Des millions de chrétiens célèbrent mercredi Noël, une fête encore assombrie cette année par les guerres dans la bande de Gaza, en Ukraine et dans de nombreuses autres régions du monde.
Au Vatican, le pape François devrait renouveler ses appels à la paix au Proche-Orient et ailleurs lors de sa traditionnelle bénédiction « Urbi et Orbi » (« A la ville et au monde ») à 11h.
La veille, il avait ouvert « l’Année sainte » 2025 de l’Église catholique, grand pèlerinage international pour lequel plus de 30 millions de fidèles du monde entier sont attendus à Rome. Il a ensuite présidé la messe de Minuit, au cours de laquelle il a invité les fidèles à penser « aux guerres, aux enfants mitraillés, aux bombes sur les écoles ou les hôpitaux », une allusion aux frappes israéliennes sur Gaza dont il avait dénoncé cette semaine la « cruauté », suscitant les protestations de la diplomatie israélienne.
En France, la cathédrale Notre-Dame de Paris accueille mercredi à partir de 07h30 plusieurs messes de Noël, après la messe de Minuit la veille au soir. Depuis l’incendie qui l’a dévastée le 15 avril 2019, la cathédrale n’avait plus accueilli ces messes de la Nativité célébrant, pour les chrétiens, la naissance de Jésus.
« Je suis tellement heureux de revenir ici, c’est tellement magique », a dit Daniel James, steward américain de 46 ans venu de Seattle pour assister à la messe de Minuit.
L’Ukraine, qui pour la deuxième année consécutive célèbre Noël le 25 décembre, comme en Occident, et non plus le 7 janvier comme dans le calendrier julien suivi par l’Église orthodoxe russe, s’est réveillée mercredi matin sous une pluie de missiles.
Une alerte aérienne a été déclarée dans tout le pays mercredi à l’aube, alors que des missiles russes s’abattaient sur la grande ville de Kharkiv et sur de nombreuses infrastructures énergétiques.
Nuit de Noël morose également dans la ville palestinienne de Bethléem, berceau du christianisme, où quelques centaines de fidèles se sont rassemblés dans et autour de l’Église de la Nativité.
Un « Noël aux relents de mort »
Bethléem « limite » sa joie pendant les fêtes de Noël, explique Anton Salman, le maire de cette ville de Cisjordanie occupée, située à une dizaine de kilomètres seulement de Jérusalem, de l’autre côté du mur de séparation érigé par Israël.
Un grand sapin se dresse normalement pour Noël sur la place de la Mangeoire attenante, mais comme l’an dernier, les autorités locales ont décidé de ne pas organiser de grandes célébrations.
La ville s’est animée en début d’après-midi avec un défilé de scouts, dont certains portaient des pancartes avec des messages tels que « Arrêtez le génocide à Gaza maintenant » et « Nos enfants veulent jouer et rire ».
Derrière eux, le patriarche latin de Jérusalem, Pierbattista Pizzaballa, revenu de Gaza pour présider la messe de Minuit.
« Je veux remercier nos chers frères et sœurs à Gaza, à qui je viens de rendre visite », clame-t-il, dans son homélie en anglais. « Ils sont un vrai signe d’espoir au milieu du désastre et de la destruction totale qui les entourent ».
« Pour la deuxième année, c’est un triste Noël pour vous aussi », poursuit le patriarche. « Mais l’année prochaine, le Noël à Bethléem sera plein de sapins, de vie et de pèlerins ».
« Ce que l’on traverse est très difficile et on ne peut pas en faire complètement abstraction », déplore Hisham Makhoul, habitant de Jérusalem présent à Bethléem, évoquant « une échappatoire » temporaire.
Dans le petit territoire palestinien ravagé, des centaines de chrétiens se sont réunis dans l’église de la Sainte-Famille, dans la ville de Gaza (nord) pour la messe de la nuit de Noël.
« Ce Noël a des relents de mort et de destruction », témoigne George Al-Sayegh, qui a trouvé refuge pendant des semaines, pour échapper aux bombes, dans l’église grecque orthodoxe Saint-Porphyre.
« Il n’y a aucune joie, aucun esprit de fête. On ne sait même pas si on survivra jusqu’au prochain Noël. »
« Ombre »
En s’adressant mardi aux chrétiens, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu s’est engagé à lutter contre les « forces du mal ».
« Vous vous êtes tenus à nos côtés avec résilience, constance et force alors qu’Israël défend notre civilisation contre la barbarie », a ajouté M. Netanyahu, dont le pays se bat sur plusieurs fronts depuis le début de la guerre dans la bande de Gaza.
En Allemagne, le chef de l’État Frank-Walter Steinmeier a appelé dans ses vœux de Noël à l’unité et la cohésion, en évoquant « l’ombre » jetée sur les fêtes de fin d’année par l’attaque à la voiture-bélier qui a fait cinq morts et plus de 200 blessés vendredi sur le marché de Noël de Magdebourg, dans le nord-est du pays.
En Syrie, où le président Bachar al-Assad a été renversé le 8 décembre, les nouvelles autorités dominées par les islamistes se sont employées à rassurer les chrétiens dans un pays à majorité sunnite.
« Ce n’était pas évident de se réunir dans les circonstances actuelles et de prier dans la joie, mais grâce à Dieu, on l’a fait », soupire Sarah auprès de l’AFP, qui assiste à la messe dans la cathédrale syriaque orthodoxe de Saint-Georges, à Damas.
Ailleurs, le réveillon a aussi livré ses moments de réconfort.
Aux États-Unis, la tradition annuelle de traquer le Père Noël s’est mise en place. Pour les petits comme les plus grands, il est possible de suivre en temps réel sa grande traversée sur un site internet dédié.
Comme politique et esprit de Noël font généralement bon ménage, le général de l’armée de l’air Gregory Guillot a tenu à rassurer la population marquée par des survols de drones qui ont semé la panique récemment sur la côte est américaine.
« Je n’anticipe aucune difficulté avec ces drones pour le Père Noël cette année », a-t-il plaisanté sur Fox News.