La convention Anime Focal a fait un carton ce week-end à Luxexpo, réunissant tout ce que la Grande Région compte de cosplayeurs, artistes et fans de culture japonaise.
En se baladant au Kirchberg ce week-end, impossible de manquer la troisième édition de l’Anime Focal, alors que des centaines de cosplayers, plus réalistes les uns que les autres, arpentaient les rues tout autour de Luxexpo. La convention dédiée à l’univers manga et la culture japonaise a attiré beaucoup plus de fans que les années précédentes : couples, familles et groupes d’amis se sont pressés durant deux jours dans des allées pleines à craquer, pour découvrir les dernières nouveautés et s’immerger dans l’univers des jeux vidéo et dessins animés japonais.
À l’image d’Anthony, cosplayer local, dont la silhouette bleue et dorée arnachée d’une longue épée nous intrigue : «Je suis Furina, la déesse de Fontaine, la nouvelle région de Genshin Impact largement inspirée de la France, du Royaume-Uni et de l’Italie», explique-t-il, incollable sur ce jeu de rôle en ligne sorti en 2020.
Le jeune artiste de 28 ans, employé dans un atelier publicitaire au Luxembourg, fabrique lui-même tous ses costumes. Mais il confie avoir fait une entorse pour la convention : «Par manque de temps, j’ai dû me résoudre à acheter celui-ci, car j’avais vraiment envie d’incarner ce personnage», avoue-t-il.
Ceci dit, son arme est faite maison : Anthony l’a façonnée sur son lieu de travail. «J’ai accès à une gamme de machines fantastiques pour le cosplay. Pour la couture, j’imprime mes patrons sur du vinyle collant que j’applique directement sur le tissu pour couper autour. Là, les marques de mon épée et les biseaux de la lame ont été faits avec une machine de découpe professionnelle», raconte-t-il, conscient de sa chance. «Mon chef me soutient beaucoup, c’est une ambiance très créative.»
Coup de cœur du jury lors d’une convention à Metz l’an dernier, il incarne uniquement des personnages dans lesquels il se retrouve. Et sa déesse du jour ne fait pas exception : «Je suis un homme transgenre, donc né femme, et Furina est le tout premier personnage féminin que je m’autorise à faire, après avoir été longtemps en guerre avec ma propre identité», résume-t-il. «Dans le jeu, elle porte un masque et joue un rôle, une histoire qui m’a touché, forcément», décrit le cosplayer, sans rien vouloir dévoiler de la cinématique de fin de quête.
Derrière son stand, Okuzen n’a pas une minute à lui. Ses affiches en noir et blanc à l’effigie des personnages de manga emblématiques s’arrachent. «Il y a beaucoup de monde et ça marche tellement bien que je n’ai pas prévu assez de stock», tique le jeune Français de 19 ans, qui a fait huit heures de train depuis Montpellier pour cette deuxième participation.
Autodidacte, l’illustrateur a commencé le dessin il y a seulement quatre ans, au lycée, avant de se lancer pour de bon, de manière professionnelle, avec une boutique en ligne. «Je viens me faire connaître et partager mon art tout simplement», souffle-t-il, plaçant l’événement luxembourgeois dans son top 5 des meilleures conventions. «La grosse tendance, c’est le manga Jujutsu Kaisen, et bien sûr les indétrônables Naruto et One Piece. J’ai aussi vendu pas mal de Demon Slayer et Dragon Ball.»
30 000 visiteurs sur le week-end
Un engouement du public grand-ducal pour le manga confirmé par Brandon Konrad, président de Suna, seule association de cosplaying, pop making et diorama au Luxembourg. «Ce n’est pas encore aussi fort qu’en France, mais ça monte doucement», observe-t-il. «Nous, on est une quinzaine d’artistes et de cosplayers, réunis depuis deux ans seulement et qui commencent tout juste à former une communauté.»
Et il y a autant de profils différents que de membres : «Moi je suis éducateur dans une maison relais, les autres sont agent de sécurité, vendeur en librairie ou encore institutrice en école primaire», liste ce spécialiste des dioramas, âgé de 30 ans.
De quoi faire le bonheur des collectionneurs, comme Luc, 17 ans, venu de Pétange. Costumé en personnage de Genshin Impact, il termine sa journée avec des sacs de shopping remplis à ras bord. «Je m’étais fixé jusqu’à 400 euros pour aujourd’hui. Je recherche en particulier des objets et accessoires utilisés par certains personnages et créés par des cosplayers. Je viens avec ma liste, je sais exactement ce que je recherche», assure le lycéen.
Alors qu’il revient pour la troisième année, il remarque lui aussi que l’affluence a bondi : «L’organisateur, que je connais bien, m’a confié qu’on approche les 30 000 visiteurs sur le week-end», lâche-t-il. De quoi offrir un nouveau rendez-vous aux fans de la Grande Région en 2025.