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Conflits sociaux : l’OGBL dans la rue le 13 janvier


C’est la voix enrouée que Nora Back, la présidente de l’OGBL, a lancé plusieurs mises en garde musclées hier à l’adresse du nouveau gouvernement conservateur-libéral.

Le premier syndicat du pays voit la paix sociale mise en danger par un camp patronal qui «piétine» le modèle social et un «vent politique froid et libéral». La riposte s’organise.

Le «vent froid» qui soufflerait depuis la prise du pouvoir du gouvernement CSV-DP a fait une première «victime». C’est en effet la voix enrouée que Nora Back s’est présentée, hier, face à la presse après la réunion du comité national de l’OGBL. «On se voit obligés de se défendre beaucoup à l’extérieur et dans le froid», lance la présidente, qui fait référence à la grève chez Ampacet, qui dure désormais depuis 16 jours (lire nos éditions précédentes).

Le comportement de la direction du fabricant de granulés en plastique constituerait une «attaque frontale d’envergure sur la population active dans son ensemble». La dénonciation unilatérale de la convention collective, suivie d’un blocage de toute négociation constructive, viendrait démontrer «toute la faiblesse» de la législation en vigueur. «Si cet exemple fait école, nous allons vivre ce qu’on n’aurait jamais souhaité, à savoir une vague de conflits sociaux. La paix sociale, qui est pourtant aussi un atout pour la compétitivité du pays, sera mise en péril», met en garde Nora Back.

Et que fait le nouveau gouvernement ? Offrir des «cadeaux fiscaux» aux promoteurs immobiliers, promettre des allègements fiscaux aux entreprises, sans prendre d’engagement ferme pour mener une réforme fiscale équitable pour les citoyens, «affaiblir» le droit du travail et, finalement, «remettre fondamentalement» en question le système de pension solidaire et public. «C’est très dangereux et cela intervient, malheureusement, dans une période où on a plus que jamais besoin d’un renforcement de la cohésion sociale et de la solidarité, notamment pour contrer les tendances extrémistes. Or, s’attaquer à l’État social constitue un poison pour la cohésion à l’intérieur de la société», s’offusque la présidente de l’OGBL.

Elle reproche non seulement au CSV et au DP de mener une «politique libérale et pro-patronat», mais aussi d’omettre de s’investir pour renforcer les droits des simples salariés. Le programme gouvernemental ne prévoirait ainsi aucune initiative pour revoir la législation sur les conventions collectives, voire le droit de grève. «Une directive européenne force toutefois le Luxembourg à mettre d’ici fin 2024 un plan d’action en place pour atteindre un taux de couverture de 80 %. Pour l’instant, on compte à peine 50 % de conventions collectives», rappelle Nora Back.

Une mobilisation plus large

Face à la multiplication des conflits sociaux (Ampacet, ArcelorMittal, Liberty Steel, CargoCenter, restauration collective, construction, etc.), l’OGBL a décidé de lancer une mobilisation plus large. «Il est dans l’intérêt de tout un chacun que le modèle social cher au Luxembourg soit maintenu», souligne la présidente. Une journée de protestation est ainsi annoncée pour le 13 janvier prochain à Luxembourg.

«Ce n’est pas l’OGBL qui s’est radicalisé, mais la situation globale», assure encore Nora Back, récusant le reproche d’une multiplication des actions du syndicat liée aux élections sociales de mars 2024.

CSL : Nora Back candidate
à sa propre succession

Les élections sociales du 12 mars 2024 vont à la fois servir à renouveler l’assemblée plénière de la Chambre des salariés (CSL) et les délégations du personnel dans les entreprises comptant 15 salariés et plus. Le rapport de force qui va prévaloir à la CSL, composée de représentants de 9 groupes socioprofessionnels, sera scruté de près.

La présidente sortante, Nora Back (OGBL), a confirmé hier vouloir postuler pour un second mandat. Elle va figurer sur la liste des 60 candidats que son syndicat va présenter aux élections sociales.

Lors du scrutin de 2019, l’OGBL avait décroché une majorité de 35 sièges à la CSL. Les autres syndicats représentés sont le LCGB (18 sièges), l’ALEBA (4 sièges), la FNCTTFEL (2 sièges) et le Syprolux (1 siège).

Il est à rappeler que l’ensemble des 600 000 salariés et retraités – résidents ou frontaliers – ont le droit de vote aux élections sociales.

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