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Coup de barre de fer à la tête : la victime couvre l’auteur présumé


La victime défend son ami qui n’a pas jugé utile de se présenter à la barre pour répondre des accusations qui lui sont faites. (Photo : archives lq)

Khalid a été frappé à la tête avec une barre de fer. Des témoins accusent son ami Ibrahim, contrairement à la victime qui tente de disculper celui qui a pris la poudre d’escampette.

Ibrahim est accusé d’avoir défoncé le crâne de son ami avec une barre de fer dans la nuit du 30 mai 2020, dans l’avenue de la Liberté, à Luxembourg. Deux agents de sécurité postés devant une agence bancaire ont été témoins des faits. Leur chien a réussi à rattraper l’auteur présumé des faits et à le retenir jusqu’à l’arrivée de la police quelques minutes plus tard.

«Nous avons été alertés par des cris. Il y avait une dizaine de jeunes. Nous avons fait une sommation verbale, mais personne ne nous a entendus. Nous avons pris le chien pour disperser le groupe. J’ai vu un homme sauter dans le chantier du tram et chercher quelque chose. Il s’est relevé avec une barre de fer et a frappé l’autre homme», a rapporté le maître-chien hier. Il identifie Ibrahim et Khalid. «Il y avait deux Blancs et un groupe de personnes d’origine africaine. L’homme qui a donné le coup de barre de fer était blanc», a-t-il précisé à la demande du président de la 12e chambre criminelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg.

La victime, elle, réfute cette version. Son ami ne l’a pas frappé. «Nous étions bourrés et nous nous sommes disputés avec des personnes noires. C’est un de ces hommes qui m’a frappé», affirme le jeune homme actuellement endetté. «Ibrahim n’a rien à voir là-dedans.» Il prétexte un deal de drogue qui aurait mal tourné et a assuré aux policiers qui l’ont interrogé que son ami avait déjà pris la fuite quand il a été frappé. Quant au prévenu, il avait à l’époque des faits prétendu avoir désarmé l’agresseur de son ami. Le président de la 12e chambre criminelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg et l’enquêteur de la police judiciaire se sont demandé si le prévenu et sa victime présumée ne se seraient pas accordés sur une version qui disculperait Ibrahim après les faits.

Qui dit la vérité et pourquoi Ibrahim aurait-il pu frapper son ami? L’enquêteur pense «qu’il voulait toucher quelqu’un d’autre, mais que Khalid était dans le chemin». Une explication plausible qu’aurait pu livrer le prévenu ou son avocat. Encore eût-il fallu qu’Ibrahim ne prenne pas la poudre d’escampette et que son avocat ne dépose pas son mandat.

Ibrahim sera donc jugé par défaut pour tentative de meurtre ainsi que coups et blessures volontaires avec circonstances aggravantes. Khalid a subi un trauma crânien et un hématome épidural. Il a eu de la chance. Bien qu’il n’ait jamais été en danger de mort, le jeune homme aurait pu l’être et conserver des séquelles neurologiques, selon un médecin légiste.

Tentative de meurtre

La substitute du procureur a choisi de croire la version des deux agents de sécurité qui est constante depuis la commission des faits, contrairement à celles des deux amis. De plus, outre de l’ADN de la victime, du sang du prévenu a été trouvé sur la barre de fer. Ibrahim a pu être blessé lors de la bagarre avec le groupe de jeunes d’origine africaine avant de se saisir de son arme improvisée. Les agents avaient fait état de bruits de verre brisé.

La magistrate a rejeté la version livrée hier à la barre de la 12e chambre criminelle par Khalid. «C’est la troisième», remarque-t-elle. «Je comprends qu’il veuille sauver son ami, mais ses versions ne collent pas.» Elle a finalement requis une peine de 12 ans de prison ferme pour tentative de meurtre à l’encontre du prévenu, déjà condamné pour d’autres faits en Belgique par le passé.

Le fait de se saisir d’une barre de fer et de s’en servir comme arme contre une tierce personne tout en sachant les blessures potentiellement mortelles qu’il pouvait infliger à son adversaire suffirait, selon la magistrate, à prouver son intention de donner la mort. Reste que la victime l’a dit : «On était bourrés». Aux juges de toiser les faits à leurs justes proportions.

Le prononcé est fixé au 4 mai.

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