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L’UE se dit pragmatique face à Trump


Ursula von der Leyen a montré hier à Davos que l'Europe cherchait de nouveaux alliés face au président américain. (Photo : afp)

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a affiché hier à Davos sa volonté de coopérer avec de nouveaux alliés, tendant notamment la main à la Chine.

Au lendemain de l’investiture du nouveau président américain, Ursula von der Leyen a décrit une «nouvelle ère» de «rivalités géostratégiques impitoyables». «La course est lancée» et «l’Europe doit passer à la vitesse supérieure», a-t-elle déclaré.

«Nous nous montrerons pragmatiques» vis-à-vis de la nouvelle administration américaine, «mais nous ne renoncerons pas à nos principes» et veillerons à «protéger nos intérêts», a encore déclaré Ursula von der Leyen, qui tenait l’un des discours d’ouverture à la réunion annuelle du Forum économique mondial en Suisse.

Elle n’a pas cité nommément Donald Trump, qui doit intervenir demain en visioconférence à Davos, pas plus que le vice-Premier ministre chinois Ding Xuexiang qui lui a succédé à la tribune. Mais elle a notamment pris la défense de l’accord de Paris sur le climat, qui «demeure le meilleur espoir de l’humanité toute entière». Tout juste de retour à la Maison-Blanche, Donald Trump a enclenché la sortie des États-Unis de cet accord, remettant en péril les efforts mondiaux pour ralentir le réchauffement de la planète (lire également ci-dessous).

En attendant de savoir comment évolue la relation avec Donald Trump, Ursula von der Leyen a annoncé la couleur : «L’Europe continuera à prôner la coopération, pas seulement avec nos amis de longue date (…) mais aussi avec tous les pays avec qui nous avons des intérêts communs.» «Le message que nous adressons au reste du monde est simple : nous sommes prêts à engager un dialogue avec vous si cela peut conduire à des avantages réciproques», a-t-elle encore souligné.

«Le protectionnisme ne mène nulle part»

La présidente de la Commission européenne a en particulier annoncé un voyage en Inde, et assuré que l’UE était prête à «tendre la main» à la Chine et «approfondir» sa relation avec Pékin.

Après Ursula von der Leyen, le chancelier allemand Olaf Scholz a appelé à «défendre le libre-échange», «fondement de prospérité», contre le principe de «l’isolement» commercial.

Ding Xuexiang n’a pas directement répondu aux propositions d’Ursula von der Leyen. Mais dans son discours, il a défendu le multilatéralisme, appelant à «résoudre les disputes et les différends par le dialogue». «Le protectionnisme ne mène nulle part, et il n’y a pas de vainqueur dans les guerres commerciales», a-t-il affirmé.

Des guerres commerciales dans lesquelles Donald Trump a ouvert un nouveau front lundi en promettant des surtaxes «de l’ordre de 25 %» pour les produits mexicains et canadiens, précisant qu’il pensait à une entrée en vigueur au 1er février.

Donald Trump avait envisagé pendant la campagne d’appliquer aux Chinois des droits de douane de 60 %, voire davantage. Il a toutefois dit lundi qu’il n’était pas «encore prêt» à prendre de telles dispositions et qu’il échangerait avec le président chinois Xi Jinping.

Les relations commerciales sont aussi tendues entre l’UE et la Chine, la dernière emblématique ayant été l’an dernier l’imposition par Bruxelles de surtaxes sur les voitures fabriquées en Chine.

Quelle paix en Ukraine ?

Si l’Europe et la Chine sont parmi ceux qui ont le plus à perdre face à la politique isolationniste proclamée par Trump, son positionnement sur la scène internationale aura aussi un impact important pour l’Ukraine qui s’approche de trois ans de guerre avec la Russie.

Alors que Washington fournit un soutien militaire et économique vital à Kiev, Donald Trump a critiqué cette aide et promis de résoudre rapidement le conflit. Mais le gouvernement ukrainien craint d’être forcé à des concessions majeures.

«Nous avons besoin d’une politique européenne de sécurité et de défense unie», a martelé le président ukrainien Volodymyr Zelensky à Davos hier, affirmant que «l’Europe doit savoir se défendre seule» et tout en qualifiant les États-Unis d’«allié indispensable».

Interrogé en marge du forum par des journalistes, Volodymyr Zelensky a affirmé par l’intermédiaire d’un interprète que Kiev et Washington travaillaient à une réunion avec Donald Trump, mais «pour l’instant nous n’avons pas de date».

Le Canada prêt à «riposter»

Le Canada «ripostera» fermement et rapidement si les États-Unis imposent des droits de douane de 25 % le 1er février, comme l’a annoncé Donald Trump lundi après son investiture, a indiqué hier le Premier ministre Justin Trudeau.

«Tout est sur la table et je soutiens le principe de droits de douane équivalents au dollar près», a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse. «Nous sommes prêts à faire face à tous les scénarios» et «nous protégerons nos intérêts nationaux», a indiqué le Premier ministre, qui a présenté sa démission début janvier, mais dont le remplaçant ne sera connu que le 9 mars prochain. Il a toutefois précisé qu’il espérait toujours convaincre l’administration Trump de ne pas imposer de droits de douane. «C’est un moment crucial pour le Canada et les Canadiens», a-t-il estimé.

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