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[Communales] Hesperange : un désir de transparence


Si beaucoup d’infrastructures, comme le centre multifonctionnel CELO, ont vu le jour durant ce mandat, l’opposition pense qu’il est possible d’en faire encore plus pour la commune, notamment en termes de mobilité. (Photo : julien garroy)

Avec la majorité absolue au conseil communal depuis les élections de 2017, le CSV a pu mener de nombreux projets. Mais l’opposition critique un manque de transparence et de dialogue.

À l’heure de dresser le bilan de son mandat, le bourgmestre de Hesperange, Marc Lies, égrène sans hésiter les différentes infrastructures qui ont vu le jour sous sa majorité. De nouvelles écoles dans les villages, une nouvelle caserne pour les pompiers, de nouvelles pistes cyclables ou encore la construction du CELO, un centre multifonctionnel comprenant une salle de spectacle, un foyer, un restaurant et un bâtiment administratif : les chantiers se sont multipliés ces dernières années.

«Notre projet phare reste le plan d’aménagement particulier (PAP) à Alzingen qui permettra de construire 400 nouveaux logements», ajoute l’édile CSV. Détenant la majorité absolue des sièges au conseil communal depuis les élections de 2017, les chrétiens-sociaux ont pu mener leurs projets comme ils le souhaitaient, même si Marc Lies affirme avoir toujours travaillé avec l’opposition. «C’est bien sûr la majorité qui prend les décisions, mais les projets qui vont dans le bon sens ont toujours fait l’unanimité. Peut-être que certains chantiers ont pu être réalisés plus vite, mais la collaboration a toujours été bonne.»

Une vision que ne partage pas tout à fait les autres partis. Le DP regrette évidemment l’époque de la coalition et de sa participation au collège échevinal. «Lorsqu’on en fait partie, on peut changer les choses, note le chef de file des libéraux, Claude Lamberty. Ici on a un parti qui a la majorité absolue et, au conseil communal, on ne reçoit qu’une information sur laquelle on peut seulement être pour ou contre, sans faire de propositions. On veut arriver à nouveau à un dialogue au moins entre deux partis, c’est ça l’avantage d’une coalition.»

Les pirates proposent même d’aller plus loin. «Nous sommes favorables à la démocratie directe, tente Mathis Godefroid, qui mène leur liste. Nous voudrions instaurer la possibilité de référendums communaux, notamment sur les grands projets.» Une manière d’aller vers plus de transparence, une question qui agite également beaucoup les candidats. «C’est un mot qui est utilisé par beaucoup de politiciens, mais qu’est-ce qu’on entend par transparence? Pour nous, c’est communiquer avec les citoyens et pas seulement quand ça vous arrange», analyse Stephen De Ron, tête de liste de déi gréng.

Pour les libéraux et les écologistes, l’absence de l’opposition dans le journal communal, de Buet, pose par exemple problème. «C’est une publication pour le collège échevinal, continue Stephen De Ron. Imaginez qu’à la Chambre des députés, on ne reprenne que les partis de gouvernement et pas ce que disent les autres, ce serait un scandale.» Mais pour Marc Lies, cette critique n’a pas lieu d’être. «Toutes les questions qu’ils posent au collège échevinal sont intégralement publiées dans le Buet avec les réponses qu’ils reçoivent.»

«On peut toujours faire plus»

Peu importe ce que peut dire le bourgmestre, pour l’opposition, la transparence se fait timide à Hesperange et ce n’est pas le détournement de fonds qui la fera changer d’avis. En début d’année, deux fonctionnaires communaux ont été condamnés pour avoir détourné cinq millions d’euros sur vingt ans. Si la majorité n’est pas mise en cause, sa réaction a été vivement critiquée.

Le rapport de conformité, commandé à la suite du scandale, n’a pas été tout de suite rendu public. «Les conseillers communaux n’ont jamais pu disposer d’une copie pour la ramener à la maison et l’analyser», dénonce Stephen De Ron. Enquête et secret de l’instruction, a toujours répondu le bourgmestre. «Tout le monde ou presque l’a appris par les réseaux sociaux, il n’y a eu que très peu d’informations officielles de la part de la ville, regrette Mathis Godefroid.

L’affaire pose aussi la question de la gestion des comptes publics. «Il faut que les choses soient vérifiées. Il doit y avoir des contrôles aléatoires pour éviter une mauvaise gestion», ajoutent les écologistes. «Tout a été fait en 2019 quand on l’a découvert, rétorque Marc Lies. Et on a encore mis en place d’autres mesures après le rapport de conformité.» Mais le DP reste méfiant. «Si on revient dans la majorité, on analysera ce qui s’est passé pour que cela ne puisse plus arriver», annonce Claude Lamberty.

Sur le reste du bilan du CSV, les autres partis sont plus cléments et reconnaissent que de nombreux chantiers engagés étaient nécessaires. Mais une frustration demeure. «Le bourgmestre a fait beaucoup de choses, mais je ne peux pas lui donner une note parfaite», juge Mathis Godefroid. «On peut toujours faire plus, ajoute Stephen De Ron. Chaque village devrait avoir un centre avec une épicerie, un café… pour être un lieu de rencontre.» Une idée qui plaît aussi au DP.

La question de la mobilité revient également très souvent sur la table. Au-delà de la nécessité d’un contournement (lire encadré), tous s’accordent à dire que d’autres pistes doivent être explorées. «On doit se montrer créatif, lance Claude Lamberty. Il faut garantir la mobilité entre les cinq villages, ce n’est pas le cas pour le moment.» La multiplication et la sécurisation de pistes cyclables, notamment, est présente dans tous les programmes, y compris celui de la majorité. «Mais quand on souhaite construire une nouvelle piste, on essuie de nombreux refus de la part du ministère de l’Environnement», rappelle Marc Lies. Quelle que soit sa couleur, le futur collège échevinal est prévenu.

Sollicité, le LSAP n’a pas répondu à nos questions dans les temps.

Un contournement qui fait consensus

Sujet qui anime les débats au sein de la commune depuis de nombreuses années, le futur contournement continuera de faire parler de lui lors du prochain mandat. D’une longueur de six kilomètres, le tracé définitif, qui partira d’Alzingen pour rejoindre le quartier Gare à Luxembourg en passant par Howald et la nouvelle N3, a été validé en novembre 2022. Mais les travaux ne sont pas près de commencer pour autant.

«Le contournement, c’est un projet national, rappelle le bourgmestre, Marc Lies. En tant que commune, on ne peut que pousser et en tant que député je ne sais pas combien de questions parlementaires j’ai déjà posées.» La loi de financement doit encore être votée, théoriquement avant la fin de l’année, avant que le projet ne puisse être définitivement validé, notamment par le ministère de l’Environnement. «Les travaux pourraient potentiellement commencer en 2025-2026, estime Marc Lies. J’espère bien qu’on ne va pas faire la même expérience que Käerjeng.»

Le projet a au moins le mérite de mettre tout le monde d’accord au sein de la commune, majorité comme opposition. «Nous sommes pour le contournement, la situation du trafic n’est pas bonne, affirme la tête de liste de déi gréng, Stephen De Ron. Il y a 20 ans, c’était déjà le bordel, ce n’est pas un problème qui date d’hier!» Même son de cloche du côté du DP. «Le trafic, c’est le problème n° 1, n° 2 et n° 3 ensemble, martèle le conseiller communal sortant Claude Lamberty. Mais pour le moment, rien n’est clair.» Le projet apparaît d’autant plus incontournable que la commune de Hesperange ne cesse de croître d’année en d’année. «Il faut ce contournement pour améliorer la qualité de vie au sein de la ville et apporter plus de calme et de sécurité aux habitants», ajoute Mathis Godefroid, qui mène la liste des pirates.

Et tant pis si le tracé retenu doit passer par une zone classée Natura 2000, l’heure est au pragmatisme, y compris chez les écologistes. «Il faut trouver la solution la plus respectueuse de l’environnement et faire des compromis», reconnaît Stephen De Ron.

Actuellement, environ 22 000 voitures traversent quotidiennement Hesperange.

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