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Bettel veut soutenir la presse, mais aussi combattre les fake news


Le Premier ministre, Xavier Bettel, a déféndu mardi la pluralité de la presse nationale face aux députés. (photo LQ)

Le Premier ministre Xavier Bettel, comme l’ensemble des députés, ne veut pas toucher à l’aide à la presse. Du moins, il ne veut pas la priver de moyens mais les redistribuer. Et surtout, il veut lutter contre les fake news.

Le Luxembourg et ses médias, l’évolution des canaux d’information, les aides de l’État nécessaires pour garantir une pluralité de la presse, tout cela a été discuté mardi. Une attention particulière a été portée sur les informations mensongères, ces fake news inventées de toutes pièces dans l’intention de nuire et souvent de propager la haine.

Le débat de consultation sur l’évolution des médias et la qualité de la presse « ce n’est pas du blabla », prévient d’emblée le Premier ministre et ministre des Médias, Xavier Bettel. C’est même très sérieux car c’est de l’avenir de la presse dont il est question à l’heure où internet a démultiplié les canaux d’information. À l’heure des fake news aussi, ces informations mensongères qui polluent la toile et manipulent les internautes.

« Le financement des médias classiques a baissé car le consommateur accède à l’information gratuitement », constate Xavier Bettel. Et plus rapidement aussi. « Quand le facteur arrive avec le journal, le lecteur ne découvre plus grand-chose de neuf car il a déjà lu l’info quelque part la veille sur internet ou entendu à la radio ou vu à la télé. Les éditeurs sont obligés d’offrir une plus-value et ils le font aussi », poursuit le Premier ministre.

Aujourd’hui, tous les titres sont doublés sur internet et disposent d’une rédaction dédiée au journal en ligne, que ce soit la presse écrite ou la presse audiovisuelle. Il s’agit aujourd’hui de mieux redistribuer l’aide que l’État alloue chaque année aux différents organes et qui s’élevait en 2016 à 7,5  millions d’euros. S’y ajoutent 10  millions pour RTL Télé qui a une mission de service public via le dernier contrat de concession et 6  millions pour la radio publique 100,7. La presse bénéficie aussi d’aides indirectes via les annonces officielles du gouvernement, les campagnes publicitaires, etc.

« Nous devons pouvoir garantir un renforcement de la presse professionnelle comme pilier fondamental de notre démocratie », déclare Xavier Bettel en plaidant pour un maintien des aides étatiques mais qui nécessitent une réforme. « Nous allons rédiger un texte qui englobe aussi bien la presse traditionnelle que la presse en ligne », explique-t-il.

Le rôle de l’école et des parents

« Mais tout ce qui est publié ne remplit pas forcément les critères déontologiques », regrette le ministre. La presse à scandale, les informations mensongères sont dans le collimateur de l’ensemble des députés qui ont pris la parole hier. Ils étaient satisfaits d’entendre que le gouvernement va présenter un plan d’action pour éduquer les jeunes à discerner les fake news d’une bonne qualité de l’information.

Il s’agit aussi de s’interroger sur le rôle des algorithmes qui permettent d’imposer aux internautes des informations ciblées. Si vous cliquez une fois sur un site complotiste, vous avez tout le catalogue qui défilera sous vos yeux. Vous devenez une cible. Les différents angles autour du thème abordé hier ne manquaient pas.

Pour Diane Adehm du CSV, qui, comme tous les autres députés, soutient l’éducation des jeunes à la qualité de l’information, s’inquiète des médias qui diffuseraient des contenus dans une langue autre que les langues officielles du pays, ce qui selon elle ne devrait pas être financé par l’État.

Eugène Berger pour le DP, qui ne veut plus penser que c’est l’affaire Lunghi et le reportage manipulé de RTL Télé qui a amené ce débat, estime que les médias doivent « installer des mécanismes de contrôle » afin de ne pas tomber dans le piège d’une information mensongère ou complètement inventée. Il souligne encore la chance du Luxembourg de disposer d’autant de journaux qui assurent une pluralité de la presse très appréciée du public consommateur.

Le socialiste Yves Cruchten est largement revenu sur le « danger pour la démocratie » que représentent les fake news comme cela a pu être prouvé aux États-Unis lors de l’élection de Donald Trump. « Ces fake news génèrent la haine », dit-il comme l’avait déclaré Eugène Berger plus tôt. Il voit aussi comme une priorité d’éduquer les jeunes afin qu’il se forge un esprit critique et ne gobe pas tout ce qu’ils lisent ou regardent. « Mais le rôle des parents est tout aussi important », conclut Yves Cruchten.

Le député de l’ADR Roy Reding estime que l’on ne peut pas parler de pluralité de la presse mais d’un « statu quo », et il se réjouit du débat qui aura lieu à la suite de la demande de Fernand Kartheiser sur la liberté de la presse. Il s’est également plaint que le groupe Editpress empoche à lui seul avec ses différents titres une grande partie de l’aide étatique.

David Wagner pour la Gauche insiste pour sa part sur l’accès à l’information pour les journalistes qu’il estime toujours être trop verrouillée, la circulaire Bettel n’allant pas assez loin selon lui.

Il ne s’agissait pas hier de mettre en cause l’enveloppe financière destinée à la presse, mais de proposer des adaptations du cadre réglementaire qui sert de base à l’action des autorités publiques car il ne fournit pas « la flexibilité nécessaire pour encadrer et soutenir l’émergence des nouvelles formes de communication au public », conclut le Premier ministre.

Geneviève Montaigu

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