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Affaire Pelicot : les réquisitoires commencent


(Photo : AFP)

Après 11 semaines d’audiences, le procès en France des viols en série de Mazan entre lundi dans sa dernière ligne droite avec les réquisitoires du parquet, en commençant par Dominique Pelicot, ce septuagénaire accusé d’avoir drogué, violé et fait violer son épouse pendant dix ans.

Les peines que va réclamer le ministère public seront scrutées, tant ce procès est devenu un symbole mondial de la lutte contre les violences faites aux femmes – dont la journée internationale est, hasard du calendrier, marquée lundi. Et tant la victime principale, Gisèle Pelicot, 71 ans, a accédé au statut d’icône féministe après avoir refusé que le procès se déroule à huis clos, « pour que la honte change de camp ».

Couvert en quasi-mondovision, avec 138 médias accrédités dont 57 étrangers, le procès a un écho bien au-delà des frontières françaises. Comme en a encore témoigné jeudi la présidente de la chambre des députés chilienne, Karol Cariola, saluant « le courage et la dignité » de Gisèle Pelicot, « une citoyenne ordinaire qui a donné une leçon au monde entier ».

La veille, c’est la ministre de l’Intérieur allemande, Nancy Faeser, qui appelait à entendre « le message » de Gisèle Pelicot.

Lundi, devant les magistrats professionnels composant la cour criminelle de Vaucluse à Avignon (sud de la France), les réquisitoires débuteront par le « chef d’orchestre » de cette décennie de viols.

Dominique Pelicot, dénominateur commun des 50 coaccusés recrutés sur internet à qui il avait livré sa désormais ex-épouse, préalablement sédatée aux anxiolytiques, à leur domicile conjugal de Mazan (sud) entre juillet 2011 et octobre 2020.

Difficile d’imaginer que la parquet ne réclame pas contre lui la peine maximale, 20 ans de réclusion criminelle, de laquelle dépendront toutes les autres.

Dominique Pelicot n’a jamais caché sa responsabilité, se qualifiant lui-même de « violeur ». « Je suis coupable de ce que j’ai fait (…) Je dois payer », a-t-il reconnu peu après le début de son procès.

Mais quelles peines le ministère public réclamera-t-il contre ses 50 coaccusés? Car même si la plupart sont poursuivis pour les mêmes faits, à savoir viols aggravés sur Gisèle Pelicot, et risquent donc également 20 ans de prison, l’individualisation des peines est obligatoire. Par exemple pour distinguer les récidivistes – au nombre de dix – de ceux venus une seule fois à Mazan.

« Monsieur-tout-le-monde »

Ces « Monsieur-tout-le-monde », âgés de 26 à 74 ans, pouvaient-ils légitimement croire qu’ils participaient au scenario d’un couple libertin, où l’épouse ferait semblant de dormir, comme la plupart l’ont affirmé à la barre?

Ont-ils été « manipulés » par Dominique Pelicot, comme beaucoup l’avancent?

Ou leur discernement était-il altéré au moment des faits, comme l’ont encore suggéré les avocats de 33 d’entre eux mercredi, même si aucun des psychologues ou psychiatres qui les ont examinés n’a retenu ce point?

Enfin, le parquet aura-t-il la main plus lourde envers les 35 accusés qui, à l’ouverture du procès, ont encore fermement nié avoir participé à un « viol », en dépit des vidéos accablantes filmées par Dominique Pelicot?

Les réquisitions sont est prévues sur trois jours. Selon les informations recueillies auprès des différentes parties par l’AFP, elles pourraient s’achever mercredi en fin de matinée.

Après le réquisitoire, la parole sera aux avocats de la défense. L’avocate de Dominique Pelicot, Béatrice Zavarro, ouvrira le bal. Ses confrères se succèderont ensuite jusqu’au 13 décembre.

Restera alors une semaine à la cour pour délibérer, pour un verdict attendu le 20 décembre au plus tard.