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Appel à exclure la Hongrie de l’UE : Asselborn est-il allé trop loin ?


Jean Asselborn est sorti de ses gonds pour sévèrement tacler Viktor Orban. Cette sortie va-t-elle lui valoir un carton rouge ? (Photo AP)

Diplomate reconnu, le ministre des Affaires étrangères se retrouve ce matin assez isolé. Son appel à exclure la Hongrie de l’UE a provoqué un véritable séisme. Même ses amis politiques ont pris leurs distances.

Comme à son habitude, Jean Asselborn a collectionné des «miles» à bord d’un avion. Arrivé à Moscou lundi après-midi, le ministre des Affaires étrangères a mis le cap sur le Belarus. Si le chef de la diplomatie luxembourgeoise est arrivé à bon port, de très fortes turbulences se sont néanmoins formées tout au long de la journée de mardi. En cause : l’entretien que le ministre en poste depuis 2004 a accordé à nos confrères allemands de Die Welt.

Seul au monde

Le passage choc de cette interview concerne les déboires de la Hongrie qui depuis l’avènement au pouvoir de Viktor Orban se trouve sur un chemin jugé dangereux par bien des politiciens européens. Personne ne s’est cependant jusqu’à présent laissé aller à affirmer avec des mots aussi clairs que la Hongrie actuelle, qui s’obstine à ne pas accueillir des réfugiés tout en bafouant la liberté d’expression et l’indépendance de la justice, n’a plus sa place au sein de l’Union européenne. Jean Asselborn l’a fait et risque aujourd’hui de payer la note. Ce mercredi matin, il se retrouve en effet assez seul au monde, lâché par nombre de ses homologues et également par son propre Premier ministre, Xavier Bettel.

Alors que vendredi sera organisé à Bratislava un sommet européen informel pour aborder l’avenir de l’UE après le Brexit, la sortie de Jean Asselborn sur la Hongrie fait figure de sacré pavé dans la mare. Et même ses amis politiques ont eu du mal à digérer hier les propos du ministre luxembourgeois.

Son homologue allemand et ami proche, Frank-Walter Steinmeier, a ainsi estimé qu’il n’était pas dans ses habitudes «de montrer la porte de sortie à un membre de l’UE». «Il faut faire face aux débats compliqués qui existent», a ajouté le ministre, cité par les agences de presse allemandes. Plusieurs autres ministres des Affaires étrangères européens ont pris mardi leurs distances à l’égard des propos de Jean Asselborn.

Bettel tance son chef de la diplomatie

Depuis le Proche-Orient, le chef du gouvernement luxembourgeois, Xavier Bettel, a également critiqué les propos de son ministre. «Il est toujours mieux de se mettre tous autour d’une table pour discuter des problèmes qui existent dans une famille. Exclure quelqu’un rend le dialogue, notamment sur le respect des valeurs de l’UE, beaucoup plus compliqué», a souligné Xavier Bettel au micro de RTL.

Tout cela précipitera-t-il la sortie de Jean Asselborn du gouvernement, scénario déjà évoqué avant le référendum de 2015 ? La question se pose clairement. En tout cas, le principal concerné a décidé de garder le silence, mardi. Face au tollé provoqué par ses propos, Jean Asselborn ne pourra néanmoins pas rester très longtemps muet.

David Marques

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