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Barres de céréales à base de grillon : «C’est le futur» pour six lycéens


Gaston, Maxime, Pierre, Eva, Amélie et Chloé produisent des barres de céréales chocolatées et composées de farine de grillon. (Photo : Hervé Montaigu)

Au lycée Robert-Schuman à Luxembourg, Luxtopia, une minientreprise de six élèves, produit des barres de céréales à base de farine de grillon, un insecte qui a de l’avenir selon eux.

Dans une petite cuisine presque cachée du lycée Robert-Schuman à Luxembourg, une odeur agréable s’échappe du four ce lundi. Élèves en 2e, Gaston et Pierre remplissent méthodiquement des moules en forme de barres avant de les enfourner. Une production somme toute classique de barres de céréales, à un ingrédient près : la farine de grillon. Aux côtés des flocons d’avoine, du miel, de la noix et noix de cajou, ces insectes écrasés font bel et bien partie de la recette des barres Luxtopia, une minientreprise de six élèves du lycée.

«On a remarqué que beaucoup de produits de nutrition contiennent des protéines chimiques, donc on a voulu développer une alternative saine», raconte Eva, 18 ans, l’une des cuistots. Afin d’éviter le recours à la viande animale, les lycéens se sont tournés vers les protéines apportées par le grillon. En voie de démocratisation, ce proche parent des sauterelles a été autorisé à la consommation par la Commission européenne en février 2022. Le début d’une nouvelle alimentation?

Pour Maxime, membre de Luxtopia, cela ne fait aucun doute. «Le grillon, c’est le futur, c’est la nourriture de demain», lance-t-il. C’est pourquoi lui et ses camarades décident de se pencher sur sa consommation alimentaire pour leur projet en option facultative de «Minientreprise» en septembre dernier.

Objectif : 300 barres vendues

Initialement limités à deux heures de cours hebdomadaires, l’enthousiasme et l’ambition des lycéens les poussent à faire plus. «On fait la cuisine, le marketing et la vente en dehors des cours», confie Pierre, aux fourneaux à la pause déjeuner. Pour Luxtopia, l’objectif est de gagner le concours national des minientreprises, ainsi que de s’illustrer à l’échelle européenne avec le concours «JA Europe». Des ambitions pour lesquelles ils mettent les bouchées doubles.

Vente au Cactus, dans un pop-up store, à Luxexpo, dans les réseaux sociaux : ils sont partout. «L’objectif est d’avoir vendu 300 barres avant la finale du concours national en juin», précise Eva. Déjà arrivés à 187 ventes, les jeunes se montrent sereins. Produite pour 1,50 euro, la barre est ensuite vendue à 2,80 euros. Un prix réfléchi qui permet à la minientreprise de dégager un bénéfice «que l’on réinvestit directement».

Bien ficelé et autofinancé à hauteur de 600 euros, le projet reste artisanal pour autant, comme le rappelle la fumée qui se dégage du four, la faute à un peu d’inattention et un chronomètre capricieux.

«On n’est pas là pour dire aux gens de jeter leurs steaks»

Au-delà de leurs ambitions personnelles, les lycéens souhaitent montrer l’existence d’alternatives à la viande. D’abord, ils tiennent à l’assurer : le grillon ne change rien au goût. «Ceux qui disent l’inverse sont des gens qui se sont mis ça dans la tête avant même de goûter», assure Gaston, le seul de la bande à avoir déjà goûté du grillon. À l’odeur, la farine ne se différencie pas d’une autre non plus. Alors, exit le contre-argument du goût modifié.

Les barres de céréales sont réalisées à partir de flocons d’avoine, de miel, de noix, de noix de cajou et de farine de grillon. Photo : Hervé Montaigu

 

De quoi profiter pleinement des avantages du grillon. «Ça coûte moins cher que la viande, on ne rajoute rien de chimique et c’est plus écologique, car ça consomme moins d’eau que la viande», détaille Eva. Par souci d’écoresponsabilité également, les emballages des barres sont biodégradables, réalisés à partir de fibre de cannes à sucre. Les grillons, eux, proviennent d’une ferme d’élevage biologique dans le nord de la France, la plus proche possible, puisque le Grand-Duché ne produit pas de grillons.

Un manque que ces jeunes espèrent combler en faisant évoluer les mentalités avec leur alternative à la viande. «Mais on n’est pas là pour dire aux gens de jeter leurs steaks», déclare Maxime. Au niveau de leurs consommateurs, ce sont principalement des jeunes ou des sportifs intéressés par la nutrition. «Les personnes âgées sont plus dures à convaincre.»

Bien que l’option «Minientreprise» s’achève en fin d’année scolaire, les fondateurs de Luxtopia n’excluent pas que l’aventure se poursuive. «On continuera l’année prochaine si ça veut bien», lance Maxime. De quoi améliorer une production déjà bien huilée d’une heure de travail pour 40 barres produites.

Pour l’instant, les six jeunes se satisfont de la cuisine du lycée ou de celle de leurs parents. Mais ils ont de la suite dans les idées. «Pourquoi ne pas changer de goût et mettre autre chose que du chocolat?»

2 plusieurs commentaires

  1. Frontaliers français

    je lance un appel a luxtopia et tous les autres les proteines existent aussi dans les legumes comme les Lentilles par exemple en plus de la VIANDE
    j’espere que luxotopia marque CLAIREMENT sans tromper le consomateur au sujet de la présence d’insecte dans ce produit transformé

    • Bonjour,
      L’ équipe Luxtopia est consciente de la présence de protéines dans les végétaux. Cependant l’apport en protéines provenant des légumes est moins élevé que celui provenant des grillons. De plus l’assimilation des protéines végétales par le corps est moins efficace que celles des protéines animales.
      Pour répondre a votre deuxième remarque, Luxtopia indique clairement sur ces produits la présence d’insectes. L’équipe ne s’en cache pas et en fait même la promotion notamment dans l’article sous lequel vous avez laissé votre commentaire!
      Merci pour votre message.
      Luxtopia

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