Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
Le congrès des Verts a eu lieu samedi à Limpertsberg. Christian Kmiotek et Françoise Folmer ont été confirmés à la présidence du parti. Après trois ans au gouvernement, le bilan des Verts est plus que positif et le parti s’en félicite amplement. Pendant ce temps-là, les populismes progressent, y compris au Luxembourg.
Un parti des Verts intransigeant sur les valeurs libérales qu’incarne le Luxembourg, à un moment de l’histoire où un peu partout dans le monde, s’opèrent des virages à droite en politique, c’est ainsi que se voient déi gréng et c’est par cette vision que Françoise Folmer avait choisie d’ouvrir le congrès au Tramsschapp.
Une vision de soi qu’on a pu retrouver par la suite dans tous les autres discours prononcés, samedi, et qui démontre la confiance en soi du parti qui, comme le soulignait la coprésidente, agirait toujours “dans le consensus afin d’être proche des gens”.
Démarche d’ailleurs mise en avant par Félix Braz, ministre de la Justice, dans son discours. Selon lui, déi gréng est avant tout un exemple de “démocratie vécue”, où tous les membres se rencontrent “à niveau égal” dans un parti qui n’a rien d’un “club fermé”. COP21, réforme fiscale, CETA/ TTIP, égalité des chances, protection de la nature: autant de dossiers à travers lesquels les Verts auraient démontré leur volonté d’agir et d’avancer.
Tout comme ils auraient fait preuve d’une “planification à la fois réaliste et optimiste” dans le domaine de la mobilité, par exemple, notamment concernant la réintroduction du tramway.
Ainsi, les collègues n’ont pas tari d’éloges pour François Bausch, ministre du Développement durable et des Infrastructures, ou encore Carole Dieschbourg et Camille Gira, respectivement ministre de l’Environnement et secrétaire d’État. Jamais auparavant, en effet, les investissements n’auraient été si élevés, a estimé Félix Braz. Parmi les domaines où les progrès réalisés seraient les plus apparents, le ministre a cité l’extension du parc éolien ou encore celle des zones Natura 2000 et de protection des eaux.
À contrecœur contre le voile intégral?
Sur le plan législatif, le ministre vert a retenu comme moment fort la réforme de la loi sur la nationalité et l’introduction du concept de droit du sol. Concernant la loi antiterroriste, Félix Braz a tenu à rassurer que “toutes inquiétudes légitimes” avaient été respectées “avec une précision millimétrique” et les avis demandés, entièrement pris en compte. “Après trois ans au gouvernement, la politique verte commence à devenir visible”, a estimé la députée Vivane Loschetter. Selon elle, déi gréng a été le garant pour “l’ancrage” dans la loi sur la nationalité de tout ce qui permet un “maximum de participation”.
Claude Turmes a profité de la journée de samedi, sixième anniversaire de la catastrophe de Fukushima, pour plaider la fermeture de la centrale nucléaire de Cattenom, dont le directeur avait envisagé une possible utilisation durant les trente prochaines années. Une réflexion “cynique” pour l’eurodéputé vert. Celui-ci estime que les centrales nucléaires les plus fiables sont celles “qui n’ont jamais été construites ou ont été fermées”.
Dans le contexte de la menace populiste en Europe, Claude Turmes a cité en exemple l’approche conciliante d’Alexander van der Bellen du parti vert autrichien et qui récemment a été élu président au pays du Danube. Une victoire similaire des Verts serait probable aux Pays-Bas.
Au congrès de samedi, ont également été adoptées deux résolutions, l’une portant sur le “commerce mondial équitable”, l’autre intitulée “Continuer à penser le Luxembourg”. La première revient sur les discussions autour du CETA/TTIP et statue que déi gréng s’opposent désormais “à la manière dont les accords d’échange international ont été négociés jusqu’à présent”.
La deuxième résolution s’inscrit dans le cadre de l’interdiction du port du voile intégral, envisagée par la coalition, mais qui a visiblement mis mal à l’aise les Verts. Ceux-ci se sont engagés, samedi, à ne pas céder “à la récupération par des partis de discours populistes ou xénophobes”. Félix Braz a exclu samedi de se prononcer sur une possible interdiction du voile intégral, avant la fin des consultations au sein du gouvernement.
Frédéric Braun
