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[Football] Quand le Kirghizistan mise… sur un petit gars de Pétange


(Photo : mélanie maps)

L’attaquant Kai Merk a été sélectionné par ce pays aux confins de l’Asie centrale. Une histoire folle qui commence seulement.

Les histoires les plus belles en football naissent parfois par la grâce d’un hasard. Kai Merk, formé à Pirmasens et qui n’a jamais vraiment fait parler de lui en Allemagne, évolue en Regionalliga à Elversberg quand son père s’assoit en tribune, un jour de match. Le fiston, 20 matches sans but au 4e échelon allemand, n’a que 19 ans et se cherche gentiment. Juste à côté de papa, un agent de joueurs noue connaissance et découvre que M. Merk est originaire de l’ancienne URSS, version orientale. Du Kirghizistan exactement. Il annonce qu’il a «des contacts là-bas» et, dès 2019, à une époque ou le coronavirus n’a pas encore bouleversé les destinées individuelles, la fédération kirghize de football prend contact. «Ils m’ont invité, il y a eu des problèmes avec les papiers et le covid est arrivé. Tout s’est arrêté», raconte Merk, buteur vendredi contre Käerjeng, à la veille de monter dans un avion à destination de l’autre bout du monde.

Le blondinet joue en effet désormais un étage plus haut. Et il fait de la statistique : 20 buts en 47 matches de DN. Fatalement, alors que, hormis quelques joueurs en D1 russe, aucun élément de la 94e nation mondiale (entre la Palestine et l’Arménie) n’évolue vraiment en Europe, Merk attire de nouveau l’attention. Et en janvier et février, le troisième meilleur buteur du Titus a pris l’avion direction Bichkek, capitale installée au beau milieu de la chaîne de montagnes Tian Shan, pour faire ses documents, sans que ses performances s’en ressentent : il en est à quatre buts et une passe en 2023. Sur place, Merk, qui parle russe «presque couramment, en tout cas, il n’y a aucun problème avec tout ce qui est footballistique», a pu se rendre compte que l’encadrement et l’organisation ne le mettront nullement en péril. Et donc, il prend sa deuxième nationalité au bout de neuf heures d’avion depuis Istanbul.

En Inde, le sport n° 1, c’est le cricket

«C’est fou, s’enthousiasme-t-il. Quelle opportunité! Pour moi qui aime les voyages, je sens que je vais profiter de chaque moment. Vous vous rendez compte? Je vais voir des pays que même dans mes rêves les plus fous je n’aurais pas imaginé pouvoir voir.» Lors des dernières campagnes éliminatoires de la Coupe d’Asie ou de la Coupe du monde, le Kirghizistan aura rencontré la Mongolie, le Japon, le Myanmar, la Corée du Sud… Et le premier voyage de Kai l’emmène directement en… Inde. Lui dont le dernier déplacement, Dudelange, se sera bouclé en 23 kilomètres et 17 minutes.

Cela fait bien rire son coach, Yannick Kakoko, convaincu que ce genre de déplacement fou ne sera pas un problème : «Ils ont l’air très bien organisés. Et dans le pire des cas, il se reposera quelques jours de plus. J’ai assez de joueurs.»

Kai Merk, bientôt buteur star dans ce pays de six millions d’habitants, presque exclusivement montagneux, encore parcouru par des populations nomades et partageant une longue frontière avec la Chine? «L’Asie, ce sont des pays où le football n’est pas forcément le sport n° 1! Je vais commencer en Inde, où là, c’est clairement le cricket qui domine, par exemple. Mais en tout cas, je pense qu’on va me considérer un peu plus à mon arrivée, parce que j’évolue au Titus dans une D1, et plus dans une D4 allemande. Ce serait encore mieux si on était en Coupe d’Europe en fin de saison. Oui, ce serait vraiment une bonne idée.»

Son coéquipier Marian Sarr, qui de son côté a été appelé par la Gambie pour les matches éliminatoires de la CAN contre le Mali, doit se dire exactement la même chose…

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