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Abus sexuels : la mère des victimes présumées charge son ex-mari


Les victimes présumées ont été entendues à huis clos par le tribunal mercredi et jeudi. (Photo : sophie kieffer)

Le père de famille accusé d’abus sexuels sur ses trois filles en a pris pour son grade vendredi matin. Un de ses fils et son épouse ont décrit un homme violent qui inspirait la peur.

Le huis clos a été levé vendredi matin dans le procès de ce père accusé d’avoir abusé sexuellement de ses trois filles pendant une quinzaine d’années. La plus jeune des filles a accusé son père lors d’une violente dispute impliquant une partie de ses six enfants en septembre 2021. Le prévenu l’aurait ensuite menacée de mort.

Une plainte est déposée quelques jours plus tard. Face aux policiers, Philippe* tombe des nues et accuse son ancienne épouse d’avoir instrumentalisé leurs enfants pour lui nuire. Le prévenu, âgé de 48 ans, se défend contre ces accusations. Les dépositions des victimes présumées ont été entendues par la 12e chambre criminelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg à huis clos ces deux derniers jours.

« Je ne voulais pas y croire »

«À la maison, on faisait des efforts pour que tout se passe bien et que notre père reste calme», a témoigné Julien, 21 ans, vendredi matin. Le jeune homme décrit un père violent, autoritaire, craint par la fratrie, qui faisait régner le silence et savait se montrer menaçant. Julien raconte avoir surpris son père en train de «faire quelque chose de pas normal» avec une de ses petites sœurs assise sur ses genoux. «Toutes ces années, je voyais des choses qui n’étaient pas habituelles, mais je ne voulais pas y croire.»

Selon les témoignages, le père de famille profitait de l’absence de son épouse pour s’attaquer à ses filles, qui ont gardé le silence entre 2006 et 2021. «Jessica, la première, m’en a parlé il y a cinq ans. Chaque jour, je m’en veux de ne pas avoir signalé les faits», poursuit le jeune homme. «J’ai tout refoulé. J’avais aussi peur que maman ne nous croie pas.»

Interdiction de faire du bruit

La mère de famille de 46 ans a juré à la barre n’avoir jamais rien remarqué avant que les filles ne se confient à elle en août 2021. «Je n’ai jamais vu de signes montrant que les filles avaient pu être agressées.» Elle se souvient toutefois qu’une fois ses deux fils aînés s’étaient moqués de leur petite sœur après l’avoir vue sur les genoux de son père. «Philippe n’a pas décoléré pendant trois semaines», se souvient-elle. «J’ai presque failli par avoir des doutes tellement il fulminait.»

Obligée de composer avec les sautes d’humeur de son ex-mari, elle serait passée à autre chose. «Je ne préparais plus à manger. On mangeait tous séparément pour éviter les conflits», précise-t-elle avant d’évoquer «le mariage d’intérêt» qu’était devenu son couple. «Il rentrait du travail en milieu d’après-midi, faisait la sieste sur le canapé pendant une heure, puis partait courir. Quand il revenait, il s’installait de nouveau sur le canapé et jouait à des jeux vidéo.» Pendant ses pauses sur le canapé, le père de famille ne tolérait pas le moindre bruit.

«Comme un père pour moi»

Elle raconte ensuite la peur que la révélation des abus sexuels a éveillée en elle et son combat pour s’enfuir avec les enfants alors qu’elle était sans revenus. «Je savais que si mon ancien mari apprenait que les filles s’étaient confiées, ce serait terrible.» Elle tient le coup jusqu’à la violente dispute du 5 septembre 2021. «Je me suis réveillée le 15 septembre et j’ai pensé que c’était ce jour-là ou jamais.» La mère de famille et ses filles se sont alors rendues au service de protection de la jeunesse de la police judiciaire sous de faux prétextes. La peur au ventre.

La maman a demandé aux policiers de garder le silence tant que le père de famille n’avait pas quitté le domicile familial. «Je lui ai trouvé un studio. J’ai payé la caution et, avec mes points d’un supermarché, je lui ai acheté des articles d’électroménager», raconte la mère de famille. «Je remercie sa nouvelle compagne. Sans elle, il ne serait jamais parti de la maison.» Philippe écoute et ne bronche pas. Il ne montre aucune émotion, encaisse les coups. Et s’emporte uniquement quand il est question de son argent.

La nouvelle compagne en question ne croit pas en ces accusations. Tout comme l’oncle maternel et la grand-mère maternelle des trois victimes présumées. Cités par la défense, aucun des trois n’est en mesure d’articuler avec précision la raison de cette conviction. «Je n’ai aucun doute sur son innocence», clame la quinquagénaire, mère de deux filles. «C’est une saloperie!» La plus jeune des filles de cette dernière, âgée de 16 ans, a affirmé que Philippe ne lui a jamais rien fait de mal et «qu’il est comme un père pour (elle)». Son aînée le décrit ensuite comme quelqu’un de bon, à l’écoute et qui les aide souvent. «Je n’ai jamais rien remarqué d’étrange dans son comportement. Il ne nous touche pas. Il montre de la gratitude quand on fait quelque chose pour lui», précise-t-elle.

Un procès plus long que prévu

Une chose n’en exclurait pas une autre, selon l’expert neuropsychiatre. Le spécialiste n’a cependant pas été en mesure d’affirmer si le prévenu présente un trouble pédophile étant donné que Philippe nie énergiquement les faits et que les rapports sexuels avec des mineurs ne feraient pas partie de ses fantasmes.

Le procès dure plus de temps que prévu. Des audiences supplémentaires ont dû être ajoutées. Il reprendra le 28 février avec notamment l’expertise de crédibilité des victimes présumées et l’interrogatoire du prévenu.

* Les prénoms ont été modifiés.

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