par la captivité des animaux qu’elle observait, elle préfère s’intéresser à la fouine dans le cadre de sa thèse de doctorat. Enseignante, puis conseillère indépendante, elle a rejoint natur&ëmwelt il y a deux ans.

Voilà un rendez-vous qui est devenu un vrai succès populaire. L’an passé, plus de 800 personnes avaient envoyé leurs données de recensement des oiseaux à natur&ëmwelt. «Proportionnellement au nombre d’habitants, c’est bien plus qu’en Allemagne ou qu’en Belgique!», se félicite Lieke Mevis, qui pilote cette campagne pour l’ASBL qui milite pour la protection de l’environnement.

Comme tous les derniers week-ends de janvier, elle espère donc que la population des quatre coins du pays répondra une nouvelle fois à cet appel. Non seulement le samedi et le dimanche, mais aussi le vendredi, «pour permettre aux classes de participer, apprécie-t-elle. Certains enseignants sont très motivés!». Des professeurs de sciences naturelles demandent également aux lycéens de participer, l’observation devenant un travail à domicile : «Une excellente idée!», applaudit la conseillère en environnement.

Une nature souvent mal connue

Ce comptage des oiseaux revêt deux volets, l’un scientifique, l’autre de sensibilisation. Ces observations réalisées dans des cadres très divers donnent un aperçu intéressant de l’état des populations des différentes espèces. Et même si elles ne sont pas obtenues de manière rigoureusement scientifique, ces informations sont précieuses et permettent de dresser un état des lieux qui sera d’autant plus précis que la participation sera importante.

Le second objectif est d’inciter la population à se familiariser avec la nature qui l’entoure et qui, souvent, reste mal connue. «Le recensement permet de se donner le temps de découvrir son environnement immédiat, souligne Lieke Mevis. Une heure, ce n’est pas très long, mais qui reste tout ce temps devant une fenêtre pour regarder son jardin? Personne ou presque! Là, c’est une bonne occasion de s’octroyer cette pause, d’apprendre à reconnaître les oiseaux et de partager ces moments en famille. Cet apprentissage est aussi bénéfique aux adultes qu’aux jeunes! Puisqu’on ne protège que ce que l’on connaît, partager ce savoir au sein de la population ne peut être que profitable.»

Le bouvreuil pivoine fait partie des 15 oiseaux que l’on pourra recenser du 26 au 28 janvier.

Un guide de 15 espèces

Pour déterminer les différentes espèces, natur&ëmwelt publie une petite brochure reprenant des photographies des 15 oiseaux les plus communs dans nos jardins. Ceux-là sont à recenser. Le principe est simple, pour ne les compter qu’une seule fois, il faut noter le plus grand nombre d’oiseaux observés en même temps pour chaque espèce. «Les 15 oiseaux sont les mêmes tous les ans, cela permet de dresser des comparaisons dans le temps.» Détail qui a son importance, leurs noms sont donnés en quatre langues : français, luxembourgeois, allemand et anglais. Pendant le week-end, le formulaire numérique sera disponible en scannant le QR code ci-contre.

Dans la durée, le recensement a déjà permis de constater plusieurs phénomènes. Et notamment la chute massive du nombre de moineaux. «Ils restent parmi les oiseaux les plus observés, mais il y en a de moins en moins, relève Lieke Mevis. Dans le passé, des observateurs en notaient jusqu’à une soixantaine en même temps. Désormais, il est devenu rare d’en dénombrer plus de vingt.» Ce déclin est connu, scientifiquement étudié et même interprété. «Si les adultes mangent des graines, ils chassent des insectes pour nourrir leurs petits, explique la naturaliste. Or la population d’insectes a décru de 70 à 80 % dans toute l’Europe. Lorsque la nourriture manque, la densité d’individus chute, c’est toujours comme ça…»

Une chute de la biodiversité

Autour de 2020, les rapports issus du comptage avaient également montré une importante baisse de la présence des mésanges bleues. Cela s’expliquait par la forte mortalité provoquée par une bactérie (Suttonella ornithocola), qui a causé des pneumonies chez ces mésanges. «Heureusement, depuis, nous avons vu que ça allait mieux», souffle Lieke Mevis.

Mais de manière générale, ces observations témoignent de la chute de la biodiversité. Les chiffres démontrent que les oiseaux sont de moins en moins nombreux autour de nous. «Et encore, les espèces de jardins se sont adaptées à notre présence et elles souffrent plutôt moins que les populations sauvages», assure la conseillère environnement. «Nous offrons moins de place aux oiseaux pour nicher, parfois en pensant bien faire lorsque l’on isole mieux nos maisons, mais aussi en ne pensant pas à eux, quand on minéralise complètement un jardin, que l’on tond à ras sa pelouse ou que l’on taille trop souvent ses haies.»

Photo : julien garroy

Pourquoi compter les oiseaux en hiver?

Pour une raison toute bête : parce que c’est la meilleure saison pour les compter! D’une part, on les distingue mieux sans les feuillages des arbres et des haies, mais surtout, puisque la nourriture est moins abondante, il suffit de mettre quelques graines dans une coupelle ou de suspendre des boules de graisse pour les voir rappliquer. Si le sol est gelé ou recouvert par la neige, ce sera même pratiquement la seule façon qu’auront les oiseaux de se nourrir. L’hiver est donc bien le meilleur moment de l’année pour réaliser ce grand recensement.

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