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Ettelbruck : la Stëmm vun der Strooss vent debout contre la précarité 


La Stëmm vun der Strooss a accueilli la ministre de la Santé, Paulette Lenert, et le bourgmestre d’Ettelbruck, Jean-Paul Schaaf. 

Alors que l’ouverture du nouveau restaurant social de l’association est prévue pour la mi-novembre, la pauvreté ne cesse d’augmenter, sous fond d’inflation et de crise énergétique.

Depuis le 3 octobre, date du début des travaux, le restaurant de la Stëmm vun der Strooss, à quelques encablures de la gare, a déjà pris forme. Le local de 69,90 m², où résidait auparavant un ancien fast-food, a été vidé de ses gravats, liés à sa démolition, et s’apprête à être restauré. D’ici à la mi-novembre, le lieu pourra servir des repas chauds et équilibrés aux personnes en situation de précarité pour la modique somme de 50 centimes d’euro.

Avec une capacité d’accueil de 30 personnes, le restaurant repose sur une volonté de désengorger les autres cantines sociales de la Stëmm vun der Strooss, situées à Esch-sur-Alzette et Hollerich, où près de 101 190 repas y ont été servis en 2020 : «La décentralisation de ces deux villes est voulue par notre structure, car des gens se déplacent de partout pour rejoindre ces deux points, détaille Alexandra Oxacelay, la directrice de Stëmm vun der Strooss, qui, depuis le début de l’année, établit des relations et recense les besoins des futures bénéficiaires.

La pauvreté augmente dans toute l’Europe et se répercute au Luxembourg. On voit tous les jours des nouveaux visages, qui viennent même de France ou de Belgique.»

Une structure avant l’hiver

Avec l’approche des températures hivernales, l’annonce d’une ouverture prochaine sonne comme une aubaine. Toutefois, dans la région, l’association n’a pas laissé les personnes précaires sur le carreau, en assurant, depuis le 7 mars, la distribution de soupes et de boissons sur un parking environnant, mis à disposition par la commune d’Ettelbruck.

Chaque vendredi, une équipe composée de deux éducateurs y grille également du «poulet, des saucisses et des côtelettes», sous la direction du responsable du site de la Stëmm à Esch-sur-Alzette, Francesco Settanni : «Je pense qu’on va réaliser environ 50 repas, comme d’habitude», pronostique-t-il, en ce vendredi marqué par la grisaille.

Si ces cantines éphémères tiennent encore la cadence, le déménagement dans le nouveau local facilitera le travail des éducateurs et offrira davantage de confort aux personnes dans le besoin. Mais pour permettre la totale réhabilitation des lieux, des fonds doivent encore être insufflés au projet : «Il y en a encore pour 80 000 euros de frais de transformation et 70 000 euros d’équipement», annonce la directrice de la Stëmm vun der Strooss.

Paulette Lenert, présente pour une visite du local, n’a d’ailleurs pas caché sa velléité d’aider davantage l’association, alors que son ministère subventionne d’ores et déjà les coûts liés au fonctionnement et aux salaires : «On continuera à aider financièrement cette structure de la Stëmm vun der Strooss. Il est essentiel de répondre aux besoins des plus précaires et nous sommes impressionnés par la rapidité des travaux, qui seront bouclés avant l’hiver», déclare la ministre de la Santé.

«Il y a urgence»

Ainsi, tous dressent le portrait d’un Grand Duché toujours plus en proie à la pauvreté. La crise énergétique et l’inflation mettent à mal le pouvoir d’achat des Luxembourgeois, comme cela a été souligné dans le récent rapport «Travail et cohésion sociale» du Statec. En 2021 déjà, le seuil de risque de pauvreté, qui est obtenu en prenant 60 % du niveau de vie médian, était de 2 177 euros par mois et par adulte.

115 980 personnes vivaient en dessous de celui-ci, avec des jeunes, des chômeurs, des locataires et des monoparentaux davantage exposés à cette précarisation de la société, dont les effets commencent à atteindre également les travailleurs salariés : «On a observé l’apparition de nouveaux profils, tels que des chauffeurs de taxis ou de bus, ainsi que des intérimaires», expose Alexandra Oxacelay, rejointe dans son analyse par le bourgmestre d’Ettelbruck et membre du conseil d’administration de la Stëmm vun der Strooss.

«Il y a une nouvelle clientèle, qui se situe proche du risque de pauvreté, et qui n’arrive pas à joindre les deux bouts. Ils ne vivent pas dans la rue, parfois touchent un salaire, mais ça ne veut pas dire qu’ils mangent à leur guise. C’est positif de savoir qu’ils peuvent bénéficier d’un repas chaud et épargner 200 à 300 euros par mois», complète Jean-Paul Schaaf.

Au mois de septembre 2022, l’inflation s’est retrouvée dopée par une hausse des prix des loyers d’habitation réels de +0,5 %, tandis que les coûts des produits alimentaires ont augmenté de 0,7 %. Tant d’éléments qui justifient la mise en place d’une telle structure dans le Nord, qui était, jusqu’à présent, dépourvu d’un restaurant de la Stëmm vun der Strooss : «Il y a urgence», glisse d’ailleurs, entre deux réponses, la directrice de l’association.

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