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Éducation : de bonnes idées, mais pas de concept


Le ministre Claude Meisch attend de consulter les acteurs de terrain pour savoir comment atteindre les objectifs fixés dans l’accord de coalition. 

Claude Meisch connaît son sujet. Mais, hier, le ministre de l’Éducation nationale ne pouvait pas encore préciser aux députés comment mettre son programme en musique.

Après dix ans d’âpres critiques contre la politique éducative menée par Claude Meisch, le parti chrétien-social (CSV) a finalement laissé le portefeuille aux mains du même ministre libéral. Hier, alors qu’il présentait aux députés réunis en commission son programme pour les cinq années à venir, les représentants du CSV se sont montrés bien silencieux, à l’exception d’une question relative à l’enseignement musical posée par Alex Donnersbach.

En revanche, la socialiste Francine Closener avait une liste de 22 questions qui n’ont pas toujours trouvé réponse. En résumé, Claude Meisch a répété le discours qu’il avait déjà prononcé face à la presse la semaine dernière pour livrer les priorités des volets éducation, enfance et jeunesse du programme de coalition. Premier faux pas, d’ailleurs, pour les députés qui cru comprendre qu’ils auraient la primeur des informations du gouvernement, selon le Premier ministre, Luc Frieden.

«Je trouve que le ministre Claude Meisch a plus d’intérêt pour l’éducation que le Premier ministre qui avait consacré deux minutes à ce chapitre dans son discours à la Chambre», admet Francine Closener. Il faut admettre que Claude Meisch connaît bien la matière après dix ans à la tête du ministère. Ceci dit, pour ce qui est de l’avenir, la députée socialiste constate «qu’il n’a pas de concept» pour concrétiser les annonces contenues dans l’accord.

Les socialistes ne sont pas en désaccord avec les options retenues, mais la manière d’atteindre les objectifs leur échappe. «C’est très bien de vouloir que chaque enfant, d’ici 2030, ait droit à une offre éducative à temps plein, mais cela demande des structures d’accueil à la charge des communes et surtout du personnel éducatif», rappelle Francine Closener.

Elle se pose des questions sur le financement, sans obtenir de réponse. «Je rappelle que le gouvernement a donné sa garantie que l’objectif serait atteint», ajoute-t-elle. «Là encore, il n’a pas le concept, mais c’était un vœu du CSV et cela figure dans le programme.»

Dans le même ordre d’idées, l’accord stipule que les sections seront abolies dans l’enseignement secondaire. «L’idée n’est pas si mal, mais le lycée à la carte demande des moyens financiers et humains et une sacrée organisation.» D’ailleurs, Claude Meisch lui a paru quelque peu sceptique sur ce projet ambitieux.

Les cours d’appui ne sont pas mentionnés dans le programme gouvernemental. Le ministre évoque l’appui pédagogique qui se déroule pendant les heures de cours, mais rien à côté. Reste à évaluer cet appui pédagogique et à voir s’il peut répondre aux attentes des élèves qui en ont le plus besoin.

Se pose toujours la question des personnels, surtout quand le gouvernement entend installer un éducateur dans toutes les écoles fondamentales. «Il y a de nouvelles formations pour cela, sur une durée d’un an après la première formation, ce sont les nouveaux DAP éducation et DAP inclusion», explique Francine Closener.

Le dialogue crée de l’espoir

La députée précise qu’il y a de bonnes choses dans cet accord. «On a l’impression que Claude Meisch est le conducteur du train, mais sans rails.» Il ne pouvait pas répondre aux questions ciblées de la députée, car il ne sait pas encore lui-même comment le programme sera mis en musique.

Pourquoi? «Parce qu’il veut un dialogue structuré avec les acteurs de terrain et c’est une très bonne chose, car l’éternelle critique, c’était qu’il y avait beaucoup d’informations de sa part, mais pas de consultations.»

Pour Meris Sehovic de déi gréng, ce désir de vouloir dialoguer est «un espoir». Les verts sont aussi satisfaits de la politique éducative que le nouveau gouvernement entend mener, surtout en ce qui concerne le rapprochement entre l’éducation formelle et non formelle, ou la formation professionnelle. «Les objectifs sont une chose et la manière de les atteindre en est une autre et, sur ce dernier point, le ministre est resté très vague», observe le député écolo.

«Nous allons rester vigilants et voir ce qui va se passer dans les mois à venir», ajoute-t-il, tout en gardant espoir que d’ici cinq ans, tous les acteurs pourront dialoguer ensemble, c’est-à-dire le corps enseignant, les parents et les élèves. «Si cela se réalise, alors tout ira mieux dans le futur», conclut-il.

Un futur où les écoles internationales fleuriront davantage, vraisemblablement. Le ministre Claude Meisch n’a pas indiqué qu’un nouveau lycée public classique serait créé à l’avenir. Les programmes des établissements internationaux pourraient bien devenir la norme.

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