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Des frères Collart à ArcelorMittal, l’usine de Rodange fête ses 150 ans


L’usine a reçu la visite du Grand-Duc Henri qui a pu découvrir toute la chaîne de fabrication. (Photos : alain rischard)

Fondée en 1872, l’usine de Rodange a fêté jeudi ses 150 ans. Traversant les âges, mais aussi les difficultés, l’usine a encore de nombreux projets.

Chapiteau blanc, mange-debout drapés de noir, chefs cuisiniers alignés, presque au garde-à-vous… L’ambiance n’était pas la même que d’habitude hier, à l’entrée de l’usine ArcelorMittal de Rodange. Le site fêtait en effet ses 150 ans en présence notamment du Grand-Duc Henri et du ministre de l’Économie, Franz Fayot.

Créée en 1872 par les frères Collart, l’usine a traversé les époques et son évolution est intimement liée à celle du Luxembourg. «L’acier a forgé une culture dans le sud du pays», souligne Henri Reding, Chief Sustainability Officer chez ArcelorMittal Luxembourg Produits longs. «Il a soudé les gens. Demain, nous allons fêter ça avec tous les salariés, car il faut partager ce moment avec ceux qui l’ont rendu possible.» Employant aujourd’hui 220 personnes, 180 salariés et 40 sous-traitants, l’usine a connu de nombreuses transformations au cours des décennies, passant dans les mains d’Arbed en 1978, groupe qui deviendra Arcelor puis ArcelorMittal.

Une usine sauvée par ses salariés

Alors qu’on comptait 5 hauts-fourneaux jusque dans les années 70, ces derniers se sont peu à peu éteints, ne laissant plus que les laminoirs dont l’avant-dernier a également fermé en 2011. Cette année a d’ailleurs été décisive pour l’usine de Rodange, dont la pérennité a été mise en cause. «Mais les employés n’ont pas baissé les bras», rappelle Pierre Jacobs, CEO d’ArcelorMittal Luxembourg Produits longs. «Ils ont su notamment optimiser les coûts de production.» L’OGBL a d’ailleurs rappelé dans un communiqué que ses délégués du personnel avaient réalisé une étude afin de démontrer l’intérêt de maintenir Rodange, «alors même que le management n’y croyait plus».

De Roland-Garros à Tottenham

Aujourd’hui, le laminoir du train A continue de tourner et a même trouvé une nouvelle spécialisation depuis 2015. Lancée sur le marché de la mobilité douce, l’usine de Rodange produit aujourd’hui onze profils de rails à gorge utilisés pour la construction des lignes de tramways dans 16 pays différents, dont le Luxembourg. D’autres types de rails, comme un modèle pour Big Carl, la plus grosse grue du monde se trouvant dans la centrale nucléaire d’Hinkley Point, en Grande-Bretagne, sont également produits. «On en retrouve aussi dans le toit roulant de Roland-Garros ou dans le stade de Tottenham», ajoute Henri Reding. Entre 120 000 et 130 000 tonnes d’acier sortent de l’usine chaque année.

Aujourd’hui, une nouvelle ère s’ouvre pour Rodange. «L’avenir de la sidérurgie locale passe par une intégration renforcée de nos sites luxembourgeois, dans laquelle ArcelorMittal Rodange joue un rôle capital», précise Pierre Jacobs. Un investissement de plusieurs dizaines de millions d’euros, dont environ 20 % pour Rodange, permettra aux trois usines de s’affranchir des exportations étrangères.

En chemin vers l’autosuffisance

Un nouveau four électrique doit en effet voir le jour en 2024 à Belval. De celui-ci sortiront 2 000 produits pour Rodange qui, pour le moment, doit les importer depuis l’Allemagne ou la Pologne. Une décision qui permettra au train A d’aller vers l’autosuffisance, mais aussi de réduire son empreinte carbone. «Belval et Rodange ne sont qu’à 13 kilomètres l’une de l’autre.»

Car la réduction d’énergie est aussi l’un des défis de demain. Les sites luxembourgeois d’ArcelorMittal ne seront pas touchés par la crise énergétique comme d’autres usines qui devront ralentir, voire s’arrêter, dans les mois à venir. Celle-ci frappe d’abord les hauts-fourneaux, victimes aussi du ralentissement de la production, notamment automobile.

Mais cela n’empêche pas ArcelorMittal de réfléchir à de nouvelles méthodes pour réduire sa consommation de gaz ou à des alternatives comme l’hydrogène ou l’électricité par induction. De nouveaux chantiers qui permettront d’écrire les prochaines pages de ces 150 ans d’histoire.

Une fresque de 130 m de long

ArcelorMittal a souhaité marquer ce 150e anniversaire avec une œuvre venant orner l’un des bâtiments. Après avoir reçu plusieurs projets, c’est finalement celui de l’artiste allemand Markus Müller qui a été choisi. Ce dernier a proposé une fresque murale longue de 130 mètres qui montre l’acier en fusion se transformant progressivement en rail. «Je voulais montrer comment l’acier liquide part de la chaleur pour aller jusqu’à son refroidissement», explique Markus Müller. En bout de course, un ouvrier est présent aux côtés du rail. «Il fallait représenter les travailleurs. Ce sont les personnes les plus importantes dans l’industrie.» L’œuvre, réalisée durant l’été, a nécessité quinze jours de travail et l’aide de quatre autres artistes. Une conception rapide, même si Markus Müller a tout de même rencontré quelques soucis. Si la fresque fait bien 130 mètres de long, elle est réalisée sur une paroi en tôle ondulée demandant donc plus de peinture que ce qu’il avait initialement prévu.

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