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Dernier sommet de Bettel : «J’ai beaucoup appris ici»


De décembre 2013 à octobre 2023 : Xavier Bettel lors de sa première réunion européenne à Bruxelles, avec Yuriko Backes, devenue ministre des Finances, et, hier, à son dernier sommet, salué par Ursula von der Leyen et son homologue grec, Kyriakos Mitsotakis.  (Photos Conseil del'Europe et SIP/Thierry Monasse&)

Le Premier ministre sortant tire sa révérence à Bruxelles après une décennie de présence parmi les chefs d’État et de gouvernement de l’UE. De multiples crises ont pavé le chemin de Xavier Bettel.

Il est arrivé le 19 décembre 2013 comme un des benjamins du Conseil européen. Il prendra aujourd’hui congé de ses pairs en étant un des trois plus anciens chefs d’État et de gouvernement de l’UE en fonction, aux côtés de Mark Rutte et de Viktor Orban, ses homologues néerlandais et hongrois.

Fidèle à son franc-parler, Xavier Bettel n’a d’ailleurs pas manqué d’adresser, en guise d’au revoir, un message musclé au Premier ministre de la Hongrie, grand agitateur parmi les 27, qui vient – en pleine guerre d’agression de la Russie contre l’Ukraine – de rencontrer en tête-à-tête le président russe, Vladimir Poutine.

«Il s’agit d’un vrai bras d’honneur vis-à-vis d’un pays qui tous les jours souffre des bombes et missiles russes», lance le Premier ministre luxembourgeois sortant, promettant de «dire ce qui (lui) importe» lors de la réunion entre les ténors de l’Union européenne.

«Un peu anxieux» au premier sommet

Il y a près de dix ans, lors de son tout premier sommet européen, Xavier Bettel n’avait pas caché être «un peu anxieux». «Je mentirais si je disais le contraire. C’est un moment important dans ma vie et je suis conscient de la responsabilité qui m’incombe aujourd’hui», avait ajouté le tout jeune Premier ministre luxembourgeois, venu succéder quelques jours auparavant au monstre sacré qu’était Jean-Claude Juncker. «Il a marqué l’histoire du Luxembourg et de l’Europe. Chacun a son style. Ce qui importe, c’est de pouvoir travailler ensemble dans l’intérêt des citoyens européens», soulignait Xavier Bettel.

La volonté de tirer sur la même corde aura été son leitmotiv au fil de la décennie passée parmi les chefs d’État et de gouvernement. La tâche ne s’est pas toujours avérée facile, au vu du nombre important de crises que l’UE a eu à gérer depuis 2013.

L’année 2015 s’est révélée particulièrement chargée avec notamment la crise migratoire, les attaques terroristes à Paris et, à l’époque, la menace d’un Brexit. Le Luxembourg assurait entre juin et décembre la présidence du Conseil de l’UE.

Au bout d’une «présidence de tous les dangers», le gouvernement de Xavier Bettel a été crédité d’une «excellente présidence, qui fut extrêmement efficace», comme le soulignait en décembre 2015 Donald Tusk, alors président du Conseil européen, avec à ses côtés Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne.

«Un sentiment bizarre de partir»

Le même Donald Tusk devrait retrouver, en tant que futur Premier ministre polonais, Luc Frieden à Bruxelles, le successeur désigné de Xavier Bettel. «C’est un sentiment bizarre de partir, après les dix années où j’ai eu l’honneur de travailler avec mes pairs», admettait jeudi le Premier ministre sortant. Il constate «être arrivé en des temps difficiles. Et les temps sont toujours difficiles au moment où j’arrête». Son dernier sommet est marqué par la crise au Proche-Orient, mais aussi la guerre contre l’Ukraine et la migration.

Il est intéressant de noter que l’adhésion de l’Ukraine à l’UE était déjà un sujet lors de la première réunion européenne de Xavier Bettel. «La porte pour l’Ukraine est toujours ouverte. Il faut bien entendu leur donner l’espoir de pouvoir entrer dans l’UE», affirmait le Premier ministre lors de sa toute première déclaration devant la presse internationale.

Dans la foulée, les 28, puis les 27, ont été confrontés à la crise migratoire, celle de la dette grecque ou encore la pandémie de covid «où le premier réflexe de certains pays a été d’enterrer Schengen au lieu de coopérer».

Mais, en fin de compte, Xavier Bettel se dit «fier» que les États membres aient «la plupart du temps réussi à trouver des solutions». «J’ai vécu beaucoup de beaux moments, mais aussi des moments plus difficiles. Beaucoup d’amitiés ont été nouées, j’ai vu beaucoup de collègues arriver et partir. La démocratie est ainsi faite», retrace le Premier ministre sortant, soulignant encore et toujours l’importance de la solidarité européenne «qui ne semble plus être la priorité dans certains pays». «Il ne faut néanmoins jamais abandonner l’espoir que l’on trouve des solutions communes», notamment car l’UE «a surpassé et survécu à beaucoup de crises».

«Luc Frieden va faire du bon travail»

En cette période de polycrises, Xavier Bettel espère «pouvoir être utile au prochain gouvernement». «J’ai appris beaucoup ici, cela n’est pas à sous-estimer», met en avant le Premier ministre sortant, pressenti pour devenir ministre des Affaires étrangères.

En décembre, Luc Frieden devrait représenter le Luxembourg au prochain sommet européen. «Il connaît très bien les rouages à Bruxelles. Il est dans l’intérêt du pays que les 26 autres États membres s’entendent bien avec le Premier ministre luxembourgeois», met en perspective Xavier Bettel, qui se dit «convaincu que Luc Frieden va faire du très bon travail pour le Luxembourg, l’Europe et tous les citoyens. Cela m’importe beaucoup».

Un commentaire

  1. On souhaite que le sujet de l entree de l ukraine soit encore a l ordre du jour en 2500…si l UE existe encore a cette date.

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