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Budget 2024 : l’opposition renvoie Roth à ses études


Contrairement à sa collègue de parti Martine Hansen, le ministre des Finances, Gilles Roth (CSV), n'a pas réussi à enchanter les députés de l'opposition. (Photo : fabrizio pizzolante)

Les réactions à chaud à la présentation du projet de budget de l’État pour 2024 ne sont guère étonnantes. Tout comme le seraient les annonces du ministre des Finances, Gilles Roth (CSV), clament les députés de l’opposition parlementaire. La main tendue par le nouveau trésorier en chef du gouvernement a été rejetée aussi tôt par le LSAP, l’ADR, déi gréng, le Parti pirate et déi Lénk.

En toute fin de discours, Gilles Roth s’est adressé aux 25 élus de l’opposition : «Pour sortir d’une crise, il faut une analyse approfondie, une action réfléchie et une grande unité. C’est la raison pour laquelle nous tendons aussi la main à l’opposition pour qu’elle coopère avec ce gouvernement, même si je ne me fais pas d’illusion sur l’issue du vote final sur ce premier budget».

«Il faut que nous tirions sur la même corde»

L’ancien chef de file du CSV, coincé dans l’opposition de 2013 à 2023, souhaite pourtant un échange constructif avec les cinq partis qui ne font pas partie de la majorité, dont le LSAP et déi gréng, tous deux éjectés du gouvernement à l’issue des législatives d’octobre dernier. «Au-delà du vote et même au-delà du budget en lui-même, il est important, que nous, en tant que pays et en tant que peuple – et donc aussi en tant que politique – tirions sur la même corde», lançait mardi matin le ministre des Finances.

Son premier exposé n’a cependant pas du tout convaincu les partis auxquels il a tendu la main. Jusqu’au vote du budget, lors de la semaine du 22 avril, le successeur de Yuriko Backes (DP) aura, donc, encore du pain sur la planche.

Voici les réactions récoltées à l’issue de la présentation du projet de budget.

«Des mesures sociales manquent»

Taina Bofferding (cheffe de fraction du LSAP) : «Il est toujours intéressant d’observer ce que le ministre des Finances n’a pas énoncé dans son discours de présentation du budget. Il nous revient désormais en tant que parti d’opposition à étudier en détail ce qui se cache entre les lignes. Ce qu’il me manque sont des mesures sociales plus fortes, notamment pour combattre la pauvreté des enfants. Pour ce qui est des monoparentaux, il y a encore très peu de concret. Il faut voir ce qui sera finalement mis sur la table. Des mesures fiscales peuvent aider, mais la lutte contre la pauvreté nécessite davantage que ces quelques annonces. Elles étaient nombreuses, mais restent encore très vagues, en attendant de voir plus clair sur la teneur exacte de mesures envisagées».

 

«Rien dont on peut être fier»

Fred Keup (chef de fraction de l’ADR) : «C’est un budget caractérisé par les déficits à répétition. On continue à mener une politique de la dette sur le dos des prochaines générations. Un milliard déficit par an est annoncé. Ce n’est rien dont on peut être fier. Il s’agit aussi d’un budget sans ambition. Je ne vois vraiment pas vers quoi le gouvernement compte mener notre pays. On court derrière les problèmes apparus lors de la décennie écoulée, sans offrir de perspective d’avenir. Je ne dis pas qu’il ne faut plus s’endetter, mais de se donner un frein. Et il existe aussi une série de domaines où l’on pourrait réaliser des économies. Je pense au maintien de la politique idéologique menée ces 10 dernières années par les Verts, qui nous coûte des millions et des millions d’euros, mais qui a été désavouée en octobre 2023 par l’électeur. Or, ce gouvernement reste engagé sur la même voie. Il y a aussi le maintien de l’aide au développement, qui au vu des récentes évolutions géopolitiques, n’est plus autant demandée».

 

«Est-on face à l’économie ‘vaudou’?»

Sam Tanson (cheffe du groupe déi gréng) : «Beaucoup de brouillard entoure ce projet de budget. On balance beaucoup de chiffre et de termes, mais en fin de compte, il y a uniquement trois annonces concrètes : la hausse des accises sur le tabac, la baisse de 1 % de l’imposition des entreprises et la baisse des recrutements dans la fonction publique. On parle du besoin d’épargner, de réduire la dette publique, mais en même temps, on annonce qu’une partie importante des recettes, émanant de l’imposition des entreprises, sera rabotée. Est-on face à l’économie vaudou ou est-ce que l’on ne nous dit pas tout? En tout cas, je ne vois pas comment cette équation pourra être résolue. Ce qui nous inquiète vraiment est que l’on a beaucoup parlé des plus vulnérables, mais je n’ai pas entendu une seule nouvelle mesure comment le gouvernement compte réduire le risque de pauvreté. Ici, on ne peut certainement pas miser sur la continuité, ce n’est pas assez dans un contexte économique difficile, il faut poser d’autres accents»

 

«L’austérité attendra 2025»

Sven Clement (chef du groupe Pirate) : «Déjà avant la présentation, il était clair que le gouvernement n’allait pas, en amont des élections européennes, annoncer des mesures d’économies. Je ne suis donc pas étonné outre-mesure. L’austérité attendra donc, peut-être elle deviendra réalité dès 2025. Ensuite, il faut constater que pas une seule mesure au profit des locataires n’a été présentée. On formule encore une fois des promesses très concrètes aux entreprises et aux jongleurs de la Place financière, mais de l’autre côté, on n’évoque pas le sort des plus vulnérables de notre société. La fameuse réforme fiscale, attendue depuis des années, n’a pas du tout été mentionnée. Dans le domaine du logement, on compte mener une politique qui profite en premier lieu aux multipropriétaires. Si on veut être un pays des classes moyennes, il faut aussi s’assurer pour que tout un chacun puisse être intégrée à cette classe. Or, ce budget, ne donne pas cette impression».

 

«L’État assure un service minimum»

David Wagner (déi Lénk) : «Ce projet de budget ne me surprend guère, vu qu’on a affaire à un gouvernement libéral, qui clame la prudence au niveau des dépenses. Il n’est pas question de faire table rase, mais c’est un budget qui va dans une certaine direction. On ne sait pas encore exactement les domaines concernés, mais il y aura des économies qui vont devenir réalité. Je pense aux investissements dans le climat et l’énergie. Dans un premier temps, les dépenses augmentent avant de stagner, à partir de 2025 ou 2026. Est-ce vraiment ce dont on a besoin? Dans le domaine du logement, on constate que l’État assure un service minimum, ce qui ne veut pas dire que le gouvernement précédent aurait mieux fait dans ce domaine. On tente désormais d’inviter les banques et d’autres acteurs privés à prendre place dans le bateau. Il reste à savoir ce qu’il en adviendra, mais il s’agit bien d’un certain désengagement de la main publique. Pour le reste, je ne vois pas vraiment l’intérêt de faire augmenter encore les dépenses militaires…»

 

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