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Le mari violait son ancienne épouse pendant qu’elle dormait


«Elle n’avait pas souvent envie d’avoir des rapports sexuels, il fallait la pousser un peu», avait tenté de se justifier le prévenu. (photo Sophie Kieffer)

Douze ans durant, Delmar aurait abusé de son ancienne épouse pour assouvir ses envies irrépressibles de sexe. Brisée émotionnellement, la victime serait incapable de reconstruire sa vie.

Interrompu le 5 décembre dernier pour permettre à la victime de s’adjoindre les services d’un avocat pour représenter correctement ses intérêts, le procès de Delmar a repris vendredi matin face à la 13e chambre criminelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg.

Ce Portugais de 42 ans est accusé d’avoir, entre 2008 et 2020, régulièrement abusé sexuellement de son épouse de 39 ans, passant outre ses refus en usant de violences légères ou en l’assaillant pendant son sommeil. Il est également accusé d’attentats à la pudeur.

«Elle n’avait pas souvent envie d’avoir des rapports sexuels, il fallait la pousser un peu», avait tenté de se justifier le prévenu en décembre dernier affirmant «qu’elle me provoquait quand je rentrais du travail et après elle n’avait plus envie.»

Delmar reconnaît ce dont il est accusé, sauf d’avoir été violent envers son épouse. «Je ne lui ai jamais fait de mal.» Le prévenu aurait été en demande de rapports sexuels quotidiens, selon un enquêteur. Ses besoins pas encore assouvis, il revenait à la charge. «Il nous a dit que l’envie d’elle était trop forte», a précisé le policier.

Vendredi matin, Me Says a réclamé un montant de 150 000 euros pour sa cliente à titre de préjudice moral et matériel, arguant qu’elle souffrait d’un syndrome dépressif sévère et de troubles psychosomatiques qui l’empêchaient d’occuper une activité professionnelle. «À 39 ans, elle perçoit une pension d’invalidité. Elle est marquée par les agissements du prévenu. Elle n’était pas dans cet état avant», a noté l’avocat.

Le représentant du parquet est d’un avis contraire. «L’expert psychiatre conclut dans son rapport que la dépression dont souffre la victime trouve son origine dans son enfance. Les abus sexuels n’ont fait qu’aggraver son état, mais ils n’en sont pas à l’origine», a-t-il répliqué à Me Says dans son réquisitoire. «Je ne peux pas apporter la preuve de la circonstance aggravante que les faits ont entraîné une maladie et une incapacité de travail permanente.»

«Ni l’initiateur, ni la cause»

Le magistrat reconnaît cependant la circonstance aggravante que les viols et les attouchements sexuels ont été commis par le conjoint de la victime. «Il a usé de deux modes opératoires différents. Il l’assaillait pendant qu’elle dormait ou qu’elle se trouvait sous l’influence de médicaments – parce qu’elle était déjà dépressive – et il employait la force pour imposer son désir quand elle essayait de lui résister», a-t-il résumé avant de décrire un homme qui aurait exercé une mainmise totale sur son ancienne épouse. «Il passait outre son consentement pour lui imposer sa forte sexualité qu’il ne parvenait pas à réprimer.»

Pire, selon lui, Delmar n’aurait absolument pas pris conscience de la gravité de ses actes, ni travaillé sur lui. Le magistrat cite le prévenu qui aurait indiqué au juge d’instruction que la victime était responsable de la situation actuelle et que si leurs relations conjugales ne lui avaient pas plu, elle aurait dû quitter le domicile.

«Il n’essayera pas de s’améliorer.» Au vu de ce constat pessimiste, de la multiplicité des faits ainsi que des conséquences des abus sur la victime, le substitut du procureur a requis à l’encontre du mari une peine de 8 ans de prison, assortie du sursis probatoire partiel.

Peine immédiatement contestée par la partie adverse. L’avocate de Delmar a prié la chambre criminelle de lui accorder un sursis intégral. Le prévenu conteste la fréquence des abus sexuels dont il est accusé ainsi que d’avoir fait usage de violence – même légère – pour arriver à ses fins. De même que d’être responsable de la dégradation de l’état mental de son ex-épouse.

«Il reconnait l’avoir obligée une dizaine de fois seulement à avoir des rapports sexuels forcés», mais pas plusieurs fois par semaine ou par mois comme la victime l’affirme.

Aucune preuve matérielle ne permet de le prouver. De plus, la victime «a toujours eu une santé fragile» et Delmar ne serait «ni l’initiateur, ni la cause» de ses problèmes. Depuis les faits, il aurait pris conscience que «son comportement était injustifiable» et suivrait une thérapie «pour changer».

Le prononcé est fixé au 12 février prochain.