Transports fortement perturbés, écoles fermées et hôpitaux en services réduits : le Portugal est confronté jeudi à sa première grève générale en 12 ans, un mouvement social lancé par les syndicats pour protester contre une réforme du code du travail défendue par le gouvernement de droite.
Les commerces, cafés et restaurants, étaient ouverts mais avec moins de clients qu’à l’accoutumée.
« C’est beaucoup plus calme que d’habitude (…) Les gens se sont organisés à l’avance », a raconté Fernanda Marques, 64 ans, employée dans un petit café à la sortie de la gare, en installant les tables en terrasse.
L’ambiance était également plus calme que d’ordinaire dans les aéroports, la compagnie nationale TAP Air Portugal ayant supprimé plus de 200 vols, et la plus importante usine automobile du pays, une unité du groupe Volkswagen située dans la région de Setubal (sud) était paralysée.
« Attaque au monde du travail »
D’après des données compilées par la principale confédération syndicale, la CGTP, de nombreux services de collecte de déchets étaient à l’arrêt, de même que des dizaines d’unités hospitalières assurant des soins non urgents.
L’autre centrale syndicale, l’UGT, a fait état d’un taux de participation de ses adhérents de 80%. La Fédération nationale des médecins a évoqué une adhésion de 90% et le premier syndicat enseignant a affirmé qu’elle était supérieure à 90%, provoquant la fermeture de centaines d’écoles.
« La grande majorité des Portugais est au travail », a toutefois assuré le porte-parole du conseil des ministres, Antonio Leitao Amaro, en ajoutant que le mouvement était comparable à « une grève partielle de certains secteurs de la fonction publique ».
Cette grève est le plus important mouvement social depuis 2013, à une époque où le pays ibérique vivait sous perfusion de l’Union européenne et du Fonds monétaire international, qui lui avaient imposé une sévère cure d’austérité budgétaire et la dernière révision en profondeur de la réglementation du travail.
L’actuel gouvernement a présenté en juillet un avant-projet de réforme comprenant plus d’une centaine de mesures visant à « stimuler la croissance économique pour créer plus d’emplois et payer de meilleurs salaires », a fait valoir le Premier ministre Luis Montenegro.
« Corriger un déséquilibre »
L’exécutif souhaite notamment simplifier les procédures de licenciement, allonger la durée des contrats à durée déterminée, offrir plus de flexibilité aux entreprises pour organiser le temps de travail, ou encore élargir les services minimum en cas de grève.
Pour la CGTP, qui organise jeudi une vingtaine de manifestations à travers le pays, cette réforme représente « une des plus grandes attaques faites au monde du travail », a déclaré son secrétaire général Tiago Oliveira.
Le président de la principale confédération patronale, Armindo Monteiro, a quant à lui dénoncé la « position radicale » des syndicats et qualifié cette grève de « prématurée ».
L’avant-projet du gouvernement est « une base de discussion » qui vient « corriger un déséquilibre » provoqué par l’adoption en 2023, par le précédent gouvernement de gauche, d’une série d’amendements au code du travail plus favorables aux salariés, a-t-il commenté.
Bien que le gouvernement ne dispose pas de majorité absolue au Parlement, il devrait pouvoir adopter cette série de mesures avec le soutien des libéraux et, surtout, de l’extrême droite, devenue la deuxième force politique du pays à l’issue des législatives de mai dernier.
Alors que le Portugal affiche une croissance économique autour de 2% et un taux de chômage historiquement bas (environ 6%), Montenegro a fait valoir que le pays devait profiter de cette conjoncture favorable pour mener cette réforme.