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Cinq faits à connaître sur le télétravail au Luxembourg


C’est le mot qui revient sans cesse dans les conversations des salariés du pays depuis plusieurs semaines : le télétravail. Le Statec et la Fondation Idea ont révélé plusieurs études sur ce phénomène avec des chiffres étonnants.

C’est sans conteste le phénomène qui a bondi durant la crise sanitaire. Le télétravail s’est démocratisé dans tous les pays touchés par le Covid-19 et a ouvert des perspectives à des millions de travailleurs. 

La Fondation Idea et le Statec ont révélé dernièrement plusieurs études sur le phénomène au Luxembourg, pendant et après la crise sanitaire, qui détaillent quelques faits, parfois méconnus. En voici cinq à retenir.

  1. Le Luxembourg est le pays n°1 en Europe pour le télétravail 

Le télétravail a fortement augmenté d’un mois à l’autre en 2020 partout en Europe, mais à différentes échelles. Le Luxembourg est pourtant un cas exceptionnel, selon une étude du Statec, qui révèle que le pays est de loin au premier rang du travail à domicile en Europe en 2020. 

Avant la pandémie, le Luxembourg était au deuxième rang derrière les Pays-Bas. Le pays connait ainsi la plus importante augmentation dans toute l’Union européenne. 

Il est important de noter ici que tous ces chiffres ne concernent que les résidents du pays. Des données sur le télétravail incluant les frontaliers n’existent pas à ce jour pour le marché du travail luxembourgeois.

2. On télétravaille deux fois plus qu’avant la pandémie 

Le Statec souligne une vraie «continuité d’un haut niveau du télétravail», tout au long de la crise sanitaire jusqu’à aujourd’hui. Le télétravail atteint avec 52% des salariés, un record historique lors du confinement au deuxième trimestre 2020. 

Mais un an plus tard, au deuxième trimestre 2021, encore 41% des actifs du Luxembourg ont effectué du télétravail. Il reste donc à un niveau deux fois plus élevé qu’avant la pandémie.

3. Plus de la moitié des emplois peut être réalisée à distance 

L’institut de recherche a aussi évalué la «télétravaillabilité» des métiers, afin de mesurer quels emplois peuvent être effectués à distance et si une présence physique est réellement nécessaire pour exercer les tâches quotidiennes, «étant donné l’état actuel de la technologie». 

Il apparaît ainsi que ce potentiel de télétravaillabilité est «exceptionnellement élevé» au Luxembourg, loin devant tous les pays européens. Plus de la moitié des emplois des résidents du Grand-Duché peuvent théoriquement être effectués à distance.  

Quatre professions sont particulièrement concernées : analystes informatiques, spécialistes financiers, juristes et autres spécialistes.

4. Il sera plus difficile qu’ailleurs de déployer le télétravail au Luxembourg 

La présence de frontières étatiques entre le lieu de travail et le domicile de près d’un salarié sur deux constitue, selon une étude de la Fondation Idea, le frein au travail à distance qui sera le plus difficile à faire évoluer au Luxembourg. 

«Il nécessitera de multiplier les efforts diplomatiques et de trouver des compromis dans le cadre d’une coopération transfrontalière ambitieuse», note l’auteur de l’étude, Vincent Hein. Actuellement, les frontaliers belges peuvent recourir au télétravail 34 jours par an, les Français, 29 jours (ce seuil doit passer prochainement à 34, ndlr) et les Allemands, 19 jours. 

Un déséquilibre et une vraie fracture avec les résidents luxembourgeois, qui aurait tout intérêt à disparaître. Négocier, avec les Etats voisins, une «répartition équitable de la fiscalité prélevée sur le télétravail des frontaliers serait l’une des solutions pour abonder des fonds de codéveloppement, en contrepartie de la révision à la hausse des seuils applicables», détaille l’économiste de la Fondation Idea. 

«Avec ces fonds, il serait possible de lancer des appels à projets pour financer des infrastructures de mobilité, des projets de formation communs, des équipements sociaux, culturels, environnementaux… L’important étant qu’ils aient une plus-value transfrontalière, et renforcent la fluidité, la cohérence, l’attractivité et la durabilité du territoire transfrontalier». 

5. Des avantages notables, mais aussi des inconvénients 

En comparaison internationale, le Luxembourg trouve des conditions «exceptionnellement favorables» au télétravail, selon le Statec : un potentiel déployé grâce à la crise sanitaire, mais pas tout à fait atteint en 2020. 

Il y a pourtant des avantages évidents pour le pays : la réduction du trafic et du nombre de navetteurs par exemple. Entre 2016 et 2019, le pays a créé autour de 15 000 emplois par an, ce qui représenterait, compte tenu des habitudes de mobilités renseignées par l’étude Luxmobil de 2017, l’équivalent de 9 150 voitures supplémentaires sur les routes du pays. 

Entre mars 2020 et mars 2021, les déplacements routiers ont en moyenne baissé de 15% et le nombre moyen d’heure passé dans les bouchons a réduit de 163 heures en 2019 à 105 heures en 2020. 

Mais attention : il ne faut pas pour autant considérer le télétravail comme solution unique aux problèmes de mobilité au Luxembourg. «Il faut mener d’autres efforts en matière d’aménagement du territoire et d’incitation à la mobilité durable, ne serait-ce que pour absorber les flux générés par les habitants et employés supplémentaires attendus les prochaines années», note Vincent Hein. 

Le Luxembourg peut, avec le travail à distance, espérer atténuer certains effets liés à la saturation, comme la pression foncière, immobilière et salariale, mais cela engendrerait aussi une perte d’activité dans les services (restaurants, commerces, etc.) en raison de la baisse de la consommation des salariés frontaliers, ainsi que des pertes fiscales. 

«Pour aborder la problématique du télétravail dans un contexte transfrontalier, il faut une prise de recul axée sur le développement territorial, et pas uniquement sur la situation des travailleurs. C’est une couche supplémentaire inévitable du débat sur le développement de cette pratique au Luxembourg», concluent les analystes de ces études.

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