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Série de vols à Remich durant l’été 2022 : l’auteur présumé n’assume pas


L'avocate de Mailoud prétend que son frère a pu commettre une partie des faits reprochés à son client. (Photo archiveslq)

Mailoud a la mémoire qui flanche à cause de la drogue. La seule chose dont il se souvient, c’est qu’il n’a pas pu commettre les vols et les cambriolages dont il est accusé.

Je ne me souviens pas», «ce n’est pas moi qui ai volé», «si mon ADN a été trouvé sur les lieux, il se peut que ce soit moi», «je ne vole pas les gens en rue», «je n’ai jamais vu le témoin de ma vie»… À l’entendre, Mailoud n’a commis aucun des très nombreux vols – dont certains avec violences – qui lui sont reprochés durant l’été 2022 à Remich et à Luxembourg. «C’est impossible!», au même titre que sa condamnation en février 2023 pour vol avec violences.

Pourtant les preuves de sa culpabilité sont nombreuses : photographies, images de vidéosurveillance, une identification par son propre frère ainsi que son ADN trouvé sur les différents lieux de ses présumés forfaits. La seule infraction qu’il admet, sans doute la moins grave, est le vol de la toile de protection d’un parasol sur la terrasse d’un café. «Il faisait froid. Je vivais dans la rue et je l’ai utilisé pour me couvrir», a-t-il indiqué hier matin à la barre de la 18e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg.

Confronté à ce qui apparaît comme des évidences, le prévenu se retranche derrière sa forte consommation de drogues à l’époque ou derrière sa ressemblance avec son frère Anouar, également connu des forces de police pour des faits similaires. «Ils se ressemblent énormément. Même la police a identifié son frère» sur deux infractions de vol, dont une a eu lieu au restaurant Dean & David à Luxembourg, a pointé son avocate, Me El Handouz, qui a demandé l’acquittement de Mailoud pour ces deux infractions.

«Un homme a surgi d’un buisson et m’a attaqué»

Elle a également plaidé en faveur de son acquittement pour les deux vols avec violences qui lui sont reprochés en avançant l’absence de preuves directes reliant le jeune homme de 33 ans aux faits. «Il ne peut pas être la seule personne d’origine arabe à avoir commis des vols dans la région à ce moment-là», a-t-elle tenté. Le 15 juillet 2022, il aurait arraché le collier d’une dame âgée de 85 ans qui jardinait devant chez elle à Remich avant de cambrioler dans les heures qui ont suivi la maison de son voisin parti en vacances.

Il est également soupçonné, le week-end suivant, d’avoir attaqué Thomas pour lui voler sa montre de luxe en sortant du commissariat où il avait été traîné par Nicolas qui l’accusait de lui avoir volé son vélo la veille. «C’était le jour de l’Ironman, je rentrais chez moi en passant derrière la piscine. Un homme a surgi d’un buisson et m’a attaqué», a raconté le témoin hier. «Je me demande s’il m’avait suivi ou si l’opportunité a fait le larron.» Il est plaqué au sol par le voleur, qui l’immobilise en plaçant ses deux genoux sur sa cage thoracique. La victime, toujours très choquée, n’est pas parvenue à identifier formellement Mailoud comme étant son agresseur.

Deux vols avec violences

Nicolas, si. Il a eu plus le temps de le regarder. «J’étais organisateur de l’Ironman. Le hasard a voulu qu’un de mes collaborateurs m’envoie une photographie du prévenu circulant sur mon vélo dans Remich», explique le témoin qui sortait du commissariat où il était allé déclarer le vol quand il a croisé la route de Mailoud. «Je l’ai poursuivi en courant pour le rattraper et l’emmener au poste de police.» Le jeune homme a conduit les agents au vélo qu’il avait caché dans l’arrière-cour d’une maison inoccupée au 54, de la rue de Macher. Juste derrière la piscine. Le prévenu a juré avoir acheté le vélo pour 100 euros. «Ce n’est pas un vol, mais tout au plus du recel», a précisé son avocate pour sa défense.

Ce faisant, Mailoud a amené les policiers dans ce qui semblait être son repaire. Il a été perquisitionné après le vol de la montre. De nombreux objets issus d’autres cambriolages ou vols ont été retrouvés dans ce squat. De même que l’ADN du prévenu, qui ne veut rien savoir et ne cesse de répéter qu’il était toxicomane à l’époque des vols et qu’il ne se souvient pas de tout ce qu’il a fait, mais qu’il n’a sûrement pas fait ce qui lui est reproché. Une défense qui a de quoi énerver la présidente : «Quelqu’un d’à ce point sous influence de drogues n’a pas la présence d’esprit d’arracher les câbles de la vidéosurveillance avant de cambrioler un restaurant.»

La représentante du ministère public a estimé, quant à elle, que le prévenu était bien l’auteur des quatre vols avec effraction, des quatre vols simples et des deux vols avec violences. Elle a requis une peine de 42 mois de prison à son encontre ainsi qu’une amende appropriée. Une peine un peu trop longue au goût de Me El Handouz qui a prié le tribunal de ne pas le condamner à une peine excédant les 24 mois ferme déjà purgés dans une autre affaire, de lui permettre d’accéder à un sursis et de ne pas prononcer de peine d’amende étant donné son absence de revenus.

Le prononcé est fixé au 12 novembre.