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Émeutes meurtrières au Gabon : pression internationale sur le régime


Libreville a été le théâtre de pillages et d'émeutes meurtrières déclenchées mercredi par l'annonce de la réélection contestée du président gabonais sortant Ali Bongo Ondimba. (Photo AFP)

Les forces de sécurité gabonaises quadrillaient jeudi Libreville après une nuit de pillages et d’émeutes meurtrières déclenchées la veille par l’annonce de la réélection du président gabonais sortant Ali Bongo Ondimba, contestée par son rival Jean Ping.

Des pillages étaient toujours en cours à la mi-journée dans des quartiers populaires de la capitale, selon la police. Mais les centres névralgiques du pouvoir étaient sécurisés par un imposant dispositif composé de la garde républicaine, l’armée, la gendarmerie et la police anti-émeutes. Les communications internet ne fonctionnaient pas depuis mercredi soir. Après les violences de la veille, le régime d’Ali Bongo se trouvait néanmoins sous la pression de la communauté internationale qui appelle à un arrêt des violences et à un nouveau comptage des votes du scrutin de samedi.

Plus de 200 pillards ont été arrêtés depuis mercredi à Libreville, a annoncé le commandant de la police nationale gabonaise, en soulignant que des pillages se poursuivaient dans les quartiers populaires. Si le chef de la police a indiqué que « six policiers » avaient été blessés, il a seulement admis qu’il devait y avoir « très vraisemblablement » des blessés parmi les civils, « vu la violence avec laquelle ils nous ont assaillis ». Il s’est par ailleurs refusé à dresser un bilan des morts.

UE, France et États-Unis réclament le détail des résultats

De 500 à 600 militants ont été emmenés par les forces de l’ordre du QG de campagne de l’opposition, a assuré l’ancien vice-président Didjob Ding Duvungui, qui se trouvait lui-même dans un groupe d’une dizaine de personnes en attente de transfert au siège de la gendarmerie pour y être auditionnés. Aux abords de l’assemblée, la police s’est efforcée jeudi en fin de matinée d’empêcher tout attroupement en tirant des grenades de gaz lacrymogène.

Mercredi en fin d’après-midi, la commission électorale avait annoncé la réélection du président sortant pour un deuxième septennat avec 49,80% des suffrages devant son rival Jean Ping (48,23%), 73 ans, ex-cacique du régime du défunt Omar Bongo, le père d’Ali. Cet écart marginal représente une différence de 5 594 voix, sur un total de 627 805 inscrits, dans ce petit pays pétrolier d’à peine 1,8 million d’habitants. Ali Bongo, 57 ans, devrait sa réélection à son score écrasant dans son fief familial, le Haut-Ogooué, où il aurait obtenu 95,46% pour plus de 99% de participation.

Comme l’opposition, l’Union européenne, la France et les États-Unis ont demandé la publication des résultats de tous les bureaux de vote du Gabon (environ 2 500). La chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini a qualifié jeudi la situation post-électorale au Gabon de « crise profonde » et a appelé les différentes parties à s’apaiser. « Il est important que tous les acteurs rejettent la violence et appellent au calme. Toute contestation doit se faire avec des moyens pacifiques afin d’éviter l’embrasement du pays », a déclaré la vice-présidente de l’UE dans un communiqué.