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«La FLF ne sera pas dirigée par une personne seule avec une couronne sur la tête»


Paul Philipp (g.) et Claude Kremer (d.) seront départagés dans 10 jours. (photo DR)

ÉLECTIONS FLF Comment comptent-ils gouverner ? Les deux candidats au poste de président de la FLF bouclent quasiment le vaste tour d’horizon de leurs programmes respectifs, ce vendredi. Sur cette question épineuse de la gouvernance, mais aussi de l’avenir des jeunes… et du sélectionneur.

Plus les jours passent, plus les différences sont marquées. Alors que leurs visions se sont encore légèrement éloignées hier, notamment sur la question du futsal et des finances, Paul Philipp le sortant et Claude Kremer l’outsider, dissèquent leurs propositions pour le football chez les jeunes, rebondissent sur la question qui théoriquement ne prête pas à débat de l’avenir du sélectionneur, Luc Holtz.

Mais leurs différences s’expriment on ne peut plus clairement sur le mode opératoire dans la conquête (ou la conservation) du pouvoir. L’un vient avec une équipe. L’autre veut absolument s’en abstenir. Question pratique pour l’un, éthique pour l’autre. Et cela aussi, devrait sensibiliser les clubs, quand ils devront choisir, le 15 octobre, à l’occasion du congrès de Strassen.

LES JEUNES

Claude Kremer

En matière de football chez les jeunes, vous appelez principalement à augmenter les tarifs dans les transferts.

Claude Kremer : Il me semble qu’il doit être question, là, d’une revalorisation du travail des clubs, de leurs coachs et de leurs bénévoles. Nos jeunes ne sont plus encadrés deux fois par semaine comme avant, mais trois à quatre fois. Il faut récompenser cet engagement car la formation, c’est crucial. Il faut donc revoir les montants. Et puis pour les bambinis et les pupilles, les transferts sont autorisés sans l’accord du club cédant et un coach peut ainsi prendre autant de joueurs qu’il veut pour aller ailleurs en cours de saison, au moindre souci avec ses dirigeants. C’est une catastrophe.

Je plaide pour trois mandats consécutifs au maximum

Paul Philipp

L’année dernière, vous présentiez un projet visant à atteindre les 50 000 licenciés et visiblement, le football a de plus en plus de succès auprès des jeunes. Un bilan?

Paul Philipp : On a dit qu’on voulait que les enfants, désormais, trouvent partout à côté de chez eux ou de leur école un endroit où jouer au foot et sur ce point, cela a beaucoup bougé. Et face à cette hausse vertigineuse des inscriptions, on aide beaucoup les clubs. Les enfants du pays, dès qu’il y a un fond d’immigration chez eux, c’est culturel souvent : ils viennent tous au foot, qui est un fameux moyen d’intégration !

C’est aussi pour cela que ces quatre à cinq dernières années, nous avons formé un sacré nombre d’entraîneurs. Pour déjà que les clubs puissent toucher les primes étatiques mais aussi pour que les jeunes ne tombent pas sur des coachs pour qui venir au foot, c’est faire des tours de terrain. On a le devoir de bien les former, ces enfants. Et pour ça, le budget va devoir augmenter. Parce que pour un club, encadrer 300 à 400 jeunes trois à quatre fois par semaine, c’est un sacré défi.

Qu’en est-il des formats de jeu, que vous avez fait évoluer ces dernières années?

Nous devons tirer les conclusions de ce qui est en cours et notamment de la réduction du nombre de joueurs. Est-ce que, par exemple, nous sommes satisfaits du niveau de jeu atteint dans les quatre contre quatre? Qu’ont observé nos clubs? Mais je pense que la philosophie va rester : que les jeunes jouent, touchent le ballon, marquent des buts. Nous ne voulons pas de 0-0 sur les terrains.

LE CONSEIL D’ADMINISTRATION

Claude Kremer

Vous poussez pour une limitation des mandats au conseil d’administration.

Claude Kremer : Oui, pour garantir le renouveau et la voie de la modernisation. Je ne veux pas qu’un président ou des membres du CA restent collés à leurs chaises au lieu de faire de la place pour de nouvelles idées et à de nouvelles visions. Quand vous êtes là pendant trop longtemps, vous n’avez plus la même motivation. Je plaide pour trois mandats consécutifs au maximum. À moins que l’on ne change le modèle et la durée des mandats. Cela pourrait aussi être deux mandats de cinq ans.

Plusieurs candidats postulant à un premier mandat sont, de notoriété publique assez proches de vos positions mais pas officiellement rangés derrière votre candidature. Au contraire de ce que Paul Philipp présente comme son équipe. Pourquoi?

Je trouve inadmissible qu’un président se présente avec une équipe et force les clubs à se positionner sur ce schéma, et non pas sur leur libre choix. Moi, je ne me présente pas avec des gens. Mais chapeau aux six qui se présentent comme ça! Cela veut dire, aussi, que les clubs ont envie d’un renouveau. Oui, eux et moi avons des contacts, des idées conjointes, mais nous n’y allons pas ensemble : nous, on laisse le choix aux clubs!

Croire qu’on peut gouverner sans une équipe, c’est irréalisable, c’est même fou

Paul Philipp

Quel est votre avis, à vous qui auriez l’assurance de faire 22 ans de présidence en cas de réélection, sur la limitation des mandats prônée par Claude Kremer pour redynamiser régulièrement le conseil d’administration?

Paul Philipp : Je ne prononce pas pour. C’est aux clubs de choisir. Si tous les clubs veulent une limitation, alors oui, on la fera. Mais on avait déjà songé, à une époque, alors que Maître Schonckert siégeait, d’une limite d’âge. Mais cela signifiait qu’il fallait éliminer des gens compétents et leur trouver des successeurs. Or qui voulait venir à l’époque?

Vous étiez arrivé en 2004 avec le soutien officiel d’une équipe, une façon de faire que vous aviez revendiqué. Et pour cette bataille électorale, de nouveau, vous débarquez avec des candidats à une réélection estampillés Paul Philipp, et des membres qui resteront en place qui vous soutiennent ouvertement.

C’est impératif pour moi. Sans ça, sans ce soutien de toute une équipe dotée de toutes les compétences, avec des gens qui représentent des clubs de tous les échelons – il faut que nous ayons des membres qui sachent les problèmes que tous les échelons de notre football rencontrent –, on ne peut pas mener une fédération.

Oui, il y a 18 ans, je voulais arriver avec une équipe parce que je connaissais la maison et son mode de fonctionnement. Et il était hors de question que j’arrive sans une équipe à ma disposition. Parce que croire qu’on peut gouverner sans une équipe, c’est irréalisable, c’est même fou.

Moi, je ne suis pas de l’avis de Claude Kremer : il faut arriver avec une équipe. C’est une question de transparence et d’honnêteté vis-à-vis des clubs. Le 16 octobre, la FLF ne sera pas dirigée par une personne seule avec une couronne sur la tête mais par plusieurs personnes. On ne peut pas diriger seul une fédération de cette envergure.

Comment les membres du CA qui vous suivent ostensiblement dans cette nouvelle bataille réagiraient-ils en cas de victoire de Claude Kremer? Resteraient-ils à ses côtés?

Je ne sais pas comment ils réagiraient. Parce qu’ils sont derrière un projet : le mien. C’est ce qu’ils voulaient en devenant signataires d’un projet, qu’ils font partie d’une équipe. Et cinq d’entre eux seront encore membres pour deux ans.

Pourraient-ils démissionner en cas d’arrivée de M. Kremer à la présidence?

Je ne sais pas ce qu’ils feront.

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