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Lasauvage : des traversées de crapauds hautement surveillées


Chaque année, 170 classes des écoles fondamentales participent à des activités de sauvegarde des crapauds.

Depuis un mois, la saison de la migration a commencé. Une période qui reste très dangereuse pour les batraciens qui traversent plusieurs routes pour atteindre leur lieu de reproduction.

Il est à peine 9 h quand le premier groupe d’écoliers arrive à la maison relais de Lasauvage. Emmitouflés dans leurs manteaux, ces enfants de l’école fondamentale de Niederkorn s’apprêtent à investir la forêt du Fonds-de-Gras, à la recherche de crapauds.

Après une rapide présentation des différentes espèces présentes dans le domaine forestier par un enseignant et quelques notions sur la migration des batraciens, la promenade peut commencer.

Direction, le secteur du Minett Park. Ici, à côté des rails du Train 1900, toujours au repos, un parcours a été aménagé pour le sauvetage des crapauds. «Nous avons installé des barrières où nous avons disposé plusieurs seaux en plastique pour récupérer les batraciens.

Ce chemin qui longe la forêt jusqu’à l’étang de Lasauvage est, en fait, le même que celui qui est parcouru par les crapauds lors de leur migration. En tombant dans ces seaux, ils évitent de passer par la route», explique Lukas Masura, technicien environnemental pour la commune de Differdange.

Depuis un mois, la migration des crapauds a bel et bien commencé. De mi-février à mai, les batraciens, qui ont hiberné durant tout l’hiver dans des terriers, doivent rejoindre leur lieu de naissance – une zone humide – pour pouvoir se reproduire.

Mais ce chemin jusqu’à l’étang de Lasauvage est traversé par de nombreuses routes. Un danger pour ces animaux qui peuvent facilement se faire écraser par les automobilistes fréquentant cet axe. Alors, depuis plusieurs années, les communes luxembourgeoises et françaises du secteur mettent en place une zone de sauvetage.

Chaque année, environ 1 000 crapauds sont ainsi récupérés et évitent une mort certaine.

«On essaie de sensibiliser les automobilistes à réduire leur vitesse pour qu’ils évitent les crapauds. Nous mettons également en place des panneaux pour avertir les conducteurs de la présence d’une zone de migration», précise Lukas Masura. Mais le danger ne vient pas uniquement des routes. «En forêt, beaucoup de crapauds se font dévorer par les ratons laveurs ou les sangliers», ajoute-t-il.

«Chez nous, la population n’a pas diminué»

Des sauvetages nécessaires qui ont tous comme objectif de protéger cette espèce menacée et indispensable à l’écosystème de la forêt. Cet amphibien se nourrit, en effet, de nombreux insectes, comme les araignées, les vers de terre, les cloportes ou encore les mille-pattes.

Mais il est aussi le garde-manger des renards, des blaireaux ou des putois. Sa présence est donc essentielle. «C’est pour cela que nous organisons de nombreuses actions pour le préserver, que ce soit par les parcours de sauvetage ou les crapauducs», précise Christian Berg garde forestier.

Grâce à ces initiatives, Lukas Masura assure que la population d’amphibiens n’a pas diminué, et cela, depuis plusieurs années. «Nous avons toujours le même nombre de crapauds sauvés. Nous n’avons ni augmentation ni diminution. C’est très stable», précise-t-il.

Une bonne nouvelle quand on sait que la population de batraciens connaît un fort déclin en Europe. D’après l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), 23 % des amphibiens sont menacés d’extinction. Des chiffres inquiétants qui poussent aujourd’hui les communes et les associations à sensibiliser les plus jeunes.

«Chaque année, 170 classes du secteur participent aux activités de l’école nature», assure Lukas Masura. Une aubaine pour ces enfants de huit ans, et ce, même si la quête de crapauds n’est, parfois, pas au rendez-vous. Car ce matin-là, aucun amphibien n’était présent dans le parcours de sauvegarde. «Les dernières nuits ont été assez fraîches, les crapauds ne sont pas sortis pour effectuer leur migration.»

Un crapaud peut pondre jusqu’à 5 000 œufs. Mais seulement un seul arrivera à atteindre l’âge adulte.

Si ces sauvetages sont réalisés en partie par les écoliers du secteur, cette activité n’est en rien réservée aux enfants.

«Nous avons une trentaine de bénévoles qui participent à cette activité. Ils nous aident quand les écoliers ne sont pas là, pendant les vacances scolaires, les jours fériés ou les week-ends. D’ailleurs, nous avons aussi des bénévoles français. Car l’étang traverse à la fois la commune de Saulnes en France et celle de Lasauvage au Luxembourg», note Lukas Musura.

Et les résultats sont déjà là. Un mois seulement après le lancement de la période migratoire des crapauds, les bénévoles et écoliers ont déjà sauvé 200 crapauds. Et la saison ne fait que de commencer…

Quelles différences entre un crapaud et une grenouille?

Contrairement à la grenouille, le crapaud possède des verrues sur son corps. Il rejette également un poison pour se protéger de ses prédateurs. «C’est pour cela qu’il ne faut pas le toucher. Si c’est le cas, il faut absolument se laver les mains par la suite», explique Lukas Masura.

La prudence est donc de mise, avec les enfants ou les animaux domestiques. «Cela peut être très néfaste pour les chiens s’ils en mangent un», précise le technicien. Autre point de différence : la taille de l’amphibien. «Les crapauds sont plus gros. On les reconnaît aussi par leur couleur brunâtre. Enfin, les grenouilles sont plus présentes dans les prairies ou les marais.»