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CMCM : une nouvelle présidence qui fait parler


Le conseil d’administration a un nouveau président à sa tête. Mais les raisons de sa nomination interpellent. (Photo : archives lq/fabrizio pizzolante)

Depuis une semaine, la plus grande mutuelle du pays défraye la chronique et les rumeurs vont bon train.

Vu de l’extérieur, ce qu’il se passe à la Caisse médico-complémentaire mutualiste (CMCM) n’a rien à envier aux feuilletons les plus rocambolesques. Dernier épisode en date mardi : déi gréng souhaitent entendre la ministre de la Santé et de la Sécurité sociale, Martine Deprez, en commission. La veille, l’OGBL et le LCGB lui ont en effet demandé de soumettre la plus grande mutuelle du pays à un audit, et les verts veulent savoir ce qu’elle compte faire.

Les deux syndicats se disent préoccupés et exigent des garanties. «Il importe désormais de s’assurer que tous les emplois des salariés sont maintenus et que les prestations de la CMCM restent garanties aux affiliés», écrivent-ils à la ministre. Une inquiétude née après l’annonce-surprise de l’éviction du président du conseil d’administration. Si l’entreprise rencontre des problèmes de gouvernance, expliquent-ils, comment ne pas s’inquiéter pour cette mutuelle qui compte quelque 300 000 affiliés et 70 salariés?

Depuis le 27 février, en effet, le conseil d’administration (CA) a un tout nouveau président, Gilbert Goergen. Exit donc, André Heinen, en raison d’une «perte de confiance», comme le justifie officiellement le nouveau bureau exécutif. Pourtant, parmi certains salariés, au lendemain de l’éviction d’André Heinen, l’incompréhension règne. Les reproches qui lui sont adressés, par ceux qui osent prendre la parole, paraissent minces. Et les rumeurs vont bon train.

Une nouvelle présidence qui interroge

Mais entre les interlocuteurs qui ne souhaitent pas être cités, les communiqués supervisés par une société spécialisée en communication de crise et la réception de lettres anonymes, il est difficile de se faire une idée précise de ce qui s’est déroulé ces derniers temps au sein de la mutuelle. Une seule certitude : les dissensions au sein de la tête de l’entreprise ont abouti à ce qui s’apparente à un putsch (lire l’encadré). «Ce n’est pas un putsch, rectifie Gilbert Goergen, quand 8 membres du CA sur 13 votent pour un nouveau bureau exécutif et que le président refuse de parler.»

Le timing aussi interroge puisque ce changement de CA intervient alors que la CMCM se voit attaquée en justice par des assurances sur le renouvellement de son agrément. Selon Gilbert Goergen, cela ne pouvait attendre : «Nous avons demandé [à André Heinen] à plusieurs reprises des documents, mais nous n’avions pas de réponse», justifie-t-il.

Pour tenter de comprendre le climat de défiance qui règne dans l’entreprise, il faut revenir en 2022. À l’époque, une quarantaine de salariés envoient un courrier au CA. Ils demandent la mise en place d’un audit et accusent la direction générale, à la tête de laquelle se trouve Fabio Secci, de népotisme. Ils pointent aussi du doigt des irrégularités dans la rémunération de ce dernier, ainsi qu’une ambiance de travail délétère entre e-mails de menaces et mobbing.

Une médiation réussie

Ce coup de tonnerre débouche sur une médiation conduite par André Heinen. Le dialogue est rétabli entre le personnel et la direction, et des réformes structurelles voient le jour : un comité directeur est mis en place, Fabio Secci n’est donc plus seul à la tête de la direction, et un poste important confié jusqu’alors à l’un de ses proches revient à un autre salarié.

Il semblerait pourtant que ces mesures n’aient pas suffi à apaiser les tensions. Et la nomination comme président du CA de Gilbert Goergen fait à nouveau courir les soupçons : le nouveau président serait-il de mèche avec le directeur? «Je connais à peine [Fabio Secci], ce n’est sûrement pas un copain, ça n’a rien à voir. On essaie de répandre de fausses rumeurs», dément avec force Gilbert Goergen.

Les syndicats et le nouveau CA espèrent que la ministre de la Santé pourra restaurer l’ordre en diligentant un audit. Interrogé sur ce point, le ministère nous a répondu par écrit qu’il «ne peut pas se prononcer sur les questions de gouvernance ou de fonctionnement d’une mutuelle relevant de l’autonomie de celle-ci». Quant aux syndicats, ils n’ont pas non plus obtenu de réponse.

Pour Heinen, c’est un putsch

Joint hier, André Heinen, qui a lancé une assignation en référé, présente une autre version des faits. Son éviction de la présidence du conseil d’administration «est bien un putsch pour prendre le contrôle», affirme-t-il avant de retracer la chronologie des faits. «Le 8 février, un CA était prévu, mais les uns et les autres m’ont dit ne pas pouvoir venir. Dans la journée, je reçois une lettre me demandant la convocation d’un conseil extraordinaire, ce que je refuse. Je fais la seule chose à faire : j’organise une assemblée générale extraordinaire le 18 avril à laquelle les représentants des mutuelles pourront assister.» Quant aux raisons de son limogeage avancées par Gilbert Goergen, «c’est un mensonge. Si on me pose des questions, j’y réponds, je suis très transparent.» Et sur la demande des syndicats de diligenter un audit? Il n’est pas contre, mais n’en voit pas l’utilité : «Il y a déjà un audit qui est réalisé par un prestataire externe, annuellement.» Pour lui, toute cette histoire ne va faire que déstabiliser la CMCM au moment où elle est attaquée par les assurances sur son renouvellement d’agrément.

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