Depuis plus de 20 ans, les maîtres-chiens de l’équipe cynotechnique du CGDIS interviennent dans la recherche de personnes égarées ou lors d’un accident.
Ce matin-là, sous le pont de l’A13 près d’Aspelt, les maîtres-chiens du groupe cynotechnique du Corps grand-ducal d’incendie et de secours (CGDIS) s’entraînent depuis quelques heures déjà. Ici, deux groupes ont été définis. L’un dans la zone des décombres et l’autre dans la recherche de victimes. Au rythme de plusieurs exercices, les pompiers, tous volontaires, apprennent à leurs animaux les mouvements et comportements qu’ils devront avoir lors de leurs missions.
Le maître et son chien : une relation particulière
Une formation pas toujours évidente qui dure en moyenne deux ans et demi et peut aller jusqu’à trois ans. Durant ce parcours de formation et tout au long de leur carrière, les chiens pompiers apprennent les règles de base pour retrouver une personne égarée. Et cela commence toujours par un jeu. «C’est de cette façon qu’on leur fait découvrir le fondement de leur travail, avec des jouets et des récompenses», explique Marc Sowa, chef de groupe de l’équipe cynotechnique du CGDIS.
On est souvent la dernière cartouche
De nuit, en journée, dans des cours d’eau, dans une forêt, un terrain vague ou des décombres, les chiens doivent savoir s’adapter à n’importe quel environnement. «Nous nous entraînons dans plusieurs endroits du pays pour justement leur apprendre cette diversité», précise Marc Sowa. Et chaque chien a aussi sa spécialité. Ici, il y en a trois types : la quête, les décombres et le pistage. «Aujourd’hui, nous avons uniquement des chiens de recherche et de décombres. Pour le pistage, nous avons quatre chiens en formation. Car cette dernière est plus difficile et prend plus de temps», assure Catherine Lux, cheffe adjointe du groupe cynotechnique. Lors de ses missions, le chien va utiliser un sens qui lui est bien spécifique et exceptionnel : son flair.
Selon le type d’intervention, il pourra capter l’odeur d’une personne vivante ensevelie à plusieurs mètres de profondeur ou – par le biais d’une odeur de référence – essayer de retrouver une personne disparue. «Ça, c’est ce que l’on appelle le pistage. On va faire renifler au chien un objet qui a appartenu à la personne égarée. Par exemple, cela peut être une brosse à dents ou une chaussette. Il fera ensuite le chemin que la victime a réalisé juste avant sa disparition. Il essaiera par cette méthode de retrouver sa trace», détaille le chef de groupe.
Vingt interventions par an
L’équipe cynotechnique, qui compte vingt-cinq personnes, dix chiens opérationnels et huit en formation, intervient une vingtaine de fois par an dans le cadre d’enquêtes, et ce, dans l’ensemble du Luxembourg. Accidents, disparitions, tentatives de suicide, personnes en fuite d’une maison de retraite ou de soins, les missions sont nombreuses. Pourtant, les maîtres-chiens pompiers restent peu sollicités. «La police et le parquet font leur enquête dans un premier temps. Puis, ils nous appellent. C’est vrai que l’on est souvent la dernière cartouche. C’est dommage, car les chiens sont très efficaces. On arrive en moyenne à retrouver deux personnes par an grâce à cette méthode», appuie Marc Sowa.
Et parfois, lors de ces interventions, les maîtres-chiens pompiers font face à de belles histoires. Comme ce fut le cas en novembre dernier. L’équipe cynotechnique du CGDIS est sollicitée dans le cadre de la disparition d’un homme dans un village. Grâce à la méthode de recherche, les chiens réussissent à retrouver le disparu en seulement 20 minutes. «Il était en parfaite santé et cela n’aurait pas forcément été le cas au bout de quelques heures», se réjouit le sapeur-pompier et chef de groupe.
Alors, pour lui, le chien reste un allié fondamental dans le cadre d’une enquête de disparition. «Pour l’instant, il n’y a pas de technologie qui remplace le chien. Il est donc encore indispensable.»
Des maîtres-chiens bientôt à l’étranger ?
L’équipe cynotechnique du CGDIS a été créée en 1995 et appartenait jusqu’en 2018 à l’administration des Services de secours. «En voyant les multiples catastrophes naturelles, l’ancien chef de groupe a, lui aussi, voulu agir», explique Marc Sowa. Pendant plusieurs années, les membres du groupe sont intervenus dans le cadre de missions humanitaires exceptionnelles, comme les tremblements de terre en Algérie (2003) ou au nord du Maroc (en février 2004).
Mais ces missions ne sont plus à l’ordre du jour depuis un certain temps. «Ce n’était plus la priorité du chef de service. Partir avec ses chiens à l’étranger demande beaucoup d’organisation et du personnel qui souhaite se confronter à des situations difficiles.» Marc Sowa n’exclut toutefois pas, dans les prochaines années, de réinvestir ces projets. «Pour l’instant, nous intervenons uniquement au Luxembourg et en zone transfrontalière, mais nous faisons parfois des stages en France pour essayer d’avoir le même brevet et la même équivalence qu’eux, dans le but aussi de retourner à l’étranger dans quelques années.»