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Elections FLF : changement d’ère ou changement d’air ?


(Photo : Julien Garroy ).

Le congrès de Strassen, ce samedi matin, voit un Paul Philipp en place depuis 18 ans être contesté par l’un des membres de son CA depuis 2004, Claude Kremer.

Est-ce que le football luxembourgeois veut tourner la page? Est-ce qu’il y est prêt? Se sent-il seulement en devoir de le faire? Le moment que s’apprêtent à vivre les représentants des clubs de la plus grande fédération du pays, plus très loin des 50 000 licenciés, est potentiellement historique.

Leur choix : confier un nouveau mandat de quatre ans à Paul Philipp et lui faire passer les vingt ans de règne à la tête de la FLF, ce que seul Gustave Jacquemot (1921-1950) a fait jusqu’à présent, ou le démettre de la fonction suprême sous «prétexte» d’un rajeunissement ou d’une certaine forme de modernisation, ce qui, soyons précis, n’est pas tout à fait la même chose.

L’âge, c’est semble-t-il tout le nœud du problème. Car le bilan de Paul Philipp est globalement bon. Les finances sont saines, le grand stade a été construit, le centre de formation national tourne à plein et grandit, la sélection nationale n’a jamais été aussi impressionnante.

L’un de ses amis, René Kollwelter, s’est même payé le luxe d’une pleine page dans un grand quotidien national pour vanter une évidente réussite de son action : tenir la fédération à l’écart, pendant une vingtaine d’années maintenant, de toute considération politique, ce qui n’est pas une mince affaire.

Mais à 72 ans, le président est attaqué par Claude Kremer sur les problèmes auxquels il n’a jamais pu remédier (développement relatif du futsal et des dames, remise en état du corps arbitral, communication, digitalisation…) et, fatalement, sur un manque de dynamisme – supposé lié à son âge – sur ces questions spécifiques.

En somme, l’idée de Claude Kremer, c’est que tout n’est pas si mal, mais que tout pourrait aussi être mieux. Et que, bien évidemment, il ne faut pas rater le train du changement quand il passe.

Vous vous souvenez du projet d’Henri Roemer?

Concernant l’ancien président de Junglinster, il ne passera qu’une fois. Il l’a dit à l’issue de l’interview qu’il nous a accordée il y a deux semaines. Si Kremer n’est pas choisi par les clubs ce week-end, il ne se représentera pas dans quatre ans. Et l’on se dirigera vraisemblablement vers une passation apaisée des pouvoirs en 2026, la majeure partie des dirigeants de club exhortant officiellement Paul Philipp à effectuer là son dernier mandat en cas de réélection, avant de désigner un successeur.

Tout récemment d’ailleurs, Tun Di Bari, président d’Etzella et membre du conseil d’administration, défendait auprès des clubs «l’urgence de prendre son temps» et il n’en a pas fallu beaucoup plus pour que d’aucuns lui prêtent des velléités d’installation à Mondercange… Signe que la question taraude tout le monde.

Le congrès de Strassen sera donc celui de la rupture ou celui de la continuité. Et il n’y a qu’à se souvenir de la dernière fois qu’un tel choix s’est imposé pour mesurer l’importance du rendez-vous. En 2004, Henri Roemer venait d’engager un processus pour faire admettre une équipe du Luxembourg en mode club au deuxième échelon du championnat belge.

Où en serait le pays s’il avait alors battu le candidat Philipp et que le projet avait abouti malgré l’hostilité des clubs belges? Plus haut? Plus bas? Il est impossible d’y répondre, mais on sait qu’il serait ailleurs. Et qu’un vote peut changer énormément de choses, même quand tout le monde prétend que les deux programmes se ressemblent, ce qui n’est d’ailleurs pas si vrai que ça.

Claude Kremer et ceux qui aimeraient le suivre dans cette aventure agitent le spectre du déclassement. La FLF aurait déjà, à l’écouter, énormément de retards structurels sur bien des dossiers qui la tireraient vers le bas prochainement si l’on n’y remédie pas.

L’équipe de Paul Philipp prétend elle que tout est sous contrôle. Chacun dans son rôle (convenu) tente de convaincre. Or les clubs, eux, s’y perdent et prendront le chemin de la capitale, ce samedi matin, avec la certitude d’une énorme inconnue.

Qui sera le président de la FLF samedi midi ? Personne ne peut le dire, mais au-delà de cette question centrale, l’homme qui dirigera aura tout intérêt à avoir derrière lui un conseil d’administration constructif. Et cela, outre le fait que cela remet déjà sur la table la question de l’âge moyen des dix membres qui y auront un siège, est presque aussi important que le duel Philipp – Kremer.

Il pourrait y avoir, là, une certaine forme de «dégagisme» et un renouvellement des têtes. Bref, un changement d’air à défaut d’un changement d’ère. Ou inversement.