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Bouchons : « Que la Wallonie et le Grand-Duché se parlent mieux ! »


Les bouchons entre Luxembourg et Arlon vont se prolonger au moins jusqu'à l'hiver. Le bourgmestre d'Arlon, Vincent Magnus, déplore une absence de stratégie transfrontalière (Photo : Sophie Kieffer).

Frontaliers Belges et résidents luxembourgeois se retrouvent dans des bouchons monstres avec les travaux sur l’E411. Le bourgmestre d’Arlon, Vincent Magnus, déplore un manque de coordination à la transfrontalière.

Les bouchons s’accumulent entre Luxembourg et la frontière belge depuis la rentrée…
Vincent Magnus : Oui, c’est assez terrible, puisque les gens viennent voir le bourgmestre d’Arlon en râlant alors que mon pouvoir d’action est très limité en la matière. Je suis mis devant le fait accompli, comme eux. Mais les navetteurs, je les comprends, et ils ont raison d’être en colère.
En quoi consistent les travaux sur l’E411 précisément?
Il s’agit de créer une troisième voie sur l’autoroute, de la frontière luxembourgeoise (NDLR : environs de Garnich) jusqu’au village de Fouches, qui dépend d’Arlon. Cette nouvelle voie doit s’étendre sur 11 kilomètres. Elle sera réservée au covoiturage. Les travaux vont durer jusqu’à l’hiver, voire jusqu’au printemps, ça dépend de la capacité des équipes à pouvoir travailler.

Entre le marteau et l'enclume.... le bourgmestre d'Arlon est pris en otage par les décisions (l'absence de décision...) à plus hauts échelons (Photo : commune d'Arlon).

Entre le marteau et l’enclume…. le bourgmestre d’Arlon est pris en otage par les décisions (l’absence de décision…) à plus hauts échelons (Photo : commune d’Arlon).

Les Arlonais vont subir tout ce temps des bouchons! Pourquoi ne pouvez-vous rien faire?
Car les travaux sont de la compétence de la Région wallonne. C’est un projet estampillé « Wallonie ». Moi, en tant que bourgmestre, on m’a dit que le projet était ça, que ça démarrerait là, et voilà! J’avais pourtant émis quelques objections…

Des travaux à la rentrée, ce n’est pas très malin

Quelles objections?
Sur le projet lui-même tout d’abord : ça n’a pas de sens de faire une voie de covoiturage du côté belge qui s’arrête dès qu’on entre au Grand-Duché. Tout cela aurait dû être un projet pensé de façon commune, jusqu’à Luxembourg-Ville. En passant de trois à deux voies, on va se retrouver avec un effet d’entonnoir et de nouveaux bouchons…
Deuxièmement, le timing des travaux. Débuter des travaux à la rentrée, ce n’est pas malin! On m’avait répondu : « Oui, mais durant les vacances, les Luxembourgeois vont travailler sur le réseau de train vers Arlon… il faut donc que la route soit dégagée pour les bus de substitution. » D’accord, et? On ne pouvait pas décaler les travaux de la route à de prochaines vacances? Regardez ce que vivent les navetteurs maintenant…
Résidents belges et luxembourgeois subissent aussi ces bouchons, pas que les navetteurs.
Bien sûr, et j’en ai bien conscience. Un flux de voitures trouve toujours son chemin. Si l’autoroute est bouchée, que font les conducteurs? Ils prennent les petites routes! C’est ce qui se passe. Côté belge, le village de Sterpenich, pour ne citer que lui, vit un enfer. Dans Arlon même, j’ai demandé un renforcement des contrôles-radars sur l’avenue de Mersch. Elle est empruntée à toute vitesse depuis le début des travaux, car elle se situe sur un itinéraire bis pour rejoindre Luxembourg-Ville par le nord. Je peux vous dire que le radar fonctionne! J’assume cette fonction punitive, puisque je dois agir au niveau qui est le mien.
Arlon est un gros bassin de frontaliers, non?
Oui, le plus gros de Belgique. 57 % de nos actifs travaillent au Grand-Duché. On est très content d’être à côté du Luxembourg, qu’on ne s’y trompe pas. Mais cela demande une organisation à la hauteur.

Sur trop de sujets transfrontaliers, on se retrouve face à des blocages

Pourquoi l’organisation du territoire n’est pas à la hauteur?
Mon message envers la Région wallonne est le suivant : « Parlez-vous avec le Grand-Duché! » Sur trop de sujets transfrontaliers, on se retrouve face à des blocages que je ne comprends pas. Le parking relais à Viville (NDLR : à 2 kilomètres d’Arlon), pourquoi ça bloque? Il y a le terrain, il y a des rails, il y a un arrêt ferroviaire… mais si peu de trains qui vont vers Luxembourg et toujours pas de parking relais.
Combien de places doit contenir ce parking relais?
On nous parle d’une base de 300 à 600 places. Il s’agit d’un ancien atelier de la SNCB qui était utilisé il y a deux ans encore. Il y avait bien des employés qui se garaient ici, non? Je pense qu’on peut monter à 1 500 places à l’avenir… Bon, les Luxembourgeois parlaient de 10 000 places à un moment donné, il ne faut pas exagérer non plus.
Ce problème de contact politique dans les hauts échelons ressemble aux problèmes évoqués par les maires lorrains…
Je vais vous dire, j’ai de très bons contacts avec les autres bourgmestres du réseau Tonicité : Esch, Luxembourg, Longwy, Thionville, Metz, etc. Nous allons d’ailleurs créer une station d’épuration partagée avec la commune luxembourgeoise de Steinfort.
Mais que se passe-t-il au-dessus? Que la Région wallonne et le Luxembourg se parlent mieux, et puis, que la Région communique mieux avec nous aussi.

Entretien avec Hubert Gamelon

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