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Contournement de Hesperange : les pelleteuses sont encore loin


L'aval apporté par le gouvernement à la variante «Nord-Ouest» du contournement ne signifie pas encore le commencement du chantier routier titanesque qui s’annonce. Photo : ministère de la mobilité

Si le gouvernement a enfin acté le tracé définitif du futur contournement devant délester Hesperange et Alzingen du trafic routier, le début du chantier est encore loin. Au mieux, le projet pourrait être achevé pour 2030.

Les dés sont jetés depuis vendredi. Le Conseil de gouvernement a enfin entériné le tracé du futur contournement attendu de pied ferme dans la commune de Hesperange et par de nombreux navetteurs devant emprunter la nationale 3 (route de Thionville) pour accéder à la capitale (Bonnevoie, Gare ou Howald, Gasperich) en provenance de Frisange.

Le député-maire Marc Lies (CSV) entrevoit-il enfin le bout du tunnel ? «Après de très longues années d’attente, on est content que le tracé soit enfin définitivement ficelé. L’impatience demeure toutefois grande», répond-il dans l’entretien qu’il a accordé au Quotidien.

Non seulement la prise de décision accuse un énorme retard. Mais, en outre, l’aval apporté par le gouvernement à la variante «Nord-Ouest» du contournement (voir ci-dessous) ne signifie pas encore le commencement du chantier routier titanesque qui s’annonce.

«Je ne perds pas espoir qu’un entrain renforcé de la part des administrations étatiques puisse permettre de ficeler au plus vite l’avant-projet détaillé avec, à la clé, une adoption de la loi de financement dans les huit mois à venir», affirme Marc Lies, avant de compléter : «Cela ne me dérangerait pas que le vote intervienne lors de la toute dernière séance plénière en juillet prochain, en tant que dernier point à l’ordre du jour. Cela pourrait être une note positive pour conclure la législature en cours.»

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Un contournement long de six kilomètres

Ces dernières années, le ministre de la Mobilité et des Travaux publics, François Bausch (déi gréng), n’a cessé de clamer que la loi de financement passerait devant la Chambre avant octobre 2023. Les édiles de Hesperange espèrent qu’au moins cette date pourra être tenue. Car l’échéancier a souvent été bousculé.

Une décision sur le tracé du contournement était annoncée pour l’automne 2021. Cette année-là, début juillet, le ministre misait encore sur un vote de la loi au printemps 2023 et un début des travaux en 2024. Ce calendrier ne semble plus être tenable, au grand dam du député-maire : «La consultation publique devait être lancée déjà fin 2017. Il a fallu attendre octobre 2022. Si l’échéancier initial avait été respecté, le vote de la loi de financement aurait pu avoir lieu courant 2018, au même titre que celle sur le contournement de Bascharage.»

Le projet routier dans le sud-ouest du pays sert d’indicateur à Marc Lies. L’enveloppe budgétaire est validée depuis juillet 2018 par la Chambre. Les travaux à Bascharage doivent commencer en 2023. Le sud de la capitale devra-t-il attendre… 2029 avant de voir les travaux commencer ?

«Il est compréhensible qu’un laps de temps ne puisse pas être défini. Il est toutefois important que notre commune soit délestée. La situation empire quotidiennement. J’espère que le contournement sera achevé avant 2030», lance le bourgmestre.

Actuellement, quelque 22 400 voitures se faufilent tous les jours à travers le cœur de Hesperange. Sans contournement, jusqu’à 27 700 voitures pourraient traverser en 2030 la commune, dont 23 300 en direction et en provenance de Howald. La qualité de l’air est lourdement dégradée par ce flux continu de trafic routier.

Pour y remédier, le gouvernement mise sur un tracé de délestage de six kilomètres qui prend son départ à l’entrée d’Alzingen et qui contourne Hesperange à l’ouest pour rejoindre directement, en longeant notamment l’autoroute A3 (Dudelange-Luxembourg), le plateau de Howald et la nouvelle N3.

Les différents tracés qui étaient à l’étude. Illustration : ministère de la Mobilité

Des travaux d’une durée de six ans

Un enjeu majeur demeure l’impact qu’aura le contournement sur l’environnement. Le tracé passera en effet par une zone de protection naturelle classée Natura 2000. «Aucune des variantes analysées n’a permis d’éviter des incidences significatives sur le réseau Natura 2000», constate le gouvernement dans un communiqué officiel.

Or «des raisons impératives d’intérêt public majeur sont à invoquer pour permettre la construction du projet, et ce, notamment, dans une perspective régionale, pour des raisons de sécurité et de santé publiques ainsi que pour des raisons économiques».

Des recours devant les instances compétentes risquent-ils de retarder encore le projet ? «On nous a toujours assuré que le dossier a été construit en prenant bien soin de tous les critères environnementaux. En principe, rien ne devrait remettre en question le projet, même s’il n’est pas à exclure que l’un ou l’autre se manifeste», admet Marc Lies.

Mais, en fin de compte, «la variante choisie est la plus sensée, aussi parce que le tracé retenu tient compte des corridors ferroviaire et routier déjà existants, ce qui limite l’impact sur l’environnement».

En juillet 2021, le ministre de la Mobilité et des Travaux publics misait sur des travaux s’étendant sur six ans, entre 2024 et 2030. Il faudra certainement attendre juillet 2023 pour y voir plus clair.

Les spécificités du tracé «Nord-Ouest»

TRACÉ Le point de départ du contournement sera situé à l’entrée d’Alzingen. Un échangeur est prévu pour garantir l’accès à Fentange et Bivange. Ensuite, le cap sera mis sur Howald, où le rond-point déjà existant près du grand supermarché sera réaménagé, tout comme le reste de la rue des Scillas (tram, accès au pôle d’échange Howald, etc.). Le tracé continuera sur la nouvelle N3 en direction du quartier Gare de Luxembourg, dont la première partie est déjà ouverte à la circulation (entre le pont Buchler et le pôle d’échange Lycée Bonnevoie).

LONGUEUR Le contournement en lui-même aura une longueur de 6,032 kilomètres. TRAFIC Le contournement doit permettre de baisser à l’horizon 2030 de 15 800 à 6 600 le nombre de voitures qui passent tous les jours par Hesperange. Dans ce scénario, la réalisation d’une zone de rencontre (shared space) pourrait devenir réalité. OUVRAGES D’ART Le tracé retenu nécessite la construction d’un ensemble de 22 ouvrages d’art, dont 8 passages en dessous d’ouvrages existants, 4 nouveaux ponts, 7 ouvrages hydrauliques et 3 passages à faune.

TRANCHÉE COUVERTE Afin de limiter l’impact sur l’environnement, le tracé prévoit la construction d’une «tranchée couverte» longue de 250 mètres. Il s’agit d’un genre de tunnel dont la partie supérieure recrée un corridor écologique. La tranchée sera située au nord et au sud des massifs forestiers «Fennerholz» et «Neit Fennerholz», qui seront traversés par le contournement. «Ces massifs forestiers resteront fortement liés au corridor écologique qui sera réactivé grâce à la réalisation du passage à faune enjambant l’autoroute A3 au sud de la tranchée couverte», précise le ministère.

TUNNEL En 2019, le ministre François Bausch avait lancé l’option de construire un long tunnel afin de réduire l’impact environnemental du contournement. Le projet a été abandonné à l’été 2021.

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