BGL LIGUE Alors que les joueurs veulent garder l’affaire de leur grève dans les limites du raisonnable, dans l’espoir de trouver une issue favorable, et que le club se conforme à un silence radio, le pays s’enflamme.
C’est le séisme annoncé. Les joueurs du Swift ont refusé de jouer pour «salaires impayés», dimanche, contre Mondorf, une première dans ce siècle et surtout en BGL Ligue, et cela a eu des répercussions vertigineuses, dont la plus immédiate, politique : une question parlementaire signée Marc Baum, adressée au ministre des Sports, Georges Mischo.
«Selon le droit commun, le non-paiement d’une ou de plusieurs mensualités de salaire est à considérer comme faute grave dans le chef de l’employeur. Dans ces cas, les salariés concernés peuvent déposer une plainte auprès de l’Inspection du travail et des mines (ITM)», indique le député déi Lénk, qui désire bien évidemment savoir si l’ITM est au courant, si les joueurs l’ont saisie ou si elle s’est autosaisie du dossier.
«Si on reste solidaires, peut-être que…»
Pendant ce temps, au Holleschbierg, c’est silence radio. Total. Impossible de joindre qui que ce soit, qu’on cherche à parler au sponsor ou au président. Ce dernier était au stade selon nos informations, mais y a passé la journée le téléphone… éteint.
En l’absence de séance programmée dans la journée, il semblerait bien que le Swift se soit attelé à perdre une journée dans le solutionnement de ses problèmes, même s’il est peu probable que les décideurs soient restés inactifs.
Les joueurs, en tout cas, ont l’air pour leur part décidés à aller au bout de leur logique de confrontation. Hors de question pour eux de désigner un porte-parole pour éviter qu’il soit pris à partie, comme cela a déjà été le cas par le passé (on se souvient notamment des mises à l’écart temporaires de Dominik Stolz et Clément Couturier, en début d’année, après une grève lors du dernier match amical de la reprise de février).
L’idée, ferme mais ouverte au dialogue, exprimée par l’un des joueurs, tient en ces mots : «Le but n’est pas de faire un scandale dans la presse, mais d’être entendus et compris par le club. Nous n’avons aucun retour pour le moment (NDLR : cette prise de position est survenue en fin de matinée, ce lundi), mais si on reste solidaires, peut-être que cela fonctionnera. Au moins, ils comprendront qu’on a atteint une limite.»
Comme les poussins de Wormeldange
Il y a urgence. Dans cinq jours, le Swift a un match extraordinairement compliqué à jouer sur la pelouse du Progrès Niederkorn. En se retrouvant d’ores et déjà repoussé à onze points du leader differdangeois, Hesperange sait que le titre est perdu et que c’est un club qu’il lui reste à sauver tout autant que l’idée qu’il ne faussera pas cette saison.
La fédération aussi s’est réveillée un peu sonnée par l’information. Pour éviter toute spéculation, son secrétaire général, Joël Wolff, s’est borné à se conformer aux textes, indiquant qu’en l’état, «l’affaire Swift» ne sera pas traitée différemment d’un «forfait des poussins de Wormeldange». Elle filera jeudi au tribunal fédéral.
Et jusque-là, tout le monde priera pour que la situation se normalise avec un accord entre la direction et ses joueurs, qui éviterait d’envenimer encore un peu plus les choses. Ce sera difficile : vu l’émoi suscité par cette grève, la saison 2024/2025 tout entière va se retrouver polluée. Il y aura un avant et un après 1er décembre 2024 et il semble évident que l’on en discutera pendant des mois.
D’ailleurs, à Mondercange, on ne cache plus que l’on travaillait déjà en sous-main, depuis des semaines, à faire en sorte qu’il y ait des conséquences au fait de ne pas obtenir sa licence UEFA, comme cela arrive de plus en plus souvent à de plus en plus de clubs. Cet événement majeur ne peut qu’inciter tous les acteurs du football grand-ducal à prendre leurs responsabilités.