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Le secteur de la santé à la peine, la psychiatrie en tête


En tête des professions les plus touchées par la pénurie de personnel : les infirmiers psychiatriques. (Photo d’illustration : fabrizio pizzolante)

Une enquête auprès d’acteurs de la santé au Luxembourg montre à quel point le manque de main-d’œuvre qualifiée pèse sur le secteur, en particulier la psychiatrie.

Une enquête sur la pénurie de personnel dans le secteur de la santé, menée en juin par Muller Healthcare Consulting auprès de 43 représentants d’établissements de soins au Luxembourg, montre que les hôpitaux sont gravement affectés et que c’est en psychiatrie, pédiatrie et médecine générale qu’on manque le plus de bras. 

Près de la moitié (48 %) des prestataires de soins interrogés (hôpitaux, maisons de soins, réseaux de soins ambulatoires, etc.) se déclarent gravement, voire très gravement, affectés par la pénurie de personnel qualifié. Et parmi eux, les hôpitaux ont tendance à être plus concernés que les acteurs du secteur Copas – aide et soins aux personnes âgées, malades, souffrant de troubles mentaux ou en situation de handicap, à domicile ou en institution. Plutôt surprenant, estime le cabinet de consultance dans son communiqué, vu que la convention collective de la Fédération des hôpitaux luxembourgeois est plus attractive que celle de la Copas. Ceci dit, les hôpitaux recherchent souvent des ressources aux profils plus pointus (médecins ou infirmiers spécialisés), et donc plus difficiles à recruter.

Dans le détail, les professionnels spécialisés en psychiatrie et en pédiatrie sont les plus recherchés aujourd’hui, ainsi que les médecins et infirmiers généralistes. La profession d’infirmier psychiatrique est la plus fréquemment citée comme manquante au sein de l’établissement, suivie de l’infirmier, l’infirmier pédiatrique et l’aide-soignant. À noter que les professions infirmières à orientation technique, en chirurgie par exemple, radiologie ou anesthésie, sont moins concernées par cette pénurie. Des profils majoritairement requis dans le secteur hospitalier, qui dispose d’un équipement très moderne et de seuils de rémunération plus attractifs.

Les métiers moins payés manquent de candidats

D’ailleurs, le cabinet de consultance établit clairement un lien entre le niveau des honoraires pratiqués dans les différentes disciplines et l’ampleur de la pénurie de personnel à laquelle celles-ci sont confrontées : les métiers aux honoraires les plus bas sont aussi ceux qui manquent de candidats. C’est le cas de la psychiatrie par exemple, alors qu’en radiologie, où les honoraires sont les plus élevés, relève l’enquête, la pénurie de main-d’œuvre est moindre.

Pour tenter de faire face, alors que le nombre de formations reste faible sur le territoire, le recours au recrutement de personnel qualifié à l’étranger est clairement établi pour la majorité des prestataires de soins interrogés (88 %). Les professionnels plaident au passage pour le renforcement de l’offre nationale de formation en matière de santé.

Le document de 20 pages conclut que le secteur de la santé au Grand-Duché continue d’attirer des travailleurs de l’étranger, grâce à des infrastructures modernes, des salaires attractifs et des tableaux d’effectifs bien remplis. Cependant, c’est aussi là son talon d’Achille, puisque le système se retrouve fortement dépendant de ces professionnels étrangers, et que «des signes inquiétants apparaissent en raison de la demande croissante de services de santé», alerte l’étude.

Les principales mesures que les hôpitaux souhaitent voir mises en place sont : accélérer la numérisation des services de santé; revoir les mécanismes de financement (celui des hôpitaux, le système des honoraires) afin de promouvoir la médecine ambulatoire et de rendre certaines disciplines plus attrayantes; renforcer l’image du secteur et de ses professions; et enfin, investir davantage dans l’éducation à la santé et la prévention.

Un commentaire

  1. Toutes ces initiatives sont inutiles parce que la vraie raison de la pénurie se trouve dans l’usage des langues requises des médecins recherchés : quel étranger saura parler luxembourgeois et allemand en plus du français et/ou anglais ??? L’administration bloque l’accès des étrangers au secteur médical au lieu de les accueillir et de les former en langue luxembourgeoise ou allemande.

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