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Moment d’histoire

Bachar al-Assad a fui. Il n’a fallu que quelques jours pour qu’une coalition hétéroclite de rebelles, menée par un groupe islamiste, conquière les grandes villes encore sous le contrôle du tyran. Puis est venue l’offensive de Damas, qui est tombée en quelques heures.

Bachar al-Assad, lui, était dans un avion à destination de Moscou alors que la capitale n’était pas encore tombée. La guerre civile syrienne est-elle terminée? Il est bien trop tôt pour l’affirmer, car la situation dans ce pays anéanti par les combats reste complexe.

Les Kurdes soutenus par Washington dans le Nord, le groupe islamiste qui a «libéré» Damas soutenu par la Turquie, des forces «régulières» qui contrôlent encore une partie du pays, l’État islamique en embuscade qui lui aussi maintient férocement son emprise sur certaines régions, une armée syrienne libre qui contrôle également des pans entiers du territoire… La liste des protagonistes est longue.

Ajoutez à cela la mosaïque de religions et de communautés qui constituent le pays, histoire de complexifier la situation. Les armes risquent de ne pas se taire tout de suite. Mais une chose ressort de cet événement historique pour la région : la fuite de Bachar al-Assad est une défaite pour l’Iran et pour la Russie. Une défaite cuisante, car la situation a basculé en quelques jours seulement…

La dictature de Bachar al-Assad tenait grâce à ses deux alliés qui n’ont pas hésité à participer aux actions de combat contre les mouvements de résistance qui se sont organisés lors du Printemps arabe. Plus d’un demi-million de personnes ont été tuées dans ce conflit commencé en 2011.

Les troupes du boucher de Damas, mais aussi l’armée russe ainsi que les milices pro-iraniennes, le Hezbollah, les conseillers des gardiens de la révolution et des mercenaires ont martyrisé la population civile… On pensait la situation figée, elle a violemment évolué.

Ni Moscou ni Téhéran ne semblent avoir pu réagir à temps. Ont-ils seulement voulu? Leurs autres guerres ont-elles rendu impossible une aide à Bachar et à son régime?

Aujourd’hui, quel destin attend la Syrie et les Syriens? Nul ne le sait encore et les célébrations d’hier ne sont qu’un intermède avant un défi plus grand.