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Drame familial : le prévenu a peur de retourner en prison


Les auditions de son ex-épouse et de sa fille aînée ont eu lieu à huis clos mercredi.

Le père de famille a refait sa vie et craint qu’une condamnation mette à mal son équilibre retrouvé. Il jure ne plus être le même homme. Ses enfants le craignent, semble-t-il, toujours.

La prison, c’était très très dur» et Issam ne veut pas y retourner. Il a déjà passé 8 mois en détention préventive et la réclusion lui pend à nouveau au nez. Mercredi, le parquet a requis une peine de 12 ans à l’encontre du père de six enfants. Son représentant ne s’était pas opposé à un sursis probatoire partiel, mais avait conseillé au tribunal de prononcer l’interdiction d’approcher sa famille, demandée par les parties civiles elles-mêmes.

Le prévenu d’une cinquantaine d’années est accusé dans différentes périodes de temps entre 2011 et 2019 d’avoir commis des attouchements sexuels sur son épouse et deux de ses filles, des viols et des menaces de mort à l’encontre de son épouse si elle prévenait la police ainsi que de nombreux faits de coups et blessures volontaires sur cette dernière et sur ses six enfants âgés de 1 à 15 ans en 2019.

La voix d’abord tremblante puis secouée de sanglots, Issam se repend et dit souffrir «chaque jour de ne plus voir mes enfants». Particulièrement pendant les fêtes. «J’ai changé de comportement», assure-t-il vendredi. Depuis les faits, il s’est remarié et a repris sa vie en main. Le prévenu reconnaît les atteintes à la pudeur sur sa fille aînée entre 2016 et 2019 et les coups et blessures volontaires sur les membres de sa famille. Il réfute les abus sexuels sur son épouse et sur une autre de ses filles, âgée alors de moins de 11 ans, pendant des vacances au Maroc.

Issam aurait fait vivre un calvaire à ses proches qui, par peur de représailles de sa part, ont gardé le silence ou prétexté des chutes pour expliquer les blessures dues aux coups. Sa fille aînée s’enfermait dans sa chambre et dormait avec un couteau sous l’oreiller par peur qu’il vienne la retrouver pendant la nuit. La famille vivait dans une peur constante, selon un expert psychologue, et aurait été libérée lorsqu’en octobre 2019, le fils du prévenu a alerté la police. Une mesure d’éloignement est alors décidée à l’égard d’Issam et les langues se délient.

Acquittement sur certains points

«Mon client a fait ce qu’il ne fallait pas faire», a reconnu Me Sadler, l’avocate d’Issam, qui n’a «pas cherché à minimiser les faits». Juste à rétablir la vérité du père de famille et à plaider en faveur de son acquittement sur certains points. À commencer par les coups et blessures sur ses deux plus jeunes enfants alors en bas âge. «Il y a un doute sur le déroulement exact des faits. Le prévenu n’avait pas l’intention de les blesser», note Me Sadler. Les deux petites filles seraient des victimes par ricochet des violences physiques infligées à leur mère. En ce qui concerne les accusations de coups et blessures sur ses autres enfants, ils n’auraient pas été si nombreux et si violents que le dossier répressif le suggère. De la même manière, le prévenu n’aurait porté des coups à son ex-épouse «qu’à deux ou trois reprises et pas de manière répétitive et régulière».

Quant aux abus sexuels, Issam est uniquement en aveux d’un attentat à la pudeur sur l’aînée de ses filles. «Les déclarations de sa fille cadette ont pu lui être suggérées lors de son audition à la police judiciaire», a avancé l’avocate. «Le policier lui a dit que sa maman lui avait dit que… L’enfant n’a d’ailleurs pas confirmé les accusations.» Pour l’avocate, aucun élément objectif ne permettrait de condamner Issam sur ce point. Idem en ce qui concerne les viols anaux que lui reproche son épouse. «C’est la parole de l’un contre la parole de l’autre», estime l’avocate. «Ces déclarations de la mère de famille sont arrivées au moment où le prévenu a demandé le divorce.»

Si son client mérite une punition, il ne mérite, selon l’avocate, certainement pas une peine de prison. Aussi a-t-elle demandé au tribunal de réduire la peine qui sera prononcée contre le père de famille à de plus justes proportions et de l’assortir du sursis intégral.

Le prononcé est fixé au 8 mai prochain.

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