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Droit d’asile : le travail, une des clés pour une intégration réussie


Depuis le début de l’année, 868 personnes ont introduit une demande de protection internationale au Luxembourg. (Photo : archives editpress)

Améliorer l’accueil des réfugiés et favoriser leur intégration, au lieu de miser sur le tout sécuritaire, sont au centre des revendications du LFR en matière de droit d’asile.

À l’aube des élections législatives, qui se dérouleront le 8 octobre prochain, le collectif d’associations et d’organisations Lëtzebuerg Flüchtlingsrot (LFR ou Collectif réfugiés Luxembourg) a fait part aux différents partis politiques de ses revendications en matière de droit d’asile. Et, cette année, alors que deux projets de loi viennent d’être votés, témoignant d’un durcissement des mesures sécuritaires à l’encontre des réfugiés, le LFR souhaite d’autant plus mettre l’accent sur l’intégration de ces personnes «déracinées».

«Le Luxembourg est effectivement l’un des pays de l’OCDE qui accueille le plus de demandeurs d’asile par habitant. Mais comment les accueille-t-il?», interroge Sérgio Ferreira, directeur politique de l’Association de soutien aux travailleurs immigrés (ASTI), qui tire un bilan «mitigé et contradictoire» des dix dernières années en matière de politique migratoire. «Il y a une contradiction entre la narrative du pays – celle d’une nation progressiste, tolérante, ouverte – et la pratique. On ne peut que constater un durcissement de la politique à ce sujet, avec l’élargissement des possibilités de mise en rétention et du type de personnes susceptibles d’être détenues. Il serait hypocrite de prétendre le contraire.»

Pour le LFR, il ne fait aucun doute qu’au lieu d’investir massivement et majoritairement dans des mesures d’ordre sécuritaire (comme le gardiennage des structures d’accueil), les autorités devraient plutôt miser sur celles favorisant l’intégration des réfugiés au Luxembourg, l’encadrement «adéquat» dans toutes les structures d’accueil étant jugé «capital», tout comme l’accompagnement psychosocial des demandeurs et bénéficiaires de protection internationale (DPI et BPI), qui devrait davantage être au centre des préoccupations.

De même, la procédure de demande d’asile, souvent perçue par les réfugiés comme étant décourageante et inéquitable, reste parsemée «d’obstacles». L’enregistrement même de la demande, sa recevabilité, relèvent du parcours du combattant, ce qui constitue une forme de dissuasion et donc une «privation d’un droit universel». «Nous devrions tirer parti des bonnes pratiques introduites pour les réfugiés ukrainiens et disposer d’un guichet unique», suggère, entre autres, Sérgio Ferreira.

Faciliter l’accès au marché du travail

Une intégration rapide et réussie des réfugiés au sein de la société passe aussi nécessairement par l’accès au marché du travail, l’accès aux études, le regroupement familial et l’accès au logement, insiste le LFR. Pour le collectif, en effet, l’accès immédiat au marché du travail, dès l’arrivée du DPI au Luxembourg, est essentiel, d’autant que le travail est un vecteur de cohésion sociale. «Les restrictions à l’accès au marché du travail et l’absence d’un emploi rémunéré entraînent une situation de dépendance, couplée à une intégration différée, des coûts de prise en charge élevés, ainsi qu’une opinion publique négative et méfiante», rappelle le LFR dans le document envoyé aux partis.

«Il nous semble ridicule de maintenir les gens dans une position d’assistanat, avec un système de bons et en leur allouant 29 euros par mois», commente Sérgio Ferreira, qui milite pour une «autonomisation des personnes» qui sont prêtes à accéder à un emploi. Un diagnostic individualisé à l’attention des DPI permettrait à cet égard d’identifier rapidement les compétences et les besoins de chacun. Une mesure gagnant-gagnant, estime le LFR : beaucoup de DPI et de BPI, en attente d’une autorisation de travail, végètent dans des structures d’accueil tandis que de nombreux secteurs professionnels manquent de main-d’œuvre.

Mais de nombreuses autres initiatives restent également à mettre en œuvre en matière de politique d’asile : identification des vulnérabilités des réfugiés (notamment en termes de santé physique ou mentale), prise en charge des mineurs non accompagnés par les services de l’enfance, regroupement familial élargi, mise en place de mesures alternatives à la rétention, traitement équitable… «Il y a du pain sur la planche», prévient Sérgio Ferreira.

L’ensemble des propositions est à retrouver sur lfr.lu.

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