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Artémis : «Le Luxembourg n’ira pas seul sur la Lune»


Les très nombreux badauds venus à Cape Canaveral pour voir s’élancer la fusée Artemis sont restés sur leur faim, hier. Au plus tôt vendredi, une nouvelle fenêtre de tir sera ouverte.  (Photo : afp)

Marc Serres, le directeur de la Luxembourg Space Agency, suit attentivement le lancement de la première mission d’Artemis. Le Grand-Duché fait partie intégrante de ce programme spatial ambitieux.

Il faudra attendre quelques jours de plus. Prévu pour hier, le lancement de la nouvelle fusée de la NASA pour la Lune a été annulé en raison d’un problème technique. Une déception? «Non, ce n’est pas une déception, du moins pas pour moi qui suis présent au Grand-Duché. Notre collaborateur qui a fait le déplacement à Cape Canaveral est probablement plus déçu», affirme Marc Serres, le directeur de la Luxembourg Space Agency (LSA), contacté par Le Quotidien.

Le «LunaLab», une rareté mondiale hébergée par l’uni.lu

En 2019, l’université du Luxembourg (uni.lu), en collaboration avec la Luxembourg Space Agency (LSA), a lancé son «Interdisciplinary Space Master». Unique en Europe, ce master «vise à fournir aux étudiants les compétences d’ingénierie requises dans l’industrie spatiale».

Ce programme d’études dispose notamment de cinq laboratoires différents dans lesquels sont notamment dispensés des cours d’ingénierie des systèmes spatiaux, des opérations spatiales ou de l’utilisation des ressources spatiales. Sont à citer le «Zero-G Lab», le «Satcom Lab» et le «LunaLab».

Le «LunaLab» est «l’une des rares installations au monde à simuler les conditions lunaires pour tester des applications telles que la navigation autonome de robots lunaires, (…) l’extraction, la manipulation et le transport de la surface lunaire (…)». Des systèmes de capteurs «à la pointe de la technologie qui permettent (…) de surveiller (…) les mouvements réels du robot jusqu’au millimètre près».

Dans le laboratoire de 80 m2, 20 000 kg de gravier de basalte simulent le socle rocheux de la Lune, permettant aux étudiants de tester des applications pratiques de leurs connaissances en robotique spatiale.

Le report du décollage ne serait d’ailleurs «pas surprenant» : «Les yeux sont rivés sur la NASA. Elle ne peut pas se permettre d’échouer. Il n’est pas question de prendre le moindre risque. Ce nouveau type de transport spatial, destiné à envoyer des astronautes sur la Lune, doit faire preuve d’une très haute fiabilité.» 

Il est à rappeler que le Luxembourg figure parmi les tout premiers signataires des accords Artemis. Le retour de l’homme sur la Lune est certes un projet de l’agence spatiale américaine, mais les États-Unis ont tenu à impliquer d’autres pays à cet ambitieux projet. Le Grand-Duché a rejoint en 2020 le programme avec l’Australie, le Canada, l’Italie, le Japon, les Émirats arabes unis et le Royaume-Uni. «Les accords Artemis s’intègrent parfaitement dans les efforts que le Luxembourg a déployés tant au niveau national qu’international pour soutenir l’exploration pacifique et l’utilisation durable de l’espace, et plus particulièrement, des ressources spatiales au profit de l’humanité», soulignait le ministre de l’Économie, Franz Fayot, en marge de la signature des accords, le 14 octobre 2020 à Washington.

«Les États-Unis restent incontournables»

Même s’il fait partie intégrante du programme lunaire, le Luxembourg n’est pas directement impliqué dans la mission Artemis 1. «Les États-Unis restent incontournables dans l’exploration spatiale. Le Luxembourg joue un rôle assez modeste», fait remarquer Marc Serres. Ces deux dernières années, la NASA et la LSA ont cherché à mieux définir les possibilités concrètes de coopération en termes de prospection de ressources, de mobilité, des opérations de surface ainsi que l’énergie. 

Si des projets concrets, tels que le rover lunaire, développé par Ispace (lire ci-dessous), sont en phase de finalisation, il est clair que «le Luxembourg n’ira pas seul sur la Lune». «La coopération internationale est primordiale. Au vu de son initiative spatiale, le Grand-Duché est forcément un des partenaires privilégiés pour faire avancer les choses dans le domaine des ressources spatiales», indique encore le directeur de la LSA.

Un rover «luxembourgeois» sur la Lune en 2024

Début mai, le Grand-Duc a visité les locaux de l’entreprise Ispace EU, installée depuis cinq ans au Luxembourg. Cet anniversaire de l’antenne européenne de la société d’exploration lunaire japonaise a permis d’inaugurer deux nouvelles installations : un laboratoire de fabrication de rovers ainsi qu’une salle de contrôle de mission.

Il s’agit d’une nouvelle étape majeure pour réussir le pari que s’est lancé la société : l’atterrissage sur la Lune, a priori en 2024, du premier rover développé et construit au Luxembourg. Ispace compte encore lancer sa première mission, avant 2023. L’alunisseur est en cours d’assemblage final et sera lancé sur une fusée de SpaceX.

La société japonaise, avec l’appui de son antenne luxembourgeoise, a été retenue par la NASA pour contribuer à son nouveau programme lunaire, baptisé Artemis. La mission confiée à Ispace consiste à prélever de la matière minérale à la surface de la Lune.

«Je suis très fier de l’équipe que nous avons réunie dans notre bureau européen. Ses compétences et son expérience font de nous un leader dans le domaine de la technologie des rovers lunaires», avait souligné en mai Julien-Alexandre Lamamy, le directeur général d’Ispace EU. 

Les ressources spatiales comme rampe de lancement

L‘initiative SpaceResources.lu vise à soutenir le développement d’une industrie spatiale commerciale innovante. Cette plateforme a permis de placer le Luxembourg comme pionnier dans l’exploration et l’utilisation des ressources spatiales.

«Depuis le lancement de SpaceResources.lu en 2016, la stratégie a toujours été de renforcer le secteur spatial et de promouvoir la coopération internationale, et ce en entreprenant des actions et des mesures concrètes dans les domaines de la réglementation, de l’éducation, de la recherche, de l’innovation et du financement à long terme», souligne le ministre de l’Économie, Franz Fayot.

Selon le gouvernement, le Grand-Duché «possède une industrie spatiale et une communauté de recherche florissantes». Le Luxembourg accueille, avec SES, le leader mondial des communications par satellite, et abrite d’autres entreprises du secteur spatial à la pointe de la technologie. Le pays est en outre fortement engagé dans des activités de recherche et de développement et soutient les entreprises fournissant des produits et des services dans des domaines tels que les télécommunications, l’observation de la Terre, la navigation et la sécurité.

 

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