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Fermier braqué à Berg : les prévenus s’expliquent


Avant de s’enfuir, les braqueurs avaient scotché leur victime sur un fauteuil. (photo d'illustration DR)

À la barre, Mihail M. a prétendu avoir juste joué au chauffeur le soir du braquage à la ferme à Berg. Or il n’a pas pu expliquer la présence de ses traces ADN retrouvées sur le lieu du crime.

Depuis lundi, Florin S. (41 ans) et Mihail M. (36 ans) comparaissent devant la 9e chambre criminelle pour avoir brutalement agressé, ligoté et volé un quinquagénaire dans sa ferme à Berg dans la nuit du 21 au 22 avril 2014. Au deuxième jour du procès, mardi, la parole était aux deux prévenus.

« Je ne suis pas arrivé au Luxembourg avec de mauvaises intentions. Je suis venu au Luxembourg pour jouer de l’accordéon.» Tels étaient les mots de Florin S., originaire de Roumanie, mardi après-midi. Le prévenu reconnaît sa participation. Mais tout au long de son audition à la barre, il a tenté de minimiser son rôle dans le braquage de la ferme à Berg.

Afin de s’expliquer sur les différents points du dossier qu’il ne conteste pas, il avait préparé un écrit qu’il a sorti de sa poche. Mais la présidente n’a pas tenu à ce qu’il s’en serve tout de suite. «Ne voulez-vous pas d’abord raconter votre histoire?» Son histoire aura duré une bonne heure. Il déclare qu’en fin de journée le 21 avril 2014, il avait rencontré à Steinfort Mihail M. et un troisième homme qui ne se trouve pas sur le banc des prévenus.

Cette dernière personne leur aurait dit qu’il avait travaillé pour un homme qui lui doit de l’argent. «Il voulait parler avec le fermier, prendre l’argent et repartir», explique Florin S. Aux alentours de 22 h, ils s’étaient donc rendus à la gare pour prendre le train. «On est descendus dans une petite gare dans un champ. Il faisait noir.» Sans lampe de poche, ils seraient arrivés à la ferme à Berg. Quand le chien du fermier avait aboyé, il se serait d’abord abrité dans une pièce. À la différence des autres, il n’aurait pas roué de coups le quinquagénaire. Il n’aurait pas non plus vu la barre en fer évoquée par la victime.

Florin S. affirme avoir scotché la victime dans la cour de la ferme jusqu’au niveau du cou. «Quand on ment, monsieur, il faut avoir une bonne mémoire», l’interrompt la présidente en citant ce qu’il avait affirmé au printemps 2016 devant le juge d’instruction : «Je ne sais pas pourquoi il est ligoté autour de la poitrine. Ce n’est pas moi.»

Ce n’est pas la seule déclaration contradictoire lâchée mardi par le prévenu. Alors que devant le juge d’instruction il disait avoir vu Mihail M. prendre une montre jaune sans doute en or, mardi il a prétendu n’avoir vu aucun bijou, juste le portefeuille et l’argent : «Je n’ai rien eu du butin. On ne m’a même pas dit qu’on avait volé quelque chose dans cette maison.»

«Pour mentir, il faut être très intelligent. Je comprends pourquoi vous prenez des notes», a fini par remarquer la présidente avant de donner la parole au second prévenu : «Vous avez entendu l’histoire de votre copain.»

«Moi j’ai fait demi-tour. Je suis sorti en boîte»

C’est une toute nouvelle histoire que Mihail M. a déballée, mardi. «Il n’y avait pas de train. J’étais le chauffeur en voiture. Ils étaient à trois.» Selon le prévenu, qui conteste fermement avoir mis les pieds dans cette ferme, ils étaient partis vers 23 h. Dans le véhicule, ils avaient embarqué un seau, une bande adhésive, trois paires de gants en latex, un marteau en caoutchouc… Il raconte avoir déposé le trio dans le brouillard à presque deux kilomètres de la ferme. «Moi j’ai fait demi-tour. Je suis sorti en boîte jusqu’à 6 h du matin.»

Son alibi diverge fort de celui livré lors de l’instruction. Bref, au bout de 35 minutes, une question restait encore ouverte : «Pourquoi a-t-on trouvé votre ADN sur les lieux?» Question que la présidente n’a pas manqué de lui répéter. «Je ne sais pas vraiment expliquer ces choses-là, a-t-il répondu. Peut-être ont-ils pris un gant que j’ai déjà utilisé?»

Interrogé sur la raison pour laquelle cela ne l’avait pas intéressé de participer à l’expédition jusqu’au bout, Mihail M. explique : «Parce que j’ai déjà fait de la prison jeune. Je suis sorti comme un enfant vieilli de la prison. Je n’en ai plus besoin.» Il compte des antécédents en Roumanie, mais aussi en Allemagne.

Selon Mihail M., le trio avait l’intention de cambrioler une maison où il n’y avait personne. «Pourquoi donc emporter des bonnets et du ruban adhésif?», s’interroge le parquet. «Il m’est arrivé, quand j’ai fait ce « métier », de rester longtemps dans les bois et de courir. Et alors on a besoin d’un bonnet.»

Initialement, deux audiences étaient prévues pour ce procès. Ce qui n’a pas suffi. Rendez-vous donc le 3 novembre pour les plaidoiries de la défense et le réquisitoire du parquet.

Fabienne Armborst

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